+609% en 2026 pour l’industrie et la lutte contre la vie chère

Le ministre sénégalais du Commerce et de l’Industrie va connaître une révolution budgétaire en 2026. Examiné ce mardi à l’Assemblée nationale, son projet de budget s’élève à 355,9 milliards de francs CFA en autorisations d’engagement, représentant une augmentation spectaculaire de 305,7 milliards FCFA, soit une hausse de 609,62% par rapport à 2025.

Un budget multiplié par trois

Le ministère dirigé par Serigne Guèye Diop disposera ainsi du triple de son budget 2025, qui était de 50,1 milliards FCFA. Cette envolée budgétaire s’explique par la mise en œuvre de cinq programmes stratégiques visant à transformer l’économie sénégalaise.

Les cinq piliers de cette envolée budgétaire

  1. Développement des pôles industriels (109 milliards FCFA)
    Le programme le mieux doté vise à créer des filières industrielles compétitives, avec pour objectif de renforcer la production locale et la valeur ajoutée.

  2. Lutte contre la vie chère (33,1 milliards FCFA)
    Une enveloppe significative est consacrée à l’accessibilité des produits, la modernisation du commerce et le contrôle des prix pour protéger le pouvoir d’achat des Sénégalais.

  3. Défense commerciale internationale (2,2 milliards FCFA)
    Ce programme vise à mieux positionner le Sénégal sur les marchés extérieurs et à protéger les intérêts commerciaux du pays.

  4. Soutien aux PME/PMI (3,3 milliards FCFA)
    Un budget dédié à l’accompagnement et au financement des petites et moyennes entreprises, moteur de l’emploi et de l’innovation.

  5. Pilotage du ministère (2,4 milliards FCFA)
    Pour la gestion et la coordination des secteurs sous la tutelle du ministère.

Une ambition économique affirmée

Cette augmentation historique traduit la priorité accordée par l’État au développement industriel et à la régulation du marché. La députée Marie Hélène Ndoffène Diouf, rapporteure de la commission des finances, a présenté ce budget comme un investissement nécessaire pour « moderniser le commerce » et « rendre compétitive l’industrie sénégalaise ».

Les parlementaires devront maintenant voter ce budget qui, s’il est adopté, marquera un tournant dans la politique économique du Sénégal, avec des moyens considérables mis au service de la souveraineté industrielle et de la protection des consommateurs.

Thiaroye : la mémoire comme combat panafricain

Le camp militaire de Thiaroye, ce 1er décembre, n’est plus seulement un lieu de recueillement. Sous le soleil de Dakar, il est devenu une tribune. Une tribune d’où le Pr Mamadou Diouf, président du Comité pour la commémoration du massacre des tirailleurs sénégalais, a lancé un appel qui dépasse les frontières du Sénégal et du temps.

Face au président Bassirou Diomaye Faye, au président gambien Adama Barrow, et aux représentants de tous les pays dont étaient originaires les tirailleurs, le professeur a exigé une « relecture courageuse » de la tragédie de 1944. Soixante-douze ans après les faits, quatre-vingt-un ans après les balles françaises, le temps est venu, dit-il, de « rétablir la vérité » et de construire une mémoire panafricaine assumée.

Inscrire la date, réécrire l’histoire

Le premier acte de cette bataille mémorielle est officiel : le 1er décembre est désormais inscrit dans le calendrier républicain sénégalais, sur décision du président Faye. Pour Diouf, cette décision n’est pas symbolique, elle est stratégique. Elle permet d’« entretenir la mémoire, interroger les archives, confronter l’histoire aux fabulations, traquer les mensonges ». Autrement dit, d’empêcher que le récit colonial ne reste le récit dominant.

Car les zones d’ombre persistent. Qui étaient vraiment ces 1 200 à 1 800 hommes abattus pour avoir réclamé leur solde ? D’où venaient-ils exactement ? Le Pr Diouf le rappelle : ces « tirailleurs sénégalais » venaient de 17 territoires coloniaux, du Bénin au Burkina Faso, du Mali à Madagascar. Leur mémoire, affirme-t-il, doit donc être panafricaine.

Reconnaissance, excuses, réparations : le triptyque de la justice mémorielle

Le cœur du discours de Mamadou Diouf est un appel à l’action, adressé aux États africains. Il les exhorte à s’unir pour exiger trois choses des anciennes puissances coloniales :

  1. La reconnaissance officielle des crimes coloniaux, en commençant par le massacre de Thiaroye.

  2. Des excuses publiques et sans équivoque.

  3. L’ouverture de discussions sur les réparations dues aux victimes et à leurs descendants.

Cette exigence s’inscrit dans ce qu’il appelle la « démocratie mémorielle », un pilier de la politique étrangère du Sénégal. Il ne s’agit pas de ranimer la haine, mais d’établir la justice comme fondement d’une relation nouvelle.

