Tokyo : Faye et Ghazouani renforcent le partenariat Sénégal–Mauritanie

À Tokyo, les présidents sénégalais Bassirou Diomaye Faye et mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani ont réaffirmé leur volonté de renforcer le partenariat stratégique entre Dakar et Nouakchott, marqué par l’accord sur le séjour et le projet gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA).

 

En marge de la neuvième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 9), les deux chefs d’État ont tenu une rencontre bilatérale qui illustre leur ambition commune de consolider la concertation et la coopération, dans un contexte où leurs pays partagent histoire, frontières et destin.

Un nouvel accord sur la mobilité

Le rapprochement entre les deux pays s’est déjà concrétisé par la signature, le 2 juin 2025 à Nouakchott, d’un nouvel accord fixant les conditions d’entrée, de séjour et d’établissement. En effet ce texte modernise et remplace celui de 1972. Ainsi, ill facilite la circulation des personnes, simplifie les démarches pour les courts et longs séjours, réduit les frais de dossier et supprime l’obligation de justificatifs de revenus pour une première demande.

De ce fait, pour accompagner son application, le Secrétaire d’État aux Sénégalais de l’extérieur, Amadou Chérif Diouf, s’était rendu en Mauritanie fin juin. À cette occasion, il a sensibilisé les communautés sénégalaises aux nouvelles dispositions et distribué une enveloppe de 50 millions FCFA à 34 groupements et associations locales.

Le projet gazier GTA, un symbole de coopération énergétique

Autre pilier du partenariat : le projet gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA). Les présidents sénégalais et mauritanien ont visité ensemble, le 22 mai 2025, la plateforme offshore située à une dizaine de kilomètres de leurs côtes. Ce projet, piloté par BP, Kosmos Energy, Petrosen et la Société mauritanienne des hydrocarbures (SMH), a marqué une étape décisive avec le démarrage de la production en janvier et la première exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) en avril.

La phase 1 prévoit une production annuelle estimée à 2,4 millions de tonnes de GNL, destinée à la fois aux marchés nationaux et internationaux. BP souligne également les retombées positives pour l’emploi et l’économie locale : plus de 3 000 emplois créés, 300 entreprises locales impliquées depuis 2017 et 47 jeunes techniciens formés pour devenir opérateurs offshore.

Les discussions récentes à Dakar et Nouakchott ont permis d’explorer les perspectives de la deuxième phase du projet, confirmant ainsi son rôle stratégique pour l’avenir énergétique des deux nations.

Une coopération renforcée pour la stabilité régionale

À travers la rencontre de Tokyo, la mise en œuvre de l’accord sur le séjour et les avancées du GTA, Dakar et Nouakchott traduisent leur détermination à renforcer leur coopération politique, économique et énergétique. Il s’agit là d’une dynamique qui vise non seulement à consolider les liens entre les deux pays, mais aussi à contribuer à la stabilité et au développement de la région ouest-africaine.

Sénégal : Lamine Diack a rendu l’âme

Lamine Diack, ancien patron de l’athlétisme mondial condamné l’an dernier pour corruption, est mort vendredi 3 décembre à son domicile au Sénégal, a déclaré son fils. Lamine Diack a dirigé la Fédération internationale d’athlétisme entre 1999 et 2015.

Diack était retourné au Sénégal en mai, pour la première fois depuis sa mise en examen en 2015. Il avait été retenu en France pendant des années en raison d’une affaire de corruption présumée autour du dopage en Russie.

Condamné en septembre 2020

Il avait été condamné le 16 septembre 2020 à Paris, notamment pour avoir caché des cas de dopage en Russie ou retardé des sanctions contre des athlètes russes dopés en échange de financements et pour favoriser des négociations de sponsoring et de diffusion avec la Russie. Son fils Papa Massata, ex-conseiller marketing de l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (ou IAAF, pour International Association of Athletics Federations, en anglais), a lui aussi été jugé à Paris pour corruption et blanchiment en bande organisée dans cette affaire.

Le clan Diack était accusé d’avoir retardé des sanctions disciplinaires contre des athlètes russes soupçonnés de dopage en échange du renouvellement des contrats de sponsoring et de diffusion télévisuelle en vue des Mondiaux 2013 à Moscou et de fonds du pouvoir russe pour financer l’opposition au sortant Abdoulaye Wade lors de la présidentielle 2012 au Sénégal, remportée par Macky Sall.

JO de Rio, de Tokyo et des Mondiaux d’athlétisme 2017

Sa mise en examen dans une autre affaire, encore non jugée, l’avait empêché de rentrer au Sénégal. Il s’était vu confisquer son passeport dans le cadre du contrôle judiciaire imposé par les juges.

Dans ce second dossier, M. Diack avait été mis en examen le 27 mars 2019, toujours pour corruption, dans le cadre des attributions des JO 2016 à Rio et 2020 à Tokyo, mais aussi dans les processus d’attribution des Mondiaux d’athlétisme de Pékin en 2015, puis des Mondiaux 2017 et 2019, pour lesquels le Qatar était candidat.

La juge chargée des investigations avait, avant son retour au Sénégal en mai, levé son interdiction de quitter le territoire français contre le versement d’une caution de 500 000 euros correspondant à l’amende encourue, et à condition qu’il continue de répondre aux convocations judiciaires.

Un club de football sénégalais réputé, le Jaraaf de Dakar (1re Division), a vendu une partie de son patrimoine foncier pour payer la caution. M. Diack a été à deux reprises président du Jaraaf, dans les années 1970 et 2000.

Sauteur en longueur sous le maillot de l’équipe de France, puis joueur de football – sa passion – et directeur technique national de l’équipe du Sénégal après l’indépendance, en 1960 (entre 1964 et 1968), Lamine Diack a été maire de Dakar de 1978 à 1980 et député à l’Assemblée nationale du Sénégal de 1978 à 1993.