Des pelleteuses s’attaquent au marché Sandaga (Dakar)

De lourds engins de chantier ont entamé dimanche la destruction du célèbre marché Sandaga, poumon de l’économie informelle en plein cœur de la capitale sénégalaise, afin qu’il puisse être reconstruit et modernisé.

La grande halle, bâtiment d’architecture soudano-sahélienne construit en 1933 où des centaines d’étals proposaient des produits en tous genres, de l’alimentation à l’artisanat, avait déjà dû être fermée en 2013 pour raisons de sécurité, ses structures ayant notamment été fragilisées par plusieurs incendies.

En présence des autorités de l’Etat sénégalais et de la ville, trois pelleteuses ont commencé à détruire en début de soirée les dizaines de boutiques de fortune qui avaient depuis lors proliféré au pied de l’édifice, sous le regard de quelques dizaines de badauds maintenus à l’écart par un important dispositif policier.

Soulevant d’épais nuages de poussière, les engins ont entrepris de verser dans des camions à benne un mélange de gravats, de poutres et tôles ondulées.

Les commerçants, dont les boutiques débordaient sur les rues avoisinantes, avaient auparavant plié bagages, après un ultime délai accordé par le chef de l’Etat, Macky Sall, pour que puisse se dérouler sans encombre la grande fête de l’Aïd al-Adha, célébrée vendredi.

La plupart, qui occupaient sauvagement la chaussée, « sont en train de s’installer au Champ de course », dans un quartier moins central de la capitale, où quelque 500 échoppes doivent les accueillir le temps des travaux, qui doivent durer deux ans, a expliqué à l’AFP le maire de Dakar-Plateau, Alioune Ndoye.

– « Reconstruire à l’identique » –

 

Marché iconique à la limite de l’ancien quartier colonial et de zones plus populaires, Sandaga a été pendant près d’un siècle l’un des principaux centres du commerce à Dakar, fréquenté quotidiennement par les Dakarois, les Sénégalais de l’intérieur, des ressortissants de la sous-région et de nombreux touristes à la recherche d’objets artisanaux.

« Il ne tenait plus debout et nous avons donc décidé de le raser, pour le reconstruire à l’identique en le modernisant et en ajoutant un parking sous-terrain », a précisé M. Ndoye.

Le marché « Sandaga ne peut plus continuer dans son état actuel fait d’insécurité, d’occupation irrégulière de la voie publique et d’insalubrité. S’il y a des problèmes, les sapeurs pompiers ne peuvent même pas accéder à l’intérieur. Le jour où il y aura une catastrophe, les gens vont demander où étaient les autorités », a aussi récemment justifié le ministre de l’Urbanisme, Abdou Karim Fofana, également présent dimanche soir aux abords du marché.

Boubacar Dieng, un boulanger de 47 ans, observait d’un bon oeil le ballet des engins de chantier depuis le pas de sa porte, juste en face du marché.

« C’est bon, il n’y a pas de problème, parce que c’était devenu très sale, pas joli. Et puis il y avait le risque d’agressions par les bandits qui occupaient le bâtiment abandonné », a-t-il témoigné.

Le marché Sandaga rénové avant la fin de l’année

Deux jours après l’incendie qui s’était déclaré dans un magasin de tissus à Sandaga, le ministre du Commerce Alioune Sarr, s’est rendu sur les lieux. Accompagné de ses collaborateurs, il est allé au chevet L. Sidy Mohamed, le propriétaire du dépôt.

« Nous constatons avec beaucoup d’amertume les dégâts. Je viens pour compatir et suis venu leur dire que le gouvernement va les accompagner, mais aussi rappeler la nécessité pour les commerçant de souscrire à une assurance », a déclaré Alioune Sarr. Qui a profité de l’occasion pour annoncer la reconstruction du marché Sandaga.

« Le Plan d’architecture a déjà été validé. Dans les semaines à venir, nous allons inviter les acteurs concernés pour une présentation du projet ». Et d’annoncer que les fonds sont déjà disponibles et que les travaux seront lancés avant la fin de l’année.

L. Sidy Mohamed, propriétaire du magasin de tissus a fait estimé l’ampleur des dégâts. « On parle d’un court-circuit. Mais cela n’a pas été vérifié. Je ne peux pas estimer exactement la valeur du préjudice, mais je peux dire que cela varie entre 100 et 150 millions de nos francs. Le dépôt n’est généralement jamais rempli. Mais, il se trouve par hasard que c’est tout dernièrement qu’on a amené des conteneurs. Et dans le dépôt de 300 à 400 m2, il y avait beaucoup de papiers et de produits textiles », a-t-il dit.