Le Gouvernement lève l’interdiction du transport interurbain et réduit la durée du couvre-feu au Sénégal

Alors que plusieurs localités, notamment la ville sainte de Touba ont été secouées par des manifestations contre le couvre-feu au Sénégal, les transporteurs ont finalement vu les restrictions qui contraignaient leurs activités, levées.

En effet, le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, a annoncé jeudi plusieurs mesures d’‘’assouplissement’’ de l’état d’urgence sanitaire, dont la levée de l’interdiction du transport interurbain et une réduction de la durée du couvre-feu au Sénégal, qui est désormais fixée entre 23 heures et 5 heures.

A la suite de l’autorisation de la reprise du transport urbain, les gares routières devraient reprendre leurs activités à partir de dimanche 7 juin, a précisé son collègue chargé des Transports terrestres, Oumar Youm, lors d’un point de presse donné conjointement avec leurs collègues chargés de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop.
Selon M. Youm, les horaires d’ouverture et de fermeture des gares routières seront fixés de concert avec les acteurs des transports.
Les restaurants et les salles de sport sont désormais autorisés à reprendre leurs activités, a également annoncé Aly Ngouille Ndiaye, ajoutant que l’interdiction des bars et des plages reste en vigueur.
Le port du masque reste obligatoire, de même que le respect de la distanciation sociale, la distance physique minimale d’un mètre requise entre les personnes fréquentant les endroits publics.
Le gouvernement recommande au personnel des restaurants de prendre des mesures – la commande en ligne, par exemple – permettant à leur clientèle d’éviter les rassemblements dans ces espaces.
M. Ndiaye assure que les autorités gouvernementales sont disposées à discuter avec les populations de toutes les mesures permettant de ‘’relancer l’économie’’, qui a été sévèrement affectée par les mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence en vigueur depuis le 24 mars, notamment l’interdiction du transport interurbain.
Selon le ministre de la Santé et de l’Action sociale, 4.021 cas de coronavirus ont été recensés au Sénégal depuis le 2 mars, 2.162 patients ont recouvré la santé, 45 en sont décédés. A ce jour, 1.813 personnes se font soigner dans 27 centres dédiés au traitement du Covid-19.
Abdoulaye Diouf Sarr indique que 49.090 tests de coronavirus ont été effectués au Sénégal, avec un taux de positivité de 7,36%.
Le taux de létalité – le rapport du nombre de décès causés par le Covid-19 sur l’effectif des personnes infectées – est au Sénégal de 1,12%, ‘’largement en dessous de la moyenne africaine et mondiale’’, selon Abdoulaye Diouf Sarr.

 

La presse sénégalaise se fait l’écho de la grogne sociale

Les journaux sénégalais, reçus jeudi à APA, traitent principalement des heurts constatés ces derniers jours dans des villes du pays où la prolongation de l’état d’urgence assorti d’un couvre-feu agace certains jeunes.EnQuête indique que « le virus embrase la rue » avec des manifestations contre les restrictions dans le transport interurbain. Ce journal ajoute qu’ « après les populations de Touba (centre), Diourbel (centre), Mbacké (centre), Thiès (ouest)…, c’était hier au tour de celles de Dakar de sortir dans les rues. Ça a chauffé (dans la soirée) à Grand-Yoff, Niarry Tally et Grand-Dakar ».

Pendant ce temps, EnQuête rapporte que « les auditions se poursuivent à Mbacké, Touba et Diourbel où des jeunes (ayant) manifesté pour la levée du couvre-feu ont été interpellés. Ils seront déférés au parquet ».

Cité par Sud Quotidien, Thierdo Mouride Sadikh de l’Association islamique pour servir le soufisme déclare : « Ce qui s’est passé à Touba est un fait inédit. (Dans) cette ville (religieuse), les gens ont l’habitude d’encaisser beaucoup de choses. Il faut vraiment que le chef de l’Etat puisse revoir, avec ses techniciens de la santé et son ministre de l’Intérieur, leurs (décisions) et les mesures d’accompagnement qui vont permettre aux gens de reprendre leurs activités ».

