Guinée-Bissau : un nouveau Premier ministre au cœur d’une crise qui ne dit pas son nom

La crise en Guinée-Bissau a changé de visage ce vendredi matin. Comme si l’histoire se réécrivait seule, au rythme des communiqués et des rues qui s’ouvrent à nouveau.
Deux jours après la chute du président Umaro Sissoco Embaló, les militaires ont surpris le pays en annonçant le nom du nouvel homme fort du gouvernement : Ilidio Vieira Té, jusqu’ici ministre des Finances. Le général Horta N’Tam, désormais président de la Transition, lui confie non seulement la Primature, mais aussi la gestion des Finances. Un cumul qui en dit long sur l’urgence… ou sur le contrôle.

Pendant ce temps, loin des bureaux de la caserne, Bissau reprend son souffle.
Les boutiques rouvrent. Les cafés du Vieux-Bissau ressortent leurs chaises. Les vendeuses de bananes installent leurs ombrelles comme si rien ne s’était passé. Une parenthèse de normalité dans un pays qui, pourtant, vit sa première journée complète sous régime militaire.

Les enfants marchent vers l’école, cartables bien accrochés. Mais derrière les sourires timides, un doute flotte.
« Tout ça, ce n’est qu’une façade », glisse un homme venu acheter du pain. Il parle doucement, comme pour ne pas troubler le calme qui s’est installé trop vite. Pour lui, ce pays devait rester dirigé par des civils. Et ce retour « normal » ressemble plutôt à une parenthèse incertaine.

Car la crise en Guinée-Bissau n’a rien d’une page tournée.
Le président renversé, Umaro Sissoco Embaló, a trouvé refuge à Dakar. Fernando Dias, son principal adversaire à la présidentielle, l’accuse désormais d’avoir lui-même orchestré le putsch pour éviter d’assumer sa défaite. Une accusation lourde, qui s’ajoute à une atmosphère déjà chargée de suspicion.

À Dakar justement, le Sénégal observe la situation avec attention.
Interpellé à l’Assemblée nationale, le Premier ministre Ousmane Sonko n’a pas mâché ses mots.
Pour lui, ce qui s’est joué à Bissau relève d’une « combine ».
Et il insiste : un homme a même été arrêté alors qu’il n’était pas candidat, Domingos Pereira. Sonko exige sa libération immédiate et rappelle que seule la Commission électorale peut rendre au vainqueur sa victoire.

À Bissau, les terrasses ont rouvert. Mais rien n’est vraiment revenu à la normale.
Le pays vit peut-être l’un de ses tournants les plus décisifs, entre un pouvoir militaire qui s’installe et un peuple qui tente, comme chaque matin, de continuer à vivre.

L’histoire, elle, n’a pas dit son dernier mot.

Guinée-Bissau : le Général Horta N’Tam, Nouvel Homme Fort

BISSAU – Le voile se lève sur le véritable chef du putsch en Guinée-Bissau. Le général Horta N’Tam, jusque-là chef d’état-major de l’armée de terre, prend officiellement la tête du Haut conseil militaire pour le rétablissement de la sécurité nationale et de l’ordre public. Il devient ainsi le nouvel homme fort du pays, un jour après le renversement du président Umaro Sissoco Embalo.

LIRE AUSSI: https://www.journaldusenegal.com/bissau-larmee-prend-les-renes-du-pays/

Sa désignation pour une transition d’un an clarifie les rapports de force au sein de l’armée. Jusqu’ici, le général Dinis N’Tchama, chef de la maison militaire de la présidence, parlait au nom des putschistes. L’émergence du général N’Tam confirme son rôle de dirigeant principal dans ce coup de force.

Un putsch qui interrompt une élection contestée

Le coup d’État de mercredi 26 novembre interrompt brutalement le processus électoral, alors que la proclamation des résultats de la présidentielle était imminente. Les militaires arrêtent le président Embalo, le chef d’état-major de l’armée et le ministre de l’Intérieur.

Le général N’Tchama explique cette action en évoquant un « plan de déstabilisation » impliquant des politiciens et des « barons de la drogue ». Le putsch survient dans un climat tendu, car l’opposant Fernando Dias da Costa revendiquait déjà la victoire dès le premier tour.

Condamnations internationales unanimes

La prise de pouvoir militaire déclenche une vague de condamnations internationales. L’Union africaine, la Cédéao et le Nigeria rejettent fermement ce changement anticonstitutionnel. Ils exigent la restauration rapide de l’ordre constitutionnel et la libération des responsables arrêtés.

Le Nigeria, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, avertit que les putschistes devront « répondre de leurs actes ». Abuja annonce aussi son intention de travailler avec ses partenaires régionaux pour rétablir la normalité.

Ce neuvième coup d’État depuis 1974 confirme l’instabilité politique chronique de la Guinée-Bissau, malgré le déroulement ordonné du scrutin de dimanche salué par les observateurs internationaux.

Bissau: l’armée prend les rênes du pays

BISSAU – La Guinée-Bissau a basculé. Ce mercredi 26 novembre 2025, un groupe d’officiers se présentant sous le nom de « Haut commandement militaire pour la restauration de l’ordre » a annoncé prendre le « contrôle total du pays », suspendre le processus électoral en cours et fermer les frontières. Cette prise de pouvoir par la force intervient à la veille de la publication des résultats de l’élection présidentielle de dimanche dernier, plongeant le pays dans une nouvelle crise institutionnelle.

LIRE AUSSI : https://www.journaldusenegal.com/guinee-bissau-un-coup-detat-dans-lattente-des-resultats-de-la-presidentielle/

La déclaration, lue par le général Denis N’Canha, chef de la maison militaire de la présidence, depuis le siège de l’état-major des armées, acte un coup d’État. Les militaires ont décrété la suspension des programmes dans les médias et appelé la population au calme, alors que le président Umaro Sissoco Embalo et ses deux principaux rivaux, Domingos Simoes Pereira et Fernando Dias da Costa, seraient aux arrêts.

Un putsch après une élection contestée

La prise de pouvoir militaire met un terme brutal à l’attente des résultats des scrutins présidentiel et législatif du 23 novembre. Dès mardi, le président sortant et son concurrent Fernando Dias da Costa avaient tous deux revendiqué la victoire, créant un climat de tension prévisible dans un pays où la crise post-électorale de 2019 avait duré plusieurs mois.

Plus tôt dans la journée, des tirs nourris avaient retenti près du palais présidentiel et de la Commission électorale. Selon Jeune Afrique, le président Embalo avait alors contacté le média pour annoncer son arrestation et celle de son ministre de l’Intérieur et des plus hauts gradés de l’armée, dénonçant un coup d’État.

Un pays coutumier des crises politiques

La Guinée-Bissau, indépendante depuis 1974, a connu quatre coups d’État réussis et de nombreuses tentatives, faisant de l’instabilité politique une triste constante. La dernière tentative de putsch remonte à 2023 et visait déjà le président Embalo.

Alors que les rues de Bissau sont désormais calmes et que la Garde présidentielle occupe les artères stratégiques, l’avenir politique immédiat du pays repose entre les mains d’un haut commandement militaire qui promet de rétablir l’ordre, sans préciser pour l’instant la durée de cette transition ni les prochaines étapes.

Guinée-Bissau : un coup d’état dans l’attente des résultats de la présidentielle

BISSAU – La Guinée-Bissau replonge dans l’incertitude. Ce mercredi 26 novembre 2025, des tirs nourris ont retenti en milieu de journée près du palais présidentiel, alors que le pays attendait les résultats officiels de l’élection présidentielle de dimanche dernier. Le président sortant Umaro Sissoco Embalo a lui-même annoncé à Jeune Afrique avoir été arrêté dans son bureau, vers midi, heure locale.

Selon le chef de l’État, cette opération – qu’il qualifie de « coup d’État » – a également visé ses plus proches collaborateurs : le ministre de l’Intérieur Botché Candé, le chef d’état-major général des armées, le général Biague Na Ntan, et son adjoint, le général Mamadou Touré. Le président Embalo affirme n’avoir subi aucune violence, mais désigne le chef d’état-major de l’armée de terre comme l’auteur de ce putsch.

Une capitale sous tension

Plus tôt dans la journée, des hommes en tenue militaire avaient pris position sur l’artère principale menant au palais présidentiel. Des coups de feu ont également été signalés près du ministère de l’Intérieur et du ministère des Affaires étrangères, créant un vent de panique dans Bissau.

