Mamadou Dia évoque l’influence de Spike Lee, désigné président du jury du prochain festival de Cannes

Le cinéaste sénégalais Mamadou Dia se réjouit de la désignation de Spike Lee comme président de l’édition 2020 du Festival de Cannes (12-23 mai), disant de celui qu’il considère comme un ‘’mentor’’ et une ‘’référence [pour] toute une génération’’ qu’il ‘’n’a pas froid aux yeux’’.
Dia, interrogé par l’APS, a fait part de sa satisfaction après la décision du Festival de Cannes de faire de Spike Lee, un ‘’mentor et [une] référence [pour] toute une génération’’, président du jury de l’édition 2020 de la manifestation phare du cinéma français.
Le jeune réalisateur estime que la désignation de Spike Lee doit être mise en relation avec le déroulement de l’édition 2019 du Festival de Cannes, avec les distinctions remportées par Ladji Ly et la Franco-Sénégalaise Mati Diop.
Ly a remporté le Prix du jury pour son film ‘’Les Misérables’’, qui a été retenu, avec quatre autres films, pour le Prix du meilleur film étranger des Oscars du cinéma, aux Etats-Unis, le Grand Prix étant revenu à Mati Diop pour ‘’Atlantique’’.
Selon Mamadou Dia, actuellement à New York, aux Etats-Unis, où il vit et termine un master en cinéma, à la ‘’Tisch School of the Arts’’, le choix porté sur Spike Lee pour présider le jury du Festival de Cannes 2020 vient à son heure.
Dia considère Spike Lee, âgé de soixante-deux ans, comme ‘’un activiste qui n’a pas froid aux yeux’’, qui ‘’dit les choses comme il les sent’’. S’y ajoute qu’au regard de ses films, dit le jeune cinéaste sénégalais, ‘’il arrive à parler aux politiques, aux personnes simples et aux décideurs’’, dans un ‘’message clairement’’ exprimé.
Mamadou Dia a suivi les cours dispensés par Spike Lee pour le module ‘’Directing Stratégies’’ (stratégies en réalisation) de la New York University, lequel était axé sur ‘’les voies et moyens de faire un film et de bien le faire, le montrer’’.
‘’C’est bien qu’un cinéaste de ce genre accepte d’enseigner, car il partage ses connaissances avec des jeunes qui viennent du monde entier. A l’école, nous étions de plusieurs nationalités et venions pour étudier le cinéma avec lui, c’était une chance de l’avoir’’, témoigne le réalisateur du film ‘’Baamum Nafi’’ (Le père de Nafi, 2019), lauréat du ‘’Léopard d’or’’ du Festival de Locarno, en Suisse.
Il insiste sur l’influence de Spike Lee sur des générations de cinéastes à travers le monde, notamment en Afrique.
‘’C’est l’un des cinéastes actuels qui, de leur vivant, sont connus de la génération de nos parents, de la nôtre et de celle de nos enfants. C’est une aubaine, et j’espère que Cannes en fera un bon usage’’, a souligné Dia.
‘’C’est un encouragement pour les cinéastes du monde et d’Afrique, pour leur dire de continuer à travailler’’, ajoute le réalisateur de ‘’Samedi cinéma’’ (2016). Il signale que Spike Lee lui a permis d’utiliser gratuitement la musique de son film ‘’Malcom X’’ dans ce long métrage, son premier.
‘’Spike Lee dit souvent à l’école que le cinéma n’est pas un sprint, mais un marathon, c’est avec le temps qu’on voit le résultat’’, rapporte le jeune cinéaste sénégalais.
Le réalisateur afro-américain est vu comme quelqu’un qui aide l’Afrique, selon le directeur de la cinématographie du Sénégal, Hugues Diaz.
Mamadou Dia ‘’a été son étudiant. [Spike Lee] a été séduit par ses résultats et a dit des choses élogieuses sur son étudiant. Et il a aidé à exonérer notre pays, à travers le FOPICA (Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle), du paiement du restant de la scolarité de Dia’’, témoigne le directeur de la cinématographie.