L’AS souligne que « la révolte gagne la capitale ». En effet, fait savoir ce quotidien, « l’état d’urgence imposé par les autorités gouvernementales n’est plus du goût de (certains) Sénégalais. Dans plusieurs quartiers de Dakar, les jeunes sont descendus dans les rues en brûlant des pneus ».

« Dakar (est) en feu », s’exclame Vox Populi. Dans quelques communes, « les jeunes (ont contraint) les forces de l’ordre à des courses-poursuites sans fin, à user de grenades lacrymogènes et même à jouer aux (sapeurs) pompiers pour (dégager) des routes en éteignant (les feux) ».

En tout cas, « le feu couve », renchérit Le Quotidien, non sans mentionner que cette « situation montre la défiance qui escorte de plus en plus les décisions des autorités ». Pour sa part, L’Observateur annonce que « le garçon heurté par une voiture de la Police (à Kaolack, centre) est dans un état critique ».

Dans les colonnes de ce journal, Moussa Diaw, professeur de Sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (UGB, nord) met en garde : « l’Etat doit adapter (sa) stratégie à certaines réalités, de manière à alléger cette pression sociale qui pèse sur la population. Si on ne désamorce pas la bombe, ça risque d’imploser socialement et on (peut) avoir une situation incontrôlable ».

Pour calmer les manifestants, Le Soleil renseigne qu’on se dirige « vers la levée des restrictions » sur les transports. Lors du Conseil des ministres tenu hier mercredi, le président de la République Macky Sall, « confirmant la stratégie d’assouplissement graduel des mesures restrictives, a instruit le ministre des Transports terrestres et aériens en relation avec le ministre de l’Intérieur, de travailler avec les partenaires du secteur des transports, à la levée des restrictions selon des modalités à convenir ».

Sur un tout autre sujet, le quotidien national fait un focus sur « les raisons de la libération de (Seydina Fall) Bougazelli ». Le Soleil précise que « le juge Samba Sall est convaincu par les arguments de la défense selon lesquels, la détention de leur client n’est plus nécessaire à la manifestation de la vérité. Il s’y ajoute que le responsable (de l’Alliance Pour la République, parti au pouvoir) a une santé fragile ».

« La sixième demande a été la bonne puisque le Doyen des juges lui a accordé la liberté provisoire, conformément au réquisitoire du parquet. (Toutefois), l’ex-député fait l’objet d’un contrôle judiciaire puisque la procédure pour laquelle il a été écroué, va suivre son cours », précise Le Soleil.

Bougazelli a été arrêté le 14 novembre dernier, à la station d’essence de Ngor (commune de Dakar), par des éléments de la section de recherches de la Gendarmerie avec 32 millions en faux billets.

Covid-19: Émeutes et manifestations pour réclamer la fin du couvre-feu au Sénégal

La nuit du mardi à mercredi a été mouvementée. Alors que le bilan Covid-19 du Sénégal tend vers les 4000 cas, le pays doit également faire face à d’autres perturbations. La ville de Touba est en effet, le théâtre de manifestations de la population, avec à sa tête les transporteurs.

Et pour cause, les transporteurs se plaignent de l’inactivité qui règne depuis l’instauration de l’état d’urgence avec son corollaire d’inconvénients. Deux mois que ces derniers ne peuvent pas travailler comme avant, en raison de l’interdiction de déplacements interurbains. Ils ont donc décidé de manifester leur mécontentement par une grève de 48 heures. La grève annoncée par syndicalistes du transport routier du Sénégal ne s’est malheureusement pas déroulé comme prévu.

Les artères de la ville sainte ont été barrées. Des pneus brûlés à Mbacké, les villes de Thiès et Tamba n’ont pas été en reste. Des scènes sur fond d’affrontements avec les forces de l’ordre.

Informé de la situation, le khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké,  a dû se présenter à la télévision au milieu de la nuit, pour demander l’arrêt des manifestations dans sa ville, qui rappelons-le, est le 2ème foyer d’infections en terme de personnes déclarées positives à la Covid-19 au Sénégal.