Si les tirs se sont arrêtés en fin d’après-midi, la situation reste extrêmement confuse. Selon un correspondant sur place, certains habitants osent à nouveau sortir pour faire des courses, tandis que d’autres préfèrent rester à l’abri. La Garde présidentielle occupe désormais les voies stratégiques autour du palais, mais le président Embalo reste introuvable.

Un coup de force dans un contexte électoral tendu

Ces événements surviennent alors que la Guinée-Bissau attendait les résultats provisoires officiels de la présidentielle, prévus pour jeudi 27 novembre. Dès mardi, le président sortant et son principal rival, Fernando Dias da Costa, avaient tous deux revendiqué la victoire, créant un climat de tension politique.

Un porte-parole du président a déclaré à Reuters que des hommes armés non identifiés avaient attaqué la commission électorale pour empêcher l’annonce des résultats. Ce coup de force intervient dans un pays habitué aux putschs – neuf depuis son indépendance –, le dernier ayant visé M. Embalo en 2023.

Alors que la nuit tombe sur Bissau, le sort du président et l’avenir de la jeune démocratie bissau-guinéenne restent suspendus aux prochaines heures, cruciales.

Purge chez les gbagboïstes : 22 cadres exclus pour « trahison » électorale

ABIDJAN – La sanction est tombée, froide et sans appel. Ce mercredi 19 novembre, le Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo a annoncé le renvoi de 22 de ses cadres. Leur crime ? Avoir osé défier la ligne officielle du parti en déposant leur candidature aux élections législatives du 27 décembre prochain – un scrutin que la formation a choisi de boycotter.

Dans un communiqué cinglant, la direction justifie cette purge par une logique implacable : « La discipline ne peut être sélective. Elle est l’épine dorsale de toute organisation politique sérieuse. » Les exclus, estime-t-on au sein du parti, ont « sciemment choisi la désobéissance et l’insubordination ».

La mémoire des morts comme étendard

Derrière cette affaire de discipline se cache un enjeu bien plus profond : la mémoire des violences post-électorales. Le PPA-CI rappelle que la décision de boycott, prise le 6 novembre par le Comité central après « un débat ouvert, libre et démocratique », fait suite à un avis personnel de Laurent Gbagbo lui-même.

L’ancien président avait estimé que participer à ce scrutin reviendrait à « couvrir la forfaiture » de la présidentielle du 25 octobre et à « couvrir les blessés et les morts d’un linceul dédaigneux ». Une position morale qui transforme le boycott en devoir de mémoire.

L’impossible dissidence

Le communiqué ne laisse aucune place à l’ambiguïté : « Il est de la responsabilité de chacun, et davantage encore de celles et ceux nommés par le Président, de respecter les décisions collectives. » Les statuts du parti s’imposent à tous, quelle que soit leur fonction.

Les 22 rebelles ont donc été remerciés « avec regret mais avec fermeté ». Laurent Gbagbo lui-même a décidé de leur retirer sa confiance, signe que cette affaire touche à la légitimité même de son leadership.

Les fractures d’un parti en crise

Cette purge révèle les tensions qui traversent le camp gbagboïste. D’un côté, une direction qui brandit l’étendard de la discipline et de la mémoire des victimes. De l’autre, des cadres tentés par le jeu électoral, convaincus que le boycott revient à s’exclure définitivement de la scène politique.

Alors que la Côte d’Ivoire se prépare à tourner une nouvelle page politique, le PPA-CI semble s’enfermer dans une logique d’affrontement. Les exclus paient cher leur pragmatisme ; la direction, elle, assume son intransigeance.

La fracture est consommée. Reste à savoir si ces 22 cadres sauront – ou pourront – rebâtir une carrière politique hors du giron de celui qui fut longtemps leur mentor.

La France vend « une centaine de Rafale » à l’Ukraine

C’est un pas de plus dans l’engagement occidental aux côtés de Kiev. Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky ont signé ce lundi 17 novembre un accord qualifié d' »historique » pour la vente future d’environ 100 avions de combat Rafale à l’Ukraine, lors du neuvième déplacement du président ukrainien en France depuis le début de la guerre.

Sur la base aérienne de Villacoublay, les deux dirigeants ont paraphé une lettre d’intention qui ouvre la voie à « l’acquisition par l’Ukraine d’équipements de défense français » neufs, selon les termes de l’Élysée. Cet accord, qui s’inscrit « sur un horizon d’une dizaine d’années », concerne principalement « de l’ordre de 100 Rafale, avec leurs armements associés ».

Un renforcement capacitaire à long terme

L’accord franco-ukrainien dépasse le cadre des simples dons d’armement pour établir une relation durable. Il prévoit également la fourniture du système de défense aérienne SAMP-T nouvelle génération, actuellement en développement et dont les livraisons à la France doivent commencer en 2027, ainsi que des radars et drones.

Dimanche déjà, Volodymyr Zelensky avait évoqué sur les réseaux sociaux « un accord historique » permettant un « renforcement significatif » des capacités militaires ukrainiennes. Pour la présidence française, il s’agit de « mettre l’excellence française en matière d’industrie d’armement au service de la défense de l’Ukraine ».

Une visite stratégique dans un contexte tendu

Cette rencontre intervient alors que la situation sur le front ukrainien reste préoccupante à l’approche de l’hiver. Dans la nuit de dimanche à lundi, de nouvelles frappes russes ont fait au moins trois morts dans la région de Kharkiv.

La visite de Volodymyr Zelensky en France comprend également l’examen d’autres dossiers cruciaux, dont la « force multinationale Ukraine » que Paris et Londres préparent pour un éventuel déploiement post-cessez-le-feu. Cette coalition réunit 35 pays déterminés à apporter des garanties de sécurité à long terme à Kiev.

Avec cet accord sur les Rafale, qui fait suite à une lettre d’intention signée en octobre pour l’acquisition d’avions Gripen suédois, l’Ukraine dessine progressivement l’architecture de sa défense aérienne future, au-delà de l’issue immédiate du conflit.

Tanzanie : l’ONU exhume la vérité des urnes

GENÈVE. Les rues de Tanzanie portent encore les stigmates du scrutin du 29 octobre. Ce mardi, la voix de Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a brisé un silence assourdissant. Son verdict est sans appel : derrière les résultats officiels se cacherait un lourd bilan humain, fait de « centaines de manifestants et d’autres personnes tués », selon des informations recueillies par son organisation.

Le tableau dressé depuis Genève est sombre. Des corps qui disparaissent mystérieusement, des familles errant « d’un commissariat à l’autre et d’un hôpital à l’autre » dans une quête désespérée, des forces de sécurité accusées de faire disparaître les preuves. Le récit aurait presque des allures de cauchemar s’il ne s’agissait pas de la réalité tanzanienne.

La macabre traque aux corps

« Des informations inquiétantes font état de forces de sécurité en train de retirer des corps des rues et des hôpitaux pour les transporter vers des lieux non divulgués, dans une tentative apparente de dissimuler des preuves. » La déclaration de Türk frappe par sa crudité. Elle suggère une entreprise systématique d’effacement des traces, comme si la mort elle-même devait être mise sous silence.

Face à cette situation, le Haut-Commissaire lance un appel poignant : « J’exhorte vivement les autorités tanzaniennes à fournir des informations sur le sort et le lieu où se trouvent toutes les personnes disparues, et à remettre les corps des victimes à leurs familles. » La demande, simple en apparence, touche à l’essence même de la dignité humaine : permettre aux vivants d’enterrer leurs morts.

L’impossible décompte

Le Haut-Commissariat se heurte à un mur d’opacité. Impossible de vérifier indépendamment le nombre exact de victimes. Deux obstacles majeurs empêchent toute enquête sérieuse : « l’instabilité sécuritaire et la coupure d’Internet qui a suivi le vote« . Un black-out numérique qui rappelle les pires heures des régimes autoritaires.

Dans cette atmosphère étouffante, les arrestations se multiplient. « Plus de 150 personnes » auraient été interpellées depuis le scrutin, souvent sans « fondement juridique clairement établi ». Parmi elles, des enfants, accusés de trahison – un chef d’accusation lourd de sens dans un pays où l’opposition étouffe.

Les prisonniers de la démocratie

La liste des détenus arbitraires s’allonge. Tundu Lissu, chef du parti d’opposition Chadema, figure en tête d’affiche de ces arrestations. Mais il n’est pas seul. « Toutes les figures de l’opposition arrêtées avant les élections générales » doivent être libérées « immédiatement et sans condition », exige Türk.

Le Haut-Commissaire rappelle les fondamentaux : « Il est essentiel que toutes les personnes arrêtées puissent contester efficacement la légalité de leur détention. » Un principe bafoué dans la Tanzanie post-électorale, où la justice semble avoir cédé la place à la raison d’État.