De Thiaroye à une « constellation mémorielle » africaine

L’ambition du Pr Diouf est plus large encore. Il ne veut pas que Thiaroye reste un événement isolé, commémoré une fois par an. Il veut en faire le noyau d’une « constellation historique et mémorielle » qui rayonne sur toute l’Afrique de l’Ouest, sur le continent, et sur les anciens espaces coloniaux.

LIRE AUSSI : https://www.journaldusenegal.com/thiaroye-laube-du-sang-la-memoire-retrouvee-dun-massacre-colonial/

Le Livre blanc sur le massacre, actuellement en cours de finalisation, doit selon lui servir de socle à un vaste programme : recherches historiques approfondies, créations artistiques, initiatives pédagogiques en langues nationales. L’objectif est clair : ancrer cette mémoire dans la chair vive des peuples, pour les générations futures.

Une cérémonie sous haute présence diplomatique

La solennité de l’appel était à la hauteur de l’assistance. Avant de rejoindre le camp, le président Faye s’était recueilli au cimetière des tirailleurs, une gerbe de fleurs à la main. À ses côtés, le président Barrow et des délégations de nombreux pays frères. Le Premier ministre Ousmane Sonko, le président de l’Assemblée Malick Ndiaye, le gouvernement, le corps diplomatique, l’armée : tous étaient là.

Cette présence massive envoie un signal. Elle dit que la mémoire de Thiaroye n’est plus une affaire d’anciens combattants ou d’historiens. Elle est devenue une cause d’État, et même une cause continentale.

Quatre-vingt-un ans après, les balles de Thiaroye résonnent encore. Non plus comme un bruit de guerre, mais comme un appel à la vérité, à la justice et à une mémoire enfin partagée. Le Sénégal, par la voix du Pr Diouf, a fixé le cap : la réconciliation avec le passé passe par une reconnaissance sans fard des crimes coloniaux. Le chemin sera long, mais il est désormais tracé.

Thiaroye, l’aube du sang : la mémoire retrouvée d’un massacre colonial

Le ciel de Dakar était encore noir, strié seulement des premières lueurs de l’aube, quand les détonations ont déchiré le silence du camp de Thiaroye, ce 1er décembre 1944. Ce matin-là, ce ne sont pas des balles ennemies qui ont frappé, mais celles de l’armée française, la même pour laquelle ces hommes s’étaient battus. Entre 1 200 et 1 800 Tirailleurs, revenus des champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale, tombaient sous les coups de 1 200 soldats et gendarmes coloniaux. Leur crime ? Réclamer le paiement de leur solde et des indemnités promises.

Près de quatre-vingt-un ans plus tard, lundi, le sol de Thiaroye vibre à nouveau sous les pas des dignitaires, mais aussi sous les pinceaux méticuleux des archéologues. Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye accueille son homologue gambien Adama Barrow pour une commémoration qui dépasse le seul souvenir. Elle est devenue, sous l’impulsion de Dakar, une quête acharnée de vérité, une exhumation littérale et symbolique d’une histoire trop longtemps ensevelie.

Lors d’un récent Conseil des ministres, le chef de l’État a été clair : il faut « rétablir la vérité » et « prendre toutes les dispositions pratiques » pour que cette mémoire ne s’efface plus. Un Comité de Commémoration, installé le 14 novembre, a un mandat précis : suivre les engagements de l’État, réhabiliter le site, diffuser un Livre Blanc et, surtout, inscrire cette page tragique dans les manuels scolaires.

Et la vérité, justement, refait surface, grain de sable par grain de sable. Les fouilles archéologiques menées sur place ont livré des résultats « extrêmement encourageants », selon le Pr Moustapha Fall, président de la sous-commission archéologie. Les découvertes sont aussi précises qu’accablantes.

La première révélation : les 34 tombes officielles, ce chiffre avancé pendant des décennies par l’administration coloniale pour minimiser l’horreur, seraient « une mise en scène ». Les archéologues ont confirmé l’existence de sépultures réelles, mais leur nombre et leur nature suggèrent une tragédie bien plus vaste et plus complexe. Ils ont découvert la présence de gradés parmi les victimes, identifiables par leurs insignes militaires, ainsi qu’un individu retrouvé… enchaîné. Pire encore, les analyses des sépultures révèlent « plusieurs types de pratiques d’enterrement », laissant entendre, selon les experts, « plusieurs types de massacre » – une violence méthodique et plurielle.

Ces hommes, étiquetés « Tirailleurs sénégalais », étaient pourtant les fils d’un empire colonial déchu. Ils venaient de 17 territoires africains, des terres qui sont aujourd’hui le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Guinée, Madagascar, le Mali, le Niger, le Tchad et bien d’autres. Leur histoire est panafricaine, et leur mémoire le devient tout autant.

