Dakar : tensions et enjeux au cœur de l’élection du nouveau maire

Ce lundi 25 août 2025, Dakar vit un moment politique sous haute tension. Les divisions au sein de Taxawu Dakar et l’attente d’une décision cruciale de la Cour suprême bousculent l’élection du nouveau maire, initialement prévue. Au cœur de cette bataille, anciens alliés et partis en embuscade s’affrontent pour contrôler l’hôtel de ville, faisant de cette journée un véritable test pour la scène politique sénégalaise.

 

Un scrutin sous haute tension

Ce lundi matin, les conseillers municipaux de Dakar sont appelés à élire le nouveau maire de la capitale sénégalaise. Mais le processus se déroule dans un climat incertain, alors que la Cour suprême doit statuer sur la suspension du scrutin suite à une requête de Barthélémy Dias.

Fractures au sein de Taxawu Dakar

La bataille pour l’hôtel de ville met en lumière les divisions internes de la coalition Taxawu Dakar et l’éclatement de Yewwi Askan Wi. Plusieurs candidatures issues du camp de Khalifa Sall affaiblissent son influence, ouvrant potentiellement la voie au parti Pastef d’Ousmane Sonko, en embuscade pour s’emparer d’un poste jamais conquis par l’APR.

Une guerre froide entre anciens alliés

Les tensions entre Khalifa Sall et Barthélémy Dias sont désormais visibles. Le camp de Barthélémy accuse celui de Khalifa de trahison, tandis que les conseillers municipaux naviguent entre loyauté et respect de la légalité. Les débats juridiques sur la validité de l’installation du maire pèsent lourd sur la scène politique.

Ngoné Mbengue, choix stratégique de Taxawu

Face à ces tensions, Taxawu Sénégal a décidé de soutenir Ngoné Mbengue, présentée comme loyale et dévouée. Son nom est désormais au centre de la course pour la mairie, et sa candidature incarne à la fois un choix stratégique et un symbole d’apaisement interne.

Procès en appel de Khalifa Sall: la mobilisation pas encore au rendez-vous

C’est reparti pour un nouveau marathon politico-judiciaire pour le maire Khalifa Sall. Deux mois après sa condamnation à 5 ans de prison, en 1er instance

La mobilisation annoncée par ses partisans n’est pas encore au rendez-vous. Ils arrivent par petits groupes et se dirigent timidement vers la grande salle 4 du palais de justice de Dakar qui est à moitié pleine, constate notre reporter sur place. Les 3 co-prévenus du maire de Dakar en l’occurrence la dame Fatou Traoré, Ibrahima Yatma Diao et Amadou Moctar Diop qui avaient recouvré la liberté, sont déjà sur place. Ils sont installés sur les sièges de devant de la première rangée à gauche. La première nommée avait fait l’objet d’une condamnation de six mois ferme. Tandis que les deux derniers nommés, une condamnation d’un an ferme. Des peines qu’ils avaient déjà purgées en détention préventive.

La sécurité n’est pas en reste. Il faut montrer patte blanche pour accéder à la salle d’audience. Plus d’une centaine de policiers et gendarmes ont mobilisés à l’intérieur comme à l’extérieur du tribunal, pour parer à toute velléité de troubles à l’ordre.

 

Justice: ouverture du procès en appel de Khalifa Sall ce mardi

Ce procès qui s’ouvre ce jour, intervient deux mois après sa condamnation à 5 ans de prison.

Toutes les parties de ce procès ont fait appel : le maire de Dakar, qui est en prison depuis mars 2017, a été reconnu coupable d’escroquerie et non de détournements de deniers publics. L’Etat, qui demandait des dommages et intérêts, a été débouté et le parquet estime que les peines ne sont pas suffisantes. Ce procès en appel s’annonce donc, comme en première instance, très politique.

Cette première audience doit permettre de fixer les règles du jeu. Les avocats doivent notamment se constituer. La défense, qui va chercher à jouer la montre, demandera visiblement un renvoi pour des questions d’organisation. « Nous restons confiant à l’image du maire, nous explique maître El Mamadou Ndiaye, parce que nous considérons que ce procès n’en est pas un : le dossier a été enrôlé dans une précipitation que l’on ne parvient pas à comprendre. Aujourd’hui, on travaille à faire du temps de la justice le temps du politique… »

Pour les avocats de l’Etat du Sénégal, ce procès en appel est crucial. Car l’Etat qui s’estime lésé et demandait des dommages et intérêts a été débouté en première instance. Maître Baboucar Cissé compte bien avec ses confrères dont certains venus spécialement de Paris prouver qu’il y a bien eu préjudice.

« Nous sommes parties civiles, cette constitution de partie civile elle est fondée parce que l’Etat participe aussi au budget de la ville de Dakar donc l’Etat peut demander réparation du préjudice qu’il a subi et nous allons le prouver devant la cour !»

A moins de huit mois de la présidentielle, ce procès en appel de Khalifa Sall -qui peut toujours être candidat à cette élection, va quoi qu’il arrive raviver les tensions au sein de la classe politique.