Alors que les familles cherchent toujours leurs disparus, que les corps manquent à l’appel et que l’opposition croupit en prison, une question demeure : la communauté internationale saura-t-elle faire plus qu’exprimer sa « profonde préoccupation » ? Le temps des exhortations est peut-être révolu. Place maintenant à l’action.

Mali : l’ombre de la prison tombe sur Moussa Mara

BAMAKO – Il est entré impassible, il ressort condamné. Moussa Mara, ancien Premier ministre du Mali, a été frappé ce lundi 27 octobre par la justice de son pays. Deux ans de prison, dont un an ferme, pour avoir osé sur les réseaux sociaux une déclaration de solidarité envers les « détenus d’opinion ».

Le Pôle national de lutte contre la cybercriminalité de Bamako a rendu son verdict après des semaines de suspens. Les juges n’ont que partiellement suivi les réquisitions du parquet, mais la sanction reste lourde pour celui qui dirigea le gouvernement malien de 2014 à 2015.

Tout est parti d’une publication datée du 4 juillet. « Solidarité indéfectible avec les détenus d’opinion », avait écrit l’ancien chef de gouvernement, ajoutant : « Aussi longtemps que dure la nuit, le soleil finira évidemment par apparaître ! » Des mots poétiques, mais perçus comme subversifs par les autorités en place.

Arrêté le 1er août et placé en détention préventive, Moussa Mara a vu son procès s’ouvrir fin septembre dans une atmosphère tendue. Son avocat, Me Mountaga Tall, avait alors plaidé la modération, invoquant « la sagesse de la cour ». En vain.

À l’annonce du verdict, le principal concerné est resté de marbre. « Serein », selon son défenseur, qui a immédiatement annoncé le dépôt d’un appel. Le combat judiciaire continue donc, mais l’heure est désormais à la prison pour l’ancien Premier ministre.

Cette condamnation intervient dans un contexte politique malien particulièrement sensible, où la liberté d’expression semble se contracter comme peau de chagrin. Le message de Moussa Mara, perçu comme une métaphore de l’espoir démocratique, lui vaut aujourd’hui de partager le sort de ceux qu’il défendait.

Le soleil se lèvera-t-il un jour sur une justice apaisée ? Pour l’ancien Premier ministre, la nuit institutionnelle vient de tomber, plus épaisse que jamais.

Paul Biya, l’éternel retour : le Cameroun prolonge l’histoire d’un règne sans fin

YAOUNDÉ, 27 octobre 2025 — La scène politique camerounaise rejoue une partition bien connue. À 92 ans, Paul Biya vient d’être réélu pour un huitième mandat, avec 53,66 % des suffrages, selon les résultats officiels proclamés lundi par le Conseil constitutionnel. Au pouvoir depuis 1982, le chef de l’État perpétue un règne aussi long qu’inébranlable, malgré les contestations et l’usure du temps.

Son principal adversaire, Issa Tchiroma Bakary, refuse la défaite. Selon ses propres chiffres, il aurait remporté l’élection avec 54,8 % des voix. Dès la veille de la proclamation, il appelait à des manifestations pacifiques à Douala, Yaoundé et Garoua pour dénoncer une « confiscation du vote populaire ».

Quelques heures après la validation du scrutin, l’opposant déclare depuis son domicile à Garoua : « L’assaut est lancé », en évoquant des tirs sur des civils rassemblés devant sa résidence. La tension est palpable. Le gouvernement, par la voix du ministre de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji, dénonce un « plan de déstabilisation » et met en garde contre la diffusion de faux résultats électoraux. Plusieurs arrestations ont déjà eu lieu à Garoua et Yaoundé.

Une victoire sans suspense, un pays sans alternance

Depuis des décennies, chaque élection camerounaise ressemble à une répétition générale. Les résultats sont prévisibles, les recours balayés, les contestations vite réprimées. La Cour constitutionnelle, présidée par Clément Atangana, entérine sans surprise le verdict des urnes, malgré les accusations de fraude, les bulletins préremplis et les bureaux fictifs.

Issa Tchiroma, lui, rejoint la longue liste des opposants tolérés pour la forme : Maurice Kamto, Cabral Libii, tous battus avant même de concourir. Le Cameroun semble avoir transformé la démocratie en rituel immobile, où l’alternance n’est plus une perspective, mais un mythe.

Une démocratie fatiguée, un symbole régional

En Afrique francophone, Paul Biya n’est pas une anomalie : il est un modèle. Du Togo au Congo-Brazzaville, de la Côte d’Ivoire au Tchad, les présidents se succèdent… à eux-mêmes. Les cours constitutionnelles ne jugent plus, elles valident. Le peuple vote, mais les institutions décident.

Le Cameroun de 2025 illustre cette mécanique bien huilée : un pays figé, une jeunesse désabusée, et un pouvoir devenu son propre monument.
Et pendant que le monde observe sans surprise la réélection du « sphinx d’Étoudi », une question flotte, presque ironique :
le temps, lui, osera-t-il un jour battre Paul Biya ?

Trente ans après, le « boucher de Tumba » face à sa peine

Trente ans se sont écoulés depuis les massacres de Tumba, mais la justice française a enfin scellé le sort de Sosthène Munyemana. Ce jeudi 23 octobre, la Cour d’appel de Paris a confirmé sa condamnation à 24 ans de réclusion criminelle pour génocide, crimes contre l’humanité et complicité de génocide. Les juges ont souligné que Munyemana « s’était inscrit dans la politique génocidaire en y adhérant et en y prenant une part active, intellectuellement et matériellement ». Sa peine de sûreté, initialement de huit ans, a été portée à 12 ans, signe de la gravité des crimes commis.

Le plus vieux dossier français sur le génocide rwandais

Dès septembre 1994, Munyemana avait fui le Rwanda pour s’installer dans le sud-ouest de la France, où il reprenait sa carrière médicale. Mais dès 1995, une plainte était déposée à Bordeaux. Les survivants du génocide le surnommaient déjà le « boucher de Tumba », rappelant son rôle dans les massacres et son influence dans la communauté de Tumba.

La procédure a duré trois décennies, marquée par des investigations longues et complexes, des rebondissements judiciaires et des débats passionnés. En première instance, le 23 décembre 2023, Munyemana avait déjà été condamné à 24 ans de prison, assortis d’une peine de sûreté de huit ans. La confirmation en appel vient souligner la détermination de la justice française à punir les crimes les plus atroces.

Un médecin devenu bourreau

Médecin gynécologue à l’hôpital universitaire de Butare avant 1994, Munyemana était respecté dans sa communauté et auprès de ses collègues. Mais pendant le génocide, il est accusé d’avoir participé activement aux massacres. Les témoignages l’impliquent dans l’élaboration de listes de Tutsis à éliminer, l’organisation de barrages mortels et la détention de la clé du bureau où les victimes étaient enfermées avant leur exécution. Il aurait également signé une motion de soutien au gouvernement intérimaire rwandais, porteur de l’idéologie génocidaire.

Tout au long du procès, Munyemana a nié sa responsabilité, affirmant avoir protégé certains Tutsis et réfutant toute appartenance aux extrémistes hutus. La justice a toutefois retenu sa participation directe à l’organisation des tueries.

Une condamnation tardive mais symbolique

Après trente ans de procédure, le verdict marque une étape majeure dans la lutte contre l’impunité des responsables du génocide rwandais. Pour les survivants et la communauté rwandaise, cette condamnation, bien que tardive, est un symbole : celui d’une justice qui finit par rattraper les bourreaux, même après trois décennies. À 68 ans, Sosthène Munyemana entame désormais son incarcération, clôturant l’un des dossiers les plus emblématiques du génocide jugé en France.

Michael Randrianirina, du cachot au palais : l’étonnant destin du « colonel de la refondation »

ANTANANARIVO – Il y a un an, il cuisinait et jouait au football en résidence surveillée, accusé de complot contre l’État. Ce vendredi 17 octobre 2025, le colonel Michael Randrianirina, 51 ans, devient le « président de la refondation » de Madagascar. Originaire de l’aride région d’Androy, son parcours épouse les soubresauts de l’histoire récente de la Grande Île.

Né en 1974 à Sevohipoty, Randrianirina s’engage d’abord comme gouverneur de l’Androy entre 2016 et 2018. Cette expérience lui permet de connaître intimement les difficultés d’une des régions les plus pauvres du pays.

