L’implication des communautés dans la lutte contre la coupe abusive du bois recommandée

Les communautés doivent être davantage sensibilisées et responsabilisées pour les amener à s’approprier les dispositifs de lutte contre les coupes abusives et clandestines de bois dont l’ampleur des dégâts est ’’énorme’’ en Casamance, plaide Dicory Seydi, acteur de développement et directeur exécutif de la Fondation des Innovateurs de la nature.
Il y a eu bien « une rencontre au haut niveau entre les deux chefs d’Etat’’ du Sénégal et de la Gambie, « les ministères concernés des deux pays pour discuter’’ de la coupe abusive et clandestine de bois.
« Mais le plus important, a-t-il dit, c’est au niveau du terrain, au niveau des communautés et de la mise en place des dispositifs entreprises pour freiner le phénomène’’.
« Quels que soient les accords sur papier, si les communautés ne sont pas sensibilisées, ne sont pas suffisamment responsabilisées, s’il n’y a pas un très bon dispositif sur le terrain, ce sera très difficile de matérialiser ces accords », a indiqué Dicory Seydi.
Selon M. Seydi, également entrepreneur social et juriste de formation, « l’énergie doit être orientée sur le terrain. L’énergie doit être orientée vers la responsabilisation des communautés locales ».
« L’énergie doit être orientée vers un ciblage avec l’utilisation des nouvelles méthodes numériques pour mieux suivre tous les mouvements dans ce secteur », a-t-il suggéré, avant d’insister sur les conséquences de la destruction abusive de nos forêts, selon lui « énormes » dans la région méridionale du Sénégal en particulier.
« Les conséquences sont d’abord sociales, parce qu’il y a beaucoup de communautés qui comptent sur cette forêt, sur cet environnement pour vivre aussi bien sur le plan médicinal, social, sanitaire qu’économique ».
« La destruction de nos forêts, de notre environnement, équivaut à la destruction d’usines qui emploient des milliers de travailleurs », fait valoir Dicory Seydi.
« Les conséquences vont aller jusqu’à entraîner l’exode rural avec le phénomène de l’émigration irrégulière. La destruction de nos forêts peut entraîner la rareté des pluies, et aussi la dégradation de nos terres », a-t-il poursuivi.
« Demain, a prévenu ce juriste spécialisé en administration des collectivités territoriales, nous risquons d’assister à des conséquences plus graves liées à la production’’, puisque « les gens n’auront plus la possibilité de réaliser de bons rendement agricoles ». Sans compter que « nous voyons que ces trafics illégaux ne profitent qu’à une poignée de personnes au détriment de l’Etat ».
« Je pense que c’est un aspect aussi à prendre en compte pour penser à une gestion équitable de nos ressources », a souligné le directeur exécutif de la Fondation des Innovateurs de la nature, une organisation à but non lucratif fondée à Dakar en 2018.
Elle intervient dans les domaines relevant du développement durable, de l’environnement, du changement climatique, de l’éducation écologique, de l’agriculture, de la migration et de la culture, avec l’ambition d’encourager l’émergence d’idées nouvelles et innovantes dans ces domaines.
Pour ce faire, la Fondation des Innovateurs de la nature s’investit dans la formation des jeunes pour les aider à devenir des acteurs du changement et des influenceurs pour le développement de l’Afrique.
La destruction abusive et clandestine de bois, un de ses domaines d’intervention, constitue « un phénomène désastreux, désolant, un crime et un danger » pour l’environnement et l’économie nationale, indique son directeur exécutif.
« Aujourd’hui, nous assistons à la destruction de nos forêts, liée à la coupe abusive et clandestine du bois. C’est un phénomène désastreux et désolant. Je dirais même que c’est un crime, parce toute cette situation qui ne profite qu’à une poignée de personnes au détriment de l’Etat et des populations locales. C’est un danger même pour notre économie et pour notre équilibre environnemental, surtout dans les zones touchées », a-t-il déclaré.
« Nous défendons la nature, parce que sans l’équilibre naturel, notre vie serait impossible sur terre. Notre qualité de vie dépend de notre gestion de notre environnement. C’est pourquoi, nous dénoncerons avec la dernière énergie cette destruction de notre environnement », dit-il.
Il s’est indigné de l’ampleur des dégâts liés à la coupe abusive de bois dans la région sud du Sénégal. « Si nous partons dans des zones comme Médina Yéro Foula (région de Kolda), qui était un bastion de l’environnement, cette partie du pays est transformée en une sorte de savane ou même de désert. C’est le même cas dans des localités comme Bounkilling et Bignona (région de Ziguinchor) », s’est désolé le défenseur de l’environnement.
« Nous constatons que ce phénomène prend de l’ampleur. Au-delà de ces phénomènes, nous avons les feux de brousse qui, chaque année, détruisent des milliers d’hectares (au Sénégal). Nous avons également le phénomène de l’octroi des permis d’exploitation forestière qui ne sont pas suivi sur le terrain », signale Dicory Seydi.
Il insiste sur l’enjeu « énorme » de cette question qui doit selon lui « être une priorité dans les politiques publiques de l’Etat ».
L’organisation dont Dicory Seydi est le directeur exécutif regroupe plusieurs jeunes professionnels, volontaires et bénévoles animés par des passions communes autour de l’innovation, de la créativité, en lien avec l’exploitation des ressources naturelles, culturelles et locales pour un développement efficient des communautés.