Il ajoute que le réalisateur de « BlacKkKlansman » (2018), Grand Prix du Festival de Cannes et Oscar du meilleur scénario aux Etats-Unis, en 2018, a toujours fait part de son désir de venir au Sénégal.
‘’Il a été proposé comme invité d’honneur des dernières RECIDAK (Rencontres internationales cinématographiques de Dakar), mais son calendrier ne lui permettait pas de faire le déplacement’’, a rappelé Hugues Diaz, ajoutant : ‘’Ce n’est que partie remise, nous allons insister encore pour la prochaine fois.’’
Le réalisateur afro-américain, âgé de soxiante-deux ans, a participé pour la première fois au Festival de Cannes en 1986, dans la catégorie ‘’Quinzaine des réalisateurs’’, avec son film ‘’She’s Gotta Have It’’ (Nola Darling n’en fait qu’à sa tête), lequel avait remporté le Prix de la jeunesse.
Trois ans plus tard, son film ‘’Do the Right Thing’’ avait été retenu pour la sélection officielle. Il y a eu ensuite ‘’Jungle Fever’’ (1991), puis ‘’Girl 6’’ (1996), films projetés hors compétition, avant ‘’Summer of Sam’’, film en lice à la ‘’Quinzaine des réalisateurs’’ en 1999, puis ‘’Ten Minutes Older’’, sélectionné dans la catégorie ‘’Un certain regard’’ en 2002.
Son dernier film, ‘’BlacKkKlansman’’, a remporté le Grand Prix à Cannes en 2018 et l’Oscar du meilleur scénario.
‘’Je suis honoré d’être la première personne de la diaspora africaine à assurer la présidence du jury de Cannes et d’un grand festival’’, a dit Spike Lee dans une déclaration transmise par le Festival de Cannes à l’APS.
Selon le délégué général du festival, Thierry Fremaux, les autres membres du jury et la sélection officielle seront dévoilés mi-avril.

Spike Lee président du 73è festival de Cannes, « une bonne nouvelle » saluée par des professionnels africains du 7è art

Plusieurs cinéastes et critiques de cinéma saluent la désignation de Spike Lee comme président du jury du 73e Festival de Cannes (France) prévu du 12 au 23 mai 2020, une annonce qui, selon eux, doit être mesurée à la dimension du talent du réalisateur américain et de son statut de ‘’référence’’ en termes notamment d’ouverture du monde du 7e art sur les questions de diversité raciale.
Dans un entretien avec l’APS, ces cinéastes et critiques de cinéma évoquent ‘’cette bonne nouvelle’’ qui dénote d’une ‘’volonté d’ouverture’’ de ce grand festival international souvent tourné vers l’Europe.
‘’C’est une excellente nouvelle, Spike Lee est un grand réalisateur afro-américain qui a un rapport fort à la question raciale et à la diversité raciale, à un moment où la France et les dirigeants des sociétés de cinéma ont du mal à travailler sur cette problématique reflétant une France plurielle’’, déclare le critique sénégalais Thierno Ibrahima Dia, rédacteur en chef du site ‘’Africiné Magazine’’, spécialisé dans les cinémas africains.
M. Dia estime que cette nomination laisse espérer une ouverture plus grande du Festival de Cannes dans les années à venir, dans le sillage de la cooptation, en 2018, de l’actrice et réalisatrice burkinabè Mouna Ndiaye et de la réalisatrice américaine Ava Duvernay au sein du jury dudit festival, dans lequel avait également siégé l’acteur américain Will Smith, un an plutôt.
Spike Lee est le premier Noir à présider le jury du Festival de Cannes, qui en est à sa 73e édition.
Thierno Ibrahima Dia, qui enseigne le cinéma à l’Université Bordeaux Montaigne (France) et à Niamey (Niger), rappelle l’épisode de la montée des marches du Festival de Cannes 2018 par 16 actrices noires et métisses du mouvement ‘’Noire n’est pas mon métier’’, pour suggérer que la désignation de Spike Lee s’inscrit dans un contexte de revendication d’une plus grande ouverture du cinéma français à la diversité.