LIRE AUSSI : https://www.journaldusenegal.com/madagascar-michael-randrianirina-investi-president-de-la-refondation/

En novembre 2023, son destin bascule. Le général Richard Ravalomanana, alors allié du président Rajoelina et président du Sénat, ordonne son arrestation pour complot avant les élections controversées. Randrianirina reste en résidence surveillée dans un hôpital militaire avec son complice présumé, Thierry Rampanarivo. Début 2024, la justice le condamne à un an de prison avec sursis pour atteinte à la sûreté de l’État.

Libéré en février 2024, le colonel décrit une vie d’officier « dans l’ombre » : il travaille à la maison, cuisine et joue au football. Cette période ne freine pas son ambition. Selon l’analyste Velomahanina Razakamaharavo, son « attitude courageuse » et son image d’homme de foi issu de l’Église luthérienne renforcent sa légitimité.

Le ralliement populaire et la refondation

Le tournant survient en octobre 2025. Quand le collectif Gen Z descend dans les rues d’Antananarivo, Randrianirina refuse de réprimer les manifestants. Le 12 octobre, il demande même à ses troupes : « Ne tirez pas sur nos amis, nos frères, nos sœurs ».

En trois jours, le président Rajoelina s’exile. L’Assemblée nationale le destitue et l’armée prend le contrôle du pays. Investi devant la Haute Cour Constitutionnelle et décoré de la Grand Croix de première classe de l’Ordre national, Randrianirina promet d’organiser des élections dans « 18 à 24 mois maximum ».

Cependant, la communauté internationale reste prudente. L’ONU condamne un changement inconstitutionnel de pouvoir, tandis que l’Union africaine suspend Madagascar de ses instances. La France appelle à entendre les « aspirations profondes du peuple malgache ».

Homme de foi et de terrain, Randrianirina incarne désormais les espoirs d’une jeunesse lasse des coupures d’eau et d’électricité et du pillage des ressources. De sa cellule d’hôpital militaire au palais de la refondation, il a connu une ascension fulgurante et improbable. Le pays observe maintenant s’il saura transformer l’essai et écrire un nouveau chapitre pour Madagascar.

Madagascar : Michael Randrianirina investi « président de la refondation »

ANTANANARIVO – Vendredi 17 octobre 2025, l’histoire de Madagascar a bifurqué. Dans l’enceinte sobre de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC), le colonel Michael Randrianirina est devenu le « président de la refondation ». Trois jours après la destitution d’Andry Rajoelina par l’Assemblée nationale et la prise de contrôle par l’armée, un nouveau chapitre s’ouvre sur la Grande Île, né d’un mouvement de protestation inédit et d’un putsch militaire.

Vêtu d’un costume civil mais arrivé juché sur un véhicule blindé, entouré de militaires armés et masqués, le nouvel homme fort a prêté serment. Le contraste était saisissant. Cette première prestation de serment à la HCC, organisée par « souci de sobriété », visait à ancrer dans le marbre de la loi une légitimité née dans la rue.

Un pouvoir né de la rue

Dans son discours inaugural, le colonel Randrianirina a dressé un réquisitoire sévère contre l’ancien régime. Dénonçant un « régime autoritaire » ayant plongé le pays « dans l’obscurité pendant des années », il a promis une « rupture avec le passé ». Son allocution a sonné comme un écho aux griefs de la jeunesse malgache, descendue dans les rues depuis le 25 septembre pour protester contre les coupures d’eau et d’électricité et réclamer un changement radical.

« Malheureusement, 65 ans après son indépendance, Madagascar figure encore parmi les pays les plus pauvres du monde », a-t-il lancé, dénonçant les « injustices, pillages des ressources et détournements de biens publics ». Le nouveau président a salué cette « jeunesse audacieuse » victime de ces abus, majoritairement issue de la Génération Z, qui a forcé le destin du pays.

Entre légitimité constitutionnelle et soutien militaire

La cérémonie, bien que sobre, n’en était pas moins significative. La présence de diplomates – français, suisse, allemand, ainsi que des représentants britanniques, chinois et de l’Union européenne – et d’anciennes figures politiques comme l’ex-président Marc Ravalomanana, envoyait un signal : la communauté internationale observe.

Pourtant, derrière les apparences constitutionnelles, la réalité du pouvoir reste teintée de militarisme. L’arrivée du colonel en blindé, escorté de soldats, rappelait le soutien crucial de l’armée – celui-là même qui, sous son impulsion, avait refusé de « tirer sur nos amis, nos frères, nos sœurs » manifestants.

Les défis de la refondation

Le nouveau pouvoir promet de « réparer les torts » subis par les victimes de la répression et de garantir les libertés fondamentales. Mais des doutes persistent. Un petit rassemblement s’est formé devant la HCC pour rappeler au régime naissant de « continuer à écouter la voix du peuple ».

Madagascar entre ainsi dans une période de transition incertaine, portée par les espoirs d’une génération et la poigne d’un colonel. La « refondation » est annoncée ; son accomplissement reste à écrire.

Transition Madagascar : les promesses du colonel Randrianirina

ANTANANARIVO – Le colonel Mikaël Randrianirina se prépare à prêter serment ce vendredi devant la Haute Cour constitutionnelle. À la veille de cette étape décisive, il s’efforce de justifier son ascension au sommet de l’État. Selon lui, le changement de régime « s’inscrit dans un cadre légal et constitutionnel », loin de toute idée de coup d’État.

« Aucune violence n’a été commise, aucun palais n’a été attaqué », répète-t-il, comme pour dissiper les doutes. Cette communication maîtrisée contraste avec la vitesse des événements qui l’ont propulsé sur le devant de la scène politique malgache.

Le futur président de la transition annonce déjà la composition de son gouvernement. Il promet une équipe « à majorité civile », tout en assurant une représentation équilibrée entre civils et militaires. Une manière de répondre aux accusations de prise de contrôle de l’armée. « Nous voulons restaurer la confiance entre les institutions et le peuple. C’est une refondation, pas une confiscation du pouvoir », insiste-t-il.

Une transition sous surveillance internationale

Aucune élection n’est prévue pour l’instant. Le colonel justifie ce report par la nécessité de réformer la CENI et de nettoyer les listes électorales. Cette période de transition lui permettra de consolider son autorité, tout en préparant de nouvelles règles du jeu politique.

Sur la scène internationale, il tente de calmer les inquiétudes. La suspension de Madagascar par l’Union africaine ? « Une réaction normale », tranche-t-il, tout en évoquant des discussions en cours avec la SADC. Une mission de cette organisation est attendue autour du 20 octobre pour évaluer la situation sur le terrain.

Ancien élève de l’Académie militaire d’Antsirabe, originaire d’Androy, Randrianirina s’est longtemps présenté comme un simple officier exécutant. Mais depuis la chute du président Andry Rajoelina, il s’impose comme l’homme fort du pays. Sa déclaration du 15 octobre – « La crise a assez duré » – a marqué le tournant. Le lendemain, la Haute Cour a confirmé la vacance du pouvoir, légitimant ainsi son contrôle.

Ce vendredi, en prêtant serment, le colonel Randrianirina deviendra officiellement le chef de la transition. Reste à savoir si ses promesses de refondation tiendront face aux réalités du pouvoi

Madagascar : Le président Andry Rajoelina exfiltré vers l’étranger

Le 12 octobre 2025, Madagascar a connu un tournant spectaculaire. Selon RFI, le président Andry Rajoelina a été exfiltré par un avion militaire français, dans le cadre d’un accord avec Emmanuel Macron. Sa destination finale reste incertaine : certaines sources évoquent l’Île Maurice, d’autres Dubaï, après un passage à La Réunion.

La séquence de ce départ illustre l’ampleur de la crise. Un hélicoptère l’a d’abord transporté sur l’Île Sainte-Marie, sur la côte est. Ensuite, il a embarqué sur l’avion militaire français. RFI confirme qu’il n’est plus sur le territoire malgache. Sa famille l’accompagne dans ce périple, renforçant le caractère officiel de l’opération.

France prudente et crise sociale persistante

Paris insiste sur la prudence. Les autorités françaises rappellent que les forces militaires n’interviendront pas directement à Madagascar. Selon elles, l’exfiltration visait uniquement à faciliter une transition pacifique, sans aucune opération offensive. Les troupes stationnées à La Réunion ne franchiront pas la frontière de l’île.

La crise sociale reste vive depuis le 25 septembre 2025. Les manifestations contre les coupures d’eau et d’électricité se sont rapidement transformées en contestation politique. Les appels à la démission du chef de l’État se multiplient, accentuant la pression sur Andry Rajoelina.

Face à cette situation, la Présidence malgache annonce que le président prononcera un discours à la nation le 13 octobre à 19h (16h TU). L’objectif est de calmer les esprits et de rassurer la population.