Le président Faye a transformé cette commémoration en projet structurant pour la nation et le continent. Cinq mesures stratégiques ont été annoncées : ériger un mémorial digne de ce nom à Thiaroye, créer un centre de documentation, baptiser rues et places, intégrer l’événement dans les programmes éducatifs et, marque forte, célébrer chaque 1er décembre une « Journée du Tirailleur ».

L’année dernière, la première édition officielle de cette journée avait déjà marqué les esprits, réunissant les présidents de Mauritanie, des Comores, de Gambie, de Guinée-Bissau et du Gabon. L’événement avait connu, selon les autorités, « un succès exceptionnel et un retentissement mondial ».

Aujourd’hui, alors que les derniers survivants ont disparu, c’est la terre elle-même qui témoigne. Chaque artefact exhumé – un bouton d’uniforme, un fragment d’os, une chaîne rouillée – est une parole contre l’oubli et le mensonge officiel. Le récit de Thiaroye n’est plus seulement une histoire à raconter ; c’est une preuve à exhiber, une mémoire à réparer.

La commémoration de ce lundi n’est donc pas un simple hommage. C’est l’acte II d’un long travail de justice mémorielle. Après l’aube sanglante de 1944, le Sénégal et ses partenaires africains ouvrent, pierre après pierre, preuve après preuve, une nouvelle journée dédiée à la lumière de la vérité.

L’Afrique aux commandes de son ciel

Dakar, – Ce vendredi, dans une salle où se dessine l’avenir aéronautique du continent, le Premier ministre Ousmane Sonko ouvrait la 76ᵉ réunion extraordinaire du Comité des ministres de l’ASECNA. Face aux représentants des États membres, il a tracé une voie exigeante : celle de la souveraineté technologique africaine.

« L’ASECNA a largement prouvé que la coopération interafricaine n’est pas un slogan, mais une réalité opérationnelle, mesurable et performante », a-t-il affirmé. Derrière ces mots, une conviction : la mutualisation des systèmes de communication, de surveillance et de navigation aérienne – y compris satellitaires – démontre que l’autonomie technologique du continent est à portée de main. Pourvu qu’elle s’appuie sur « la coopération, la formation et la discipline collective ».

Mais le défi est de taille. Face aux évolutions rapides des technologies aéronautiques, des services satellitaires et de l’intelligence artificielle, l’Afrique ne peut plus se contenter d’être une simple utilisatrice. Elle doit devenir « productrice d’innovation ». Un impératif qui place l’ASECNA en première ligne pour « garantir une navigation aérienne moderne, sûre et souveraine ».

Dans ce combat pour l’indépendance stratégique, le Sénégal a réaffirmé son rôle de partenaire « engagé, loyal et déterminé ». La tenue régulière de ces réunions stratégiques à Dakar n’est pas un hasard. Elle incarne l’engagement du pays, « sous le leadership du Président Bassirou Diomaye Diakhar FAYE, à œuvrer pour une Afrique maîtresse de ses infrastructures critiques ».

Alors que les travaux se poursuivent, un cap est fixé : faire du ciel africain un espace de souveraineté, de sécurité et d’innovation. La route est encore longue, mais les commandes sont désormais entre les mains du continent.

TikTok déclare la guerre aux fakes en Afrique de l’Ouest

DAKAR – Les chiffres, tombés lors du premier sommet sur la sécurité de TikTok en Afrique de l’Ouest, donnent le vertige. 34 millions de vidéos supprimées dans la région depuis janvier 2024. 8,3 millions rien qu’au deuxième trimestre 2025. Derrière ces statistiques se cache une bataille silencieuse que la plateforme chinoise livre contre les contenus dangereux et les manipulations politiques.

Réunis hier à Dakar, responsables de TikTok, activistes numériques et représentants gouvernementaux ont dressé un constat sans appel : l’Afrique de l’Ouest est devenue un champ de bataille numérique où désinformation et campagnes d’influence clandestines prospèrent. Preuve en est l’opération démantelée en mars 2025 au Togo : 129 comptes manipulant les discours politiques dans toute la sous-région, jusqu’en France.

Une modération qui s’africanise

« Bien qu’ayant une étendue globale, chacune de nos actions reste profondément ancrée dans le contexte local », assure Duduzile Mkhize, responsable du programme Outreach & Partnerships pour l’Afrique subsaharienne. Un aveu : les algorithmes conçus en Californie peinent parfois à comprendre les subtilités culturelles ouest-africaines.

D’où la présence d’Aisha Dabo, activiste sénégalaise et membre du Conseil consultatif de la sécurité de TikTok. « Ce sommet met en lumière