Sénégal : une interprofession de la filière anacarde pourrait bientôt voir le jour

Au Sénégal, les acteurs de la filière anacarde réfléchissent à la mise sur pied d’une interprofession nationale. L’information a été annoncée par Mountaga Diallo, coordinateur du Programme de développement intégré de la région de Fatick.

Cette initiative devrait permettre de réunir au sein d’un même creuset, les producteurs, les transformateurs et les commerçants afin d’améliorer la compréhension des contraintes rencontrées par l’ensemble des acteurs.

 « Son rôle sera de porter un plaidoyer auprès des acteurs étatiques et des partenaires stratégiques du développement en vue d’une valorisation du potentiel de cette filière. Le Sénégal exporte sous forme brute l’anacarde, mais l’idéal, serait d’aller vers la transformation pour apporter une valeur ajoutée. », a confié à l’Agence de presse sénégalaise (APS), M. Diallo.

Pour rappel, le Sénégal produit environ 20 000 tonnes de noix de cajou par an, soit moins de 2 % de la production mondiale. La noix est principalement cultivée dans les régions de Ziguinchor, Kolda, Sédhiou et Fatick.

Plus de 31 mille tonnes acheminées à Dakar: Anacarde, la fin des réticences

En attendant une évaluation exhaustive, les acteurs de la filière anacarde ont tiré, samedi à Ziguinchor, un bilan plus que positif de la présente campagne. C’était à l’occasion de l’Assemblée générale des dockers.

Au commencement était la polémique. Une ruée dans les brancards née de la décision du ministre du Commerce d’exporter à Dakar toute la production de la noix d’anacarde de Casamance à partir du port de Ziguinchor. Cette mesure prise, alors que « toutes les conditions n’étaient pas réunies », a fait couler beaucoup d’eau sous les ponts. Certains lobbies tenaient coûte que coûte à ce que l’exportation se fasse, comme il est de coutume, via Banjul ou par la route. Au finish, cette décision du ministre qui permet, désormais, au port de Ziguinchor de « profiter pleinement des activités et du développement économique de la région naturelle de Casamance, en captant les flux commerciaux se développant autour de la filière anacarde », a eu tous les effets escomptés, alors même que la campagne 2017-2018 n’est pas terminée.

« Au début, j’étais très pessimiste. Je me rends compte maintenant qu’il s’agit d’une très bonne mesure », confesse l’opérateur économique Aliou Coly.

En 3 mois et 10 jours d’activités, 31 329 067 tonnes d’anacarde – contre seulement 56 tonnes en 2017 – ont été évacuées pour un montant global estimé à 20 milliards 309 millions 487 200 mille francs Cfa. Selon Ousmane Ka, le chef du Service régional du commerce de Ziguinchor, « les résultats sont plus que positifs ». Cette mesure a permis de disposer de statistiques fiables sur l’anacarde, d’accroitre les recettes douanières et municipales, d’intensifier les flux commerciaux au port de Ziguinchor, mais également de recruter près de 450 dockers. Ces derniers se sont retrouvés en Assemblée générale (Ag) ce samedi, dans la capitale méridionale du pays, non pas pour égrainer un chapelet de doléances, mais pour saluer cette décision et dire toute leur satisfaction.

« La noix était exportée par la route via le port de Banjul (Gambie). Du coup, ce sont des centaines de dockers qui étaient laissés en rade. Cette mesure a fait travailler plus de 450 dockers, au grand bonheur de leurs familles, des femmes qui exercent dans les métiers connexes (restaurants, petits commerces…), des vendeurs de ‘café Touba’, etc. Nous sommes tous d’accord pour soutenir et accompagner cette mesure », a promis Lamine Mané au nom des dockers.

‘’Face aux lobbyistes, il fallait défendre les intérêts de la région’’

Cette mesure a été rendue possible grâce aux efforts conjugués de la Chambre de commerce de Ziguinchor, de l’Anam, du Cosec, de la douane, des forces de sécurité et du Cosama, pour ne citer que ceux-là. Selon Mamadou Moussa Niang, le commandant du port, les résultats obtenus constituent « la victoire de la persévérance ». « Outre le regain d’activités au port, aucun accident, ni avarie n’a été relevé tout au long de cette campagne. Le directeur général du Cosec, qui prenait part à la rencontre, a salué le professionnalisme des dockers et l’engagement de tous les acteurs. C’est une décision salutaire. Face aux lobbyistes, il fallait défendre les intérêts des populations et de la région (…) Au-delà de l’anacarde, il s’agit de faire du port de Ziguinchor un hub logistique sous-régional », a souligné Mamadou Dione.

Cette présente campagne n’est pas encore à son terme. Selon nos informations, il reste encore près de mille tonnes à évacuer.

1500 tonnes d’anacarde expédiées à partir du port de Ziguinchor

Le ministre du Commerce et les acteurs se mouvant dans le business de l’anacarde, à Ziguinchor, s’étaient fixés pour objectif d’expédier de l’anacarde à partir du port de Ziguinchor. Ils viennent de réussir leur pari. Ce, en l’espace de 15 jours. En effet, Alioune Sarr, s’est déplacé, spécialement, ce mardi, au port de Ziguinchor pour constater de visu le chargement de 1500 tonnes d’anacarde dans un bateau de la Cosama. Il n’a pas caché sa satisfaction.

«Nous sommes venus aujourd’hui à Ziguinchor pour constater de visu le chargement des 1500 tonnes d’anacarde ici au niveau du port de Ziguinchor. C’est une décision que nous avions prise avec l’ensemble des acteurs, il y a 15 jours. L’ensemble des diligences qui devaient être prises par les acteurs a été contrôlé durant le Crd. Aujourd’hui, nous avons la preuve que le Port de Ziguinchor est prêt pour charger l’anacarde qui est produite dans cette région», s’est réjoui Alioune Sarr.

Et pour rendre possible cette première expédition, c’est la Cosama qui a mis à disposition des bateaux pour transporter l’anacarde. «Vous avez vu, aujourd’hui, le Diogué est là pour transporter les 1500 tonnes. Donc, le défi logistique a été levé. La compétitivité également des armateurs a été prouvée par la Cosama qui a montré qu’elle pouvait faire des propositions tout à fait intéressantes aux acteurs pour transporter l’anacarde», a ajouté le ministre du Commerce.

Ainsi, c’est une nouvelle alternative qui s’offre aux producteurs de la région naturelle de la Casamance avec la diversification des moyens de transport. Car, indique M. Sarr, «à partir de maintenant, tous les produits fabriqués ou cultivés en Casamance trouvent au niveau du port de Ziguinchor la possibilité d’être exportés soit à l’étranger, soit dans les régions du Sénégal». Il s’est réjoui, aussi, de la perspicacité du gouverneur et de ses hommes, qui ont relevé le défi administratif, mais aussi du travail des dockers qui ont empoché, environ 3 millions durant ces 3 jours de chargement.

«C’est un défi commercial qui a été relevé par les acteurs de la filière. Ils ont prouvé, qu’en Casamance, on peut exporter l’anacarde à partir du Port de Ziguinchor. Donc, c’est une très grande satisfaction que nous éprouvons. Je voudrais lancer un appel à tous les acteurs pour leur dire qu’ils sont eux-mêmes des acteurs de développement de la région et je crois que ce que nous avons vu aujourd’hui est illustratif du fait que nous sénégalais, quand nous décisions de relever un défi, nous les relevons», a conclu le ministre.

Il faut signaler que la Cosama a prévu de mettre à disposition, dans les prochains jours un nouveau bateau, pour une nouvelle expédition.