De fait, par cette montée très médiatisée des marches du Festival de Cannes en 2018, les animatrices de ce mouvement entendaient dénoncer ‘’le racisme et le manque de diversité dans le cinéma français’’.
Selon le cinéaste sénégalais Moussa Sène Absa, ‘’Spike Lee mérite d’être porté à la présidence du jury du Festival de Cannes parce que c’est quelqu’un qui compte dans le cinéma mondial’’.
‘’C’est un talent, quelqu’un qui a une lecture de notre histoire. Sa nomination est une logique, il raconte de belles histoires qui ont marqué le monde’’, argue-t-il.
Le Franco-Sénégalais Alain Gomis, double lauréat de l’Etalon d’or du Yennenga, la récompense suprême du FESPACO, le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, salue d’autant plus la désignation de Spike Lee que ce dernier l’a, dit-il, amené au cinéma.
‘’C’est quelqu’un qui m’a amené vers le cinéma, c’est une influence majeure’’, confie le réalisateur de ‘’Félicité’’, Etalon d’or de la 25e édition du FESPACO en 2017.
Mais pour Alain Gomis, cette volonté d’ouverture du cinéma français pour plus d’ouverture ‘’ne doit pas faire oublier le plus important, qui est de travailler sur les festivals en Afrique, les films qui existent sur le continent et les gens qui travaillent ici’’ dans ce secteur.
Claire Diao, journaliste et critique de cinéma, est aussi en phase avec l’idée que la désignation de Spike Lee comme président du jury du Festival de Cannes est une décision tout à fait ‘’légitime’’.
‘’C’est un réalisateur qui vient à Cannes depuis 1986, il a remporté son +Grand Prix+ en 2002, il était fâché que +Do the Right Thing+ n’ait rien obtenu en 1989. C’est quelqu’un qui a influencé le cinéma américain, afro-américain, le cinéma indépendant mondial’’, souligne Diao, par ailleurs animatrice de l’émission ‘’Ciné Le mag’’ sur la chaîne cryptée Canal+.
Claire Diao, membre du comité de sélection de la ‘’Quinzaine des réalisateurs’’ du Festival de Cannes, dit suivre depuis quelques années la carrière du cinéaste et s’attendait donc à ce qu’on lui propose de présider un jury au Festival de Cannes. D’autant plus que beaucoup de cinéastes citent Spike Lee comme leur référence, souligne-t-elle.
‘‘C’est quelqu’un qui a montré comment faire des films, s’autoproduire, croire en soi et avancer. L’industrie du cinéma s’adapte à ces combattants qui ont tenu si longtemps, il va ouvrir des voies à d’autres professionnels du cinéma’’, ajoute Claire Diao.
Le réalisateur afro-américain, âgé de soixante-deux ans, a participé pour la première fois au Festival de Cannes en 1986, dans la catégorie ‘’Quinzaine des réalisateurs’’, avec son film ‘’She’s Gotta Have It’’ (Nola Darling n’en fait qu’à sa tête), lequel avait remporté le Prix de la jeunesse.
Trois ans plus tard, son film ‘’Do the Right Thing’’ avait été retenu pour la sélection officielle. Il y a eu ensuite ‘’Jungle Fever’’ (1991), puis ‘’Girl 6’’ (1996), films projetés hors compétition, avant ‘’Summer of Sam’’, film en lice à la ‘’Quinzaine des réalisateurs’’ en 1999, puis ‘’Ten Minutes Older’’, sélectionné dans la catégorie ‘’Un certain regard’’ en 2002.
Son dernier film, ‘’BlacKkKlansman’’, a remporté le Grand Prix à Cannes en 2018 et l’Oscar du meilleur scénario.
‘’Je suis honoré d’être la première personne de la diaspora africaine à assurer la présidence du jury de Cannes et d’un grand festival’’, a dit Spike Lee dans une déclaration transmise par le Festival de Cannes à l’APS.
Selon le délégué général du festival, Thierry Fremaux, les autres membres du jury et la sélection officielle seront dévoilés mi-avril.