La Grande Île reste plongée dans une incertitude politique majeure. Le départ d’Andry Rajoelina marque une étape clé dans une crise dont les prochaines heures pourraient être décisives pour l’avenir du pays.

Gaza : un cessez-le-feu historique ouvre une lueur d’espoir après deux ans de guerre

Sharm El-Sheikh, Égypte – Dans la pénombre de l’aube de ce jeudi, un souffle de soulagement a traversé Gaza. Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a annoncé un accord historique de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, fruit de négociations marathon menées dans cette station balnéaire symbole de dialogue et de paix.

Après deux années de bombardements, de pertes massives et de souffrances incommensurables, la région peut enfin entrevoir une lueur d’espoir. Selon Al-Sissi, cet accord « tourne la page de la guerre et ouvre une porte vers un avenir fondé sur la justice et la stabilité ».

La première phase du plan de paix américain, orchestré par Donald Trump, prévoit la libération de 20 otages encore détenus par le Hamas contre près de 2 000 prisonniers palestiniens, ainsi que le retrait progressif des forces israéliennes de Gaza. Parallèlement, l’enclave bénéficiera d’une aide humanitaire massive, avec 400 camions par jour durant les cinq premiers jours du cessez-le-feu.

À Tel-Aviv, la population a célébré l’annonce, arborant des cœurs jaunes et scandant des messages d’espérance. À Khan Younès, dans le sud de Gaza, les habitants, fatigués mais soulagés, ont dansé et chanté, témoignant de la résilience de populations éprouvées.

Benjamin Netanyahou a toutefois rappelé que l’armée resterait présente dans une partie de Gaza et a insisté sur le désarmement du Hamas, tandis que le mouvement islamiste réclame la mise en œuvre intégrale des engagements par Israël.

Le cessez-le-feu, combiné à la libération des otages et à l’aide humanitaire, marque un tournant diplomatique majeur. Alors que la région observe, attentiste et espère, la communauté internationale salue ce moment comme un triomphe temporaire de la paix sur la guerre.

Rajoelina accuse un coup d’État en pleine contestation

Le 25 septembre, Madagascar a tremblé sous les pas d’une jeunesse mobilisée dans les rues pour dénoncer les coupures d’eau et d’électricité. Le 3 octobre 2025, le président Andry Rajoelina a pris la parole sur son compte Facebook officiel. Il a transformé ce tumulte populaire en affaire d’État. Selon lui, le mouvement dépasse un simple ras-le-bol citoyen et constitue une tentative de coup d’État orchestrée par des acteurs politiques et étrangers.

Dans son allocution, Rajoelina a affirmé que la Gen Z, au cœur de la mobilisation, était manipulée. « Des pays et agences ont payé ce mouvement pour m’évincer du pouvoir, pas par des élections, mais pour leur profit », a-t-il lancé. Il a également accusé certains politiciens malgaches d’avoir récupéré le soulèvement pour servir leurs intérêts et « détruire le pays », sans nommer ses supposés instigateurs.

Une capitale en tension et des villes touchées

Pendant que le président parlait, Antananarivo vibrait encore au rythme des grenades lacrymogènes et des sirènes. Les forces de l’ordre avaient bouclé le centre-ville dès l’aube et isolé la grande avenue de l’Indépendance. Commerces et institutions restaient fermés. Les manifestations se sont étendues au-delà de la capitale : Mahajanga, Toliara et Fianarantsoa ont connu des rassemblements massifs et parfois violents.

Le bilan est lourd. L’ONU a signalé au moins 22 morts et des centaines de blessés, dus non seulement à la répression mais aussi à des pillages commis par des individus non liés directement aux manifestants.

La contestation, menée par le collectif de la jeunesse, des syndicats et d’autres acteurs civils, a répondu à l’allocution présidentielle. Les manifestants exigent d’être consultés pour la nomination d’un futur Premier ministre et réclament l’ouverture d’une enquête internationale sur les abus des forces de l’ordre.

Une confrontation générationnelle et sociale

Cette crise révèle les tensions entre un gouvernement déterminé à rester au pouvoir et une jeunesse qui revendique justice, services publics fiables et transparence. Pour Rajoelina, ancien maire d’Antananarivo et magnat des médias, l’histoire se répète : déjà porté au pouvoir en 2009 par un soulèvement populaire, il se retrouve face à une jeunesse qui, cette fois, refuse d’être ignorée.

Alors que Madagascar lutte pour son développement et que près de 75 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, cette confrontation symbolise plus qu’une crise politique. Elle illustre le choc entre générations, frustrations sociales et enjeux de pouvoir dans une île qui cherche encore sa stabilité.

Une fenêtre forcée, un ambassadeur mort : le lourd mystère de l’hôtel Hyatt

La nuit parisienne a englouti un diplomate. Nkosinathi Emmanuel Nathi Mthethwa, ambassadeur d’Afrique du Sud en France, a été retrouvé sans vie ce mardi 30 septembre au pied de l’hôtel Hyatt, un palace de la capitale. Il avait 58 ans. Les faits sont bruts, mais le mystère, lui, est épais.

L’alerte avait été donnée la veille par son épouse. Elle avait reçu un message – un seul, mais assez inquiétant pour sonner l’alarme. Le contenu de ce dernier appel, muet ou écrit, reste sous le sceau de l’enquête. Ce fut le premier signal d’une tragédie en gestation.

Selon le parquet de Paris, l’ambassadeur s’était installé au 22ᵉ étage, là où la ville lumière n’est plus qu’un tapis d’étoiles froides. C’est de là-haut que le drame a basculé. Les enquêteurs ont constaté un détail glaçant qui transforme la tragédie en énigme : « L’une des fenêtres sécurisées de sa chambre a été forcée. » Une porte ouverte sur tous les scénarios, du suicide le plus désespéré au crime le plus calculé.

Une enquête a été ouverte, confiée aux limiers de la police judiciaire. Ils devront démêler l’inextricable : que s’est-il passé dans cette chambre d’hôtel, entre le message angoissé et la fenêtre fracturée ?

Un diplomate au parcours remarquable

Homme de l’ombre et de la lumière, Nathi Mthethwa n’était pas un simple diplomate. Nommé à Paris en 2024, il représentait aussi son pays à l’UNESCO. Avant de porter l’écharpe tricolore, il avait été, dans les allées du pouvoir à Pretoria, ministre de la Culture puis des Sports, des Arts et de la Culture. Un homme qui avait consacré sa vie au service public.

Dans un communiqué sobre et endeuillé, Pretoria a rendu hommage à « un serviteur distingué de la nation ». Le gouvernement sud-africain, tout en saluant sa carrière, a pris soin de souligner que « les circonstances de sa disparition sont en cours d’enquête par les autorités françaises ». Une prudence diplomatique qui contraste avec la violence des faits.

Aujourd’hui, les questions s’accumulent bien plus vite que les réponses. Que contenait ce dernier message ? Qui, ou quoi, a forcé cette fenêtre blindée d’un hôtel de luxe ? La chute fut-elle un acte de désespoir ou l’aboutissement d’une menace ? Le corps d’un ambassadeur sur le trottoir parisien n’est pas seulement une mort ; c’est une onde de choc qui résonne des rives de la Seine jusqu’aux bureaux feutrés du pouvoir sud-africain. L’enquête, elle, vient à peine de commencer.

Assemblée générale de l’ONU : Netanyahu hué et sifflé, des diplomates quittent la salle

La scène est rare, et son symbole, plus lourd encore que les mots prononcés. Vendredi, au siège des Nations Unies, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a vu une partie de l’Assemblée générale lui tourner le dos. Au moment où il entamait sa prise de parole, des diplomates de plusieurs délégations – notamment de pays arabes et d’Asie orientale – ont ostensiblement quitté la salle, accompagnant leur départ de huées et de sifflets.

Ce geste de protestation collective, inédit par son ampleur, visait la guerre menée par Israël à Gaza. Il intervient dans un contexte diplomatique déjà extrêmement tendu, où les condamnations des « violations graves du droit international humanitaire » par Israël se multiplient.

Israël de plus en plus isolé

La fracture s’est accentuée ces dernières semaines après l’annonce par plusieurs pays européens – dont la France, le Royaume-Uni et l’Espagne – de leur décision de reconnaître officiellement l’État de Palestine. Une vague de reconnaissances qui isole un peu plus le gouvernement Netanyahu sur la scène internationale.

Lors de leur dernière réunion, les pays arabes avaient réitéré leur appel à un cessez-le-feu immédiat et à la reconnaissance pleine et entière des droits du peuple palestinien. Le départ concerté de l’hémicycle onusien vendredi en était la traduction spectaculaire.

Netanyahu persiste et signe

Face à cette démonstration d’hostilité, le Premier ministre israélien a poursuivi son intervention, fustigeant ce qu’il a décrit comme des « campagnes d’incitation » menées contre Israël. Il a réaffirmé la détermination de son gouvernement à poursuivre ses opérations militaires, sans céder aux pressions internationales.

Mais le message était déjà passé. Dans les couloirs de l’ONU, cet épisode restera comme le symptôme d’une fracture croissante entre Israël et une partie significative de la communauté internationale. La question palestinienne, loin de s’effacer, s’impose plus que jamais comme un sujet central – et profondément clivant – des débats diplomatiques mondiaux.

Alors que les huées résonnaient encore dans la salle à demi-vide, une évidence s’imposait : la légitimité d’Israël, autrefois acquise dans les enceintes internationales, se fissure. Et Netanyahu, en dépit de sa rhétorique combative, n’a jamais paru aussi seul.

Sarkozy condamné à 5 ans de prison : Un verdict historique et une incarcération imminente

L’histoire judiciaire de la Ve République bascule. Jeudi, le tribunal de Paris a condamné l’ancien président Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison pour « association de malfaiteurs » dans le dossier du financement libyen présumé de sa campagne de 2007. Pour la première fois, un ex-chef d’État français va être incarcéré avant l’épuisement des voies de recours, sur la base d’un mandat de dépôt différé avec exécution provisoire.

Visage marqué par plus de dix ans de procédures, Nicolas Sarkozy a affiché une « colère froide » et annoncé son intention de faire appel. Il a déclaré à la presse : « Si on veut absolument que je dorme en prison, je dormirai en prison. Mais la tête haute. »

Le tribunal a reconnu l’absence de preuves d’un financement effectif par des fonds libyens, mais a estimé que l’ancien président avait laissé ses proches solliciter le régime de Kadhafi pour obtenir un soutien financier. Cette « préparation » suffit à caractériser le délit d’association de malfaiteurs.

Claude Guéant et Brice Hortefeux également condamnés

L’ancien ministre de l’Intérieur Claude Guéant a écopé de six ans de prison pour association de malfaiteurs, corruption passive et faux. Brice Hortefeux a reçu deux ans de prison, tandis qu’Eric Woerth, trésorier de la campagne, a été relaxé. La récente mort au Liban de Ziad Takieddine, intermédiaire clé de l’affaire, a compliqué les débats mais n’a pas atténué la sévérité du verdict.

Dans l’heure suivant le verdict, l’épouse de Nicolas Sarkozy, Carla Bruni, a publié un message de soutien sur les réseaux sociaux avec les hashtags #LoveIsTheAnswer et #HateWillNotWin.

À 70 ans, Nicolas Sarkozy sera convoqué dans un mois par le parquet pour connaître sa date d’incarcération. Son appel ne suspendra pas la mesure.

Cette condamnation clôt un chapitre judiciaire vieux de plus de dix ans, mais ouvre une période inédite : un ancien président de la République française dormira derrière les barreaux. Un séisme institutionnel dont les répercussions se font déjà sentir bien au-delà des prétoires.

Slovénie : Netanyahou déclaré persona non grata au cœur des tensions diplomatiques

La Slovénie a franchi un nouveau cap diplomatique en déclarant Benjamin Netanyahou persona non grata. Jeudi, Ljubljana a annoncé l’interdiction d’entrée sur son territoire du Premier ministre israélien, une décision qui reflète les tensions croissantes autour de la guerre à Gaza.

Cette mesure s’inscrit dans la continuité des actions prises par le pays. En juillet dernier, deux ministres israéliens s’étaient déjà vu interdire l’accès au territoire slovène. En août, le gouvernement a imposé un embargo sur les ventes d’armes à Israël et banni les importations de produits issus des territoires palestiniens occupés.

L’an passé, la Slovénie avait marqué un tournant diplomatique en reconnaissant officiellement l’État de Palestine, geste symbolique fort au sein de l’Union européenne. Selon les autorités slovènes, l’interdiction visant Netanyahou constitue une réponse directe à la politique de son gouvernement dans le conflit actuel.

Aucune précision n’a été donnée sur la durée de cette sanction ni sur les conditions d’une éventuelle levée. Israël n’a pas encore réagi officiellement, mais cette décision devrait inévitablement accentuer les tensions diplomatiques.

Ljubljana a par ailleurs réaffirmé son attachement à la solution à deux États et a renouvelé son appel à un cessez-le-feu immédiat, à la protection des civils et à l’acheminement de l’aide humanitaire vers Gaza.

Naufrage de l’espoir : 112 migrants gambiens secourus au large de Dakar

La mer rend parfois ce qu’elle prend. Mardi 16 septembre, au large des côtes dakaroises, un pêcheur sénégalais a aperçu une silhouette vacillante à l’horizon. Une pirogue, immobile, ballotée par les flots. À son bord, 112 âmes, abandonnées par leur capitaine, cinq jours plus tôt, dans leur folle équipée vers les îles Canaries. Leur point de départ : la Gambie voisine. Leur espoir : l’Europe. Leur réalité : un sauvetage in extremis par les forces sénégalaises.

L’alerte donnée, la marine sénégalaise est intervenue sans délai, escortant l’embarcation de fortune jusqu’à la plage de Ouakam, dans la banlieue de Dakar. Épuisés, meurtris par le soleil et le sel, les passagers – tous Gambiens – ont été interpellés par la gendarmerie. Sains et saufs, pour la plupart. L’un d’eux, plus faible, a dû être hospitalisé en urgence. Selon des témoins, quelques personnes, dont des femmes, ont profité de la confusion pour s’enfuir avant l’arrivée des forces de l’ordre. Une enquête est ouverte pour reconstituer les circonstances de ce drame évité de justesse.

Le changement d’itinéraire des désespérés

Cette tentative avortée illustre un phénomène plus large, plus profond. Alors que les arrivées aux Canaries ont chuté de moitié depuis janvier – environ 12 000 contre 26 000 l’an passé –, les départs, eux, n’ont pas cessé. Ils se sont déplacés plus au sud, fuyant les contrôles renforcés au Sénégal, en Mauritanie et au Maroc. La Gambie et la Guinée sont devenues les nouvelles plates-formes de cet exode maritime.

Pourtant, le risque n’a jamais été aussi grand. Les embarcations sont plus précaires, les routes, plus longues, les naufrages, plus fréquents. Mais la misère, elle, reste la même. À Ouakam, ce mercredi, un pêcheur confiait, le regard vide : « Dès que j’en aurai l’occasion, je repartirai. Ici, la mer ne donne plus rien. » La fin de l’accord de pêche avec l’Union européenne a porté un coup fatal à une profession déjà sinistrée. La ressource se raréfie, les filets reviennent vides.

L’appel du large ou le chant des sirènes

Derrière les statistiques et les plans de contrôle, il y a donc des vies. Des vies brisées par le chômage, la pauvreté, l’absence de perspective. Des vies qui valent, aux yeux de leurs propriétaires, le risque de la traversée.

Le sauvetage de mardi est une bonne nouvelle. Mais c’est une victoire à la Pyrrhus. Car demain, d’autres pirogues partiront. D’autres capitaines fuiront. D’autres migrants se noieront. Et d’autres pêcheurs, héros malgré eux, continueront de jouer aux garde-côtes d’une détresse qu’ils comprennent que trop bien.

La mer reste un cimetière liquide. Et l’espoir, le plus mortel des moteurs.

Diplomatie post-CEDEAO : Julius Maada Bio en mission à Ouagadougou

Ouagadougou, le 16 septembre – À l’heure où l’Afrique de l’Ouest recompose ses alliances, le président sierra-léonais Julius Maada Bio pose ses valises à Ouagadougou. Ce mardi, le chef d’État entame une visite officielle « de travail et d’amitié » au Burkina Faso, un mois après son plaidoyer pour un dialogue renouvelé avec les pays de la Confédération des États du Sahel (AES).*

Une diplomatie de pont dans un paysage fragment

Dans la capitale burkinabè, les discussions s’annoncent substantielles. Au programme : une séance de travail élargie et un tête-à-tête avec le capitaine Ibrahim Traoré. Les deux dirigeants aborderont « plusieurs questions d’intérêt commun liées à la consolidation des relations de coopération entre les deux pays », selon la présidence burkinabè.

Cette deuxième visite en un an révèle une stratégie diplomatique subtile. Alors que le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont quitté la CEDEAO en janvier 2025, Julius Maada Bio, président en exercice de l’institution communautaire, joue les médiateurs. Son objectif : maintenir des canaux de communication ouverts malgré la rupture institutionnelle.

Les enjeux concrets derrière le dialogue politique

Au-delà des discours, des intérêts bien concrets animent cette rencontre. Le Dr Bio avait insisté sur l’importance de « promouvoir le commerce, la libre circulation et renforcer la paix et la sécurité dans la région ». Des préoccupations vitales pour la Sierra Leone, dont l’économie dépend des échanges avec l’ensemble de la sous-région.

La présidence burkinabè souligne « l’excellence de la coopération entre Ouagadougou et Freetown », preuve que les relations bilatérales peuvent survivre aux tempêtes multilatérales. Un message important à l’heure où l’AES affirme vouloir construire de nouvelles synergies avec les pays côtiers.

La CEDEAO à l’épreuve de la realpolitik

Cette visite intervient dans un contexte régional particulièrement tendu. L’AES, née de la transformation de l’Alliance des États du Sahel en Confédération en juillet 2024, représente un défi existentiel pour la CEDEAO. La mission de Bio témoigne de la prise de conscience que le dialogue doit remplacer la confrontation.

Alors que le soleil se lève sur Ouagadougou, Julius Maada Bio incarne l’espoir ténu d’une réconciliation régionale. Sa capacité à bâtir des ponts entre deux Afrique de l’Ouest – celle de la CEDEAO et celle de l’AES – pourrait déterminer l’avenir de toute la sous-région. Reste à savoir si la volonté de dialogue suffira à surmonter les méfiances accumulées.

Côte d’Ivoire : Le Conseil constitutionnel valide cinq candidats, élimine les poids lourds et ouvre la voie à un quatrième mandat d’Ouattara

Ce lundi 8 septembre 2025, la présidente du Conseil constitutionnel, Mme Chantal Camara Nanaba, a rendu une décision qui bouleverse le paysage politique ivoirien. Sur soixante dossiers examinés, seuls cinq candidats ont été jugés éligibles à l’élection présidentielle du 25 octobre. Ce tri drastique élimine les principales figures de l’opposition et laisse le président sortant, Alassane Ouattara, en position de force pour briguer un quatrième mandat déjà très contesté.

Des exclusions qui secouent l’opposition

Le verdict du Conseil constitutionnel frappe au cœur de l’opposition et provoque un véritable séisme politique. Tidjane Thiam, président du PDCI et ex-CEO de Crédit Suisse, a été disqualifié pour un motif administratif : il ne figure pas sur les listes électorales. Cette condition d’éligibilité essentielle l’a empêché de concourir, malgré les recours de son parti.

Laurent Gbagbo, président de 2000 à 2011, a subi le même sort pour la même raison. Son camp, le PPA-CI, dénonçait pourtant l’irrégularité de sa condamnation dans l’affaire du « braquage de la BCEAO », estimant que seule la Haute Cour de justice pouvait juger un ancien chef d’État. Le Conseil constitutionnel a rejeté cet argument.

Pascal Affi N’Guessan, leader du FPI, a également vu sa candidature invalidée. Ses parrainages présentaient un déficit de plus de 20 000 signatures, un écart jugé rédhibitoire. Ainsi, trois poids lourds de la scène politique ivoirienne disparaissent de la course électorale à cause d’une application stricte du code électoral.

Une liste réduite et inattendue

Les cinq candidats retenus forment un panel contrasté :

  • Henriette Lagou (Groupement des Partenaires Politiques pour la Paix, GP-PAIX)

  • Jean-Louis Billon (Congrès Démocratique, CODE), cadre du PDCI

  • Ehivet Simone Gbagbo (Mouvement des Générations Capables, MGC), ex-Première dame

  • Ahoua Don-Mello Jacob (Indépendant)

  • Alassane Ouattara (RHDP, président sortant)

La candidature d’Alassane Ouattara, validée pour un quatrième mandat, reste la plus polémique. L’opposition la juge « anticonstitutionnelle ». Sa présence sur la liste officielle accentue les critiques et ouvre la voie à une réélection très clivante.

Un processus électoral sous haute tension

Le dépôt des candidatures, organisé du 1er juillet au 26 août 2025, avait déjà suscité de vives polémiques. Désormais, la publication de la liste définitive, limitée à cinq noms, risque d’attiser encore davantage les tensions. Dans un pays marqué par les traumatismes des crises électorales passées, le climat politique demeure fragile.

Le Conseil constitutionnel a également rejeté la demande du PDCI, qui réclamait une révision exceptionnelle des listes électorales pour régulariser la situation de Tidjane Thiam. L’institution a rappelé que ce dossier relevait de la Commission électorale indépendante (CEI).

Ainsi, la campagne officielle s’annonce déséquilibrée : un président sortant omnipotent affrontera une opposition affaiblie et fragmentée. La Côte d’Ivoire s’achemine donc vers une élection dont l’issue paraît écrite d’avance, mais dont l’impact sur la stabilité nationale reste incertain.

Burkina Faso : l’homosexualité désormais pénalisée, le nouveau code de la famille adopté

Le Burkina Faso a adopté lundi 1er septembre 2025 un nouveau code des personnes et de la famille, qui inclut la pénalisation des pratiques homosexuelles. Cette loi prévoit des peines de deux à cinq ans de prison et des amendes pour toute personne reconnue coupable. Selon le ministre de la Justice, Edasso Rodrigue Bayala, « en cas de récidive, si l’auteur n’est pas de nationalité burkinabè, il sera expulsé du pays ».

Jusqu’à présent, aucune loi spécifique ne visait les personnes homosexuelles, qui vivent toutefois discrètement dans le pays. Le texte, qui doit encore être promulgué par le chef de la junte, Ibrahim Traoré, introduit également des modifications sur la nationalité burkinabè et l’âge légal du mariage.

Mariage et âge légal

Le code abaisse l’âge légal du mariage de 20 à 18 ans pour les filles et les garçons. Une dérogation spéciale peut être accordée dès 16 ans sur demande. De plus, les mariages coutumiers et religieux pourront être reconnus légalement, à condition que les conjoints enregistrent leur union à l’état civil.

Nationalité burkinabè

Le nouveau texte rénove aussi les conditions d’obtention de la nationalité. Par mariage, il faudra désormais attendre cinq ans, ou sept ans si l’un des conjoints réside à l’étranger. Les autres demandeurs devront attendre dix ans après avoir obtenu une carte de résidence permanente. Enfin, toute personne collaborant avec des étrangers ou des États contre « les intérêts du Burkina Faso » sera déchue de sa nationalité.

Cette réforme majeure suscite déjà de nombreux débats au Burkina Faso et pourrait avoir un impact significatif sur la vie sociale et juridique du pays.

Grand Stade d’Agadir : un bijou prêt pour la CAN 2025 et le Mondial 2030

Agadir, perle de la côte atlantique, s’est transformée en vitrine sportive du Maroc avec la rénovation du Grand Stade. Inspectée le 1er septembre 2025 par les autorités marocaines, l’enceinte se prépare à accueillir des matchs majeurs de la CAN 2025 et, à plus long terme, la Coupe du Monde 2030.

Inauguré en 2013, le Grand Stade d’Agadir affiche désormais plus de 41 500 places, des vestiaires modernisés, un gazon flambant neuf et des loges VIP prêtes à recevoir les plus grands noms du football africain et mondial. La première phase de rénovation, estimée à 450 millions de dirhams, a permis d’agrandir les parkings (désormais 4 100 places), de renforcer les infrastructures techniques et d’améliorer le confort des spectateurs.

Le stade accueillera plusieurs rencontres du groupe B, dont le très attendu Égypte-Zimbabwe le 22 décembre 2025, avant de vibrer au rythme d’un huitième de finale et d’un quart de finale en janvier 2026.

Mais l’ambition ne s’arrête pas là. Dès 2026, une deuxième phase d’investissement de plus de 2,3 milliards de dirhams portera la capacité à 46 000 places et couvrira entièrement les tribunes. Objectif : se conformer aux normes FIFA et devenir une référence pour le Mondial 2030 que le Maroc coorganisera avec l’Espagne et le Portugal.

Avec cette transformation, le Grand Stade Agadir CAN 2025 devient non seulement un écrin sportif, mais aussi un symbole du rayonnement international du Maroc.

Sidi Ould Tah prend la tête de la BAD et promet une Afrique prospère

L’économiste mauritanien Sidi Ould Tah a officiellement pris les commandes de la Banque africaine de développement (BAD) ce 1ᵉʳ septembre 2025 à Abidjan. Élu en mai dernier, il devient le 9ᵉ président de l’institution et succède au Nigérian Akinwumi Adesina.

« Je m’engage à exercer mes fonctions avec loyauté et conscience, dans l’intérêt exclusif de la Banque », a-t-il affirmé devant un parterre d’officiels.

Une vision tournée vers l’action

Dès sa prise de fonction, Sidi Ould Tah BAD a appelé à « revisiter le plan d’investissement » et à « changer de paradigme ». Il a insisté sur l’urgence d’agir face à trois défis majeurs : la baisse de l’aide publique au développement, l’endettement croissant des pays africains et l’impact du changement climatique.

Il veut renforcer les partenariats stratégiques. La présence de Rémy Rioux, président de l’Agence française de développement (AFD), illustre cette priorité. Le nouveau dirigeant de la BAD veut aussi donner à l’institution les moyens de bâtir des infrastructures solides capables de résister aux crises futures.

Soutiens politiques et confiance renouvelée

Le président ivoirien Alassane Ouattara, qui a soutenu sa candidature, a reçu de vifs remerciements. De leur côté, les gouverneurs ont confirmé leur confiance en sa vision. « Vous êtes l’homme de la situation », a déclaré Ludovic Gatsé, président du Conseil des gouverneurs.

Avec ce mandat, Sidi Ould Tah BAD entend incarner l’espoir d’une Afrique plus robuste, prospère et mieux intégrée économiquement.

Présidentiel Côte d’Ivoire 2025: Ahoua Don Mello défie Gbagbo et se pose en rival de Ouattara

C’est désormais officiel. L’ancien ministre ivoirien Ahoua Don Mello a déclaré sa candidature à la présidentielle du 25 octobre 2025, lors d’une conférence de presse tenue jeudi 31 juillet à Abidjan. Face à l’inéligibilité de Laurent Gbagbo, son ancien mentor, il entend incarner une opposition souverainiste capable de rivaliser avec le président sortant Alassane Ouattara, candidat à un quatrième mandat controversé.

Vêtu d’un costume noir sobre, Don Mello affirme : « Je déclare solennellement ma candidature à l’élection présidentielle. » Il se dit toujours fidèle à Gbagbo, mais rejette la stratégie du boycott. “Si trahir la lutte, c’est d’enlever Ouattara, eh bien, je préfère une telle trahison”, a-t-il martelé.

Révocation immédiate par Laurent Gbagbo

La réaction du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) n’a pas tardé. Dans un communiqué sec, le président exécutif du parti, Sébastien Dano Djédjé, annonce la révocation immédiate de Don Mello de ses fonctions de vice-président en charge du panafricanisme. “Bonne continuation à lui”, conclut-il sobrement.

Cette rupture illustre les tensions internes au sein du parti et surtout, les manœuvres pour l’après-Gbagbo. Plusieurs figures du PPA-CI hésitent entre loyauté absolue et affirmation anticipée.

Une lutte pour l’héritage politique de Gbagbo

Pour le politologue Netton Prince Tawa, deux lignes s’opposent. “Certains cadres misent sur la fidélité à Laurent Gbagbo jusqu’à son dernier souffle politique. D’autres, comme Ahoua Don Mello, préfèrent se positionner dès maintenant.”

Cependant, le politologue juge la candidature de Don Mello peu menaçante pour Ouattara. Son passé de militant communiste et son isolement dans l’appareil partisan ne jouent pas en sa faveur.

En parallèle, Gbagbo, Blé Goudé, Guillaume Soro et Tidjane Thiam ont tous été exclus de la course, pour des raisons judiciaires ou administratives. La voie semble donc libre pour Ouattara, sauf surprise de dernière minute.

Présidentielle 2025 : Alassane Ouattara officialise sa candidature pour un quatrième mandat

C’est désormais officiel. Le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé, ce mardi 29 juillet 2025, sa candidature à l’élection présidentielle prévue pour le 25 octobre prochain. C’est à travers un message télévisé que le chef de l’État a mis fin au suspense : « Après mûres réflexions, et en toute conscience, je vous annonce aujourd’hui que j’ai décidé d’être candidat à l’élection présidentielle du 25 octobre 2025. »

Une décision justifiée par des défis sécuritaires et économiques

Le président sortant justifie sa décision par la gravité des défis que traverse la Côte d’Ivoire : menace terroriste, incertitudes économiques, instabilité monétaire. Il affirme que « la gestion de ces enjeux exige de l’expérience » et que sa santé lui permet d’assumer un nouveau mandat. « Je veux que notre chère Côte d’Ivoire continue de demeurer un pays prospère, en paix et en sécurité », a-t-il martelé, promettant une transition générationnelle après ce mandat.

Ce nouveau cycle serait, selon lui, au service de la stabilité et de l’unité nationale. Il reconnaît toutefois que cette décision va à l’encontre de ses engagements antérieurs : « Le devoir peut parfois transcender la parole donnée de bonne foi. »

Vers un quatrième mandat controversé

Désigné fin juin candidat du RHDP, Alassane Ouattara, élu en 2010, 2015 et 2020, brigue ainsi un quatrième mandat, une décision que l’opposition juge anti-constitutionnelle. Le débat autour de la légalité et de la légitimité de sa candidature risque d’animer une campagne déjà sous haute tension.

À trois mois du scrutin, cette déclaration de candidature relance les spéculations sur la stabilité politique du pays et laisse présager une présidentielle sous haute surveillance nationale et internationale.

Afrique du Sud : le parti MK lance une motion de censure explosive contre Ramaphosa

Le parti sud-africain uMkhonto weSizwe (MK) a déposé une motion de censure contre le président Cyril Ramaphosa, l’accusant de négligence dans l’affaire impliquant le ministre de la Police, Senzo Mchunu.

Au cœur de la crise : la décision présidentielle de suspendre Mchunu, soupçonné d’ingérence politique dans le maintien de l’ordre, et de nommer Firoz Cachalia, un non-membre du cabinet, ministre de la Police par intérim. Le parti MK juge cette nomination inconstitutionnelle, estimant que Ramaphosa a ignoré la date limite du 22 juillet imposée par la juge en chef Mandisa Maya pour saisir la Cour constitutionnelle.

« Il s’agit d’un mépris flagrant des directives judiciaires », a dénoncé Nhlamulo Ndhlela, porte-parole du MK, soulignant que le silence du président érode la confiance publique à un moment où des accusations graves secouent la police, notamment au KwaZulu-Natal.

Vers un vote décisif au Parlement ?

La motion de censure Ramaphosa, transmise à la présidente de l’Assemblée nationale Thoko Didiza, appelle à un débat urgent suivi d’un vote dans les deux semaines. Le parti MK, bien qu’opposition officielle, aura besoin du soutien des autres formations du gouvernement d’unité nationale pour espérer faire tomber le chef de l’État.

Ce nouvel affrontement politique s’inscrit dans un climat de fortes tensions institutionnelles en Afrique du Sud, où la séparation des pouvoirs et le respect des décisions judiciaires deviennent des enjeux cruciaux.

Carlo Ancelotti condamné pour fraude fiscale en Espagne

La justice espagnole a tranché. L’ancien entraîneur du Real Madrid, Carlo Ancelotti, a été condamné pour fraude fiscale à un an de prison avec sursis par un tribunal de Madrid, pour des faits remontant à 2014.

Droits d’image et montages financiers en cause

Les procureurs espagnols accusaient l’entraîneur italien d’avoir dissimulé plus d’un million d’euros de revenus liés à ses droits d’image, en utilisant un système de sociétés écrans pendant son premier passage sur le banc du Real Madrid entre 2014 et 2015. Ils avaient requis quatre ans et neuf mois de prison contre lui.

Lors de son procès en avril, Carlo Ancelotti a nié toute intention de fraude, assurant qu’il n’avait pas conscience que le mécanisme mis en place pouvait constituer une évasion fiscale.

Une peine symbolique, mais une condamnation officielle

Le tribunal madrilène a jugé Ancelotti coupable pour l’année fiscale 2014, le condamnant à un an de prison et à une amende de 386 361 euros. Toutefois, aucune peine de prison ne sera purgée, la sentence étant inférieure à deux ans et l’entraîneur ne disposant d’aucun antécédent judiciaire.

Il a en revanche été blanchi pour l’année 2015, le tribunal estimant qu’il n’y avait pas assez de preuves pour retenir une fraude sur cet exercice.

Même si Carlo Ancelotti condamné pour fraude fiscale ne connaîtra pas l’incarcération, cette affaire ternit quelque peu l’image du technicien, pourtant l’un des plus respectés du football mondial. Un rappel que la célébrité ne met pas à l’abri des exigences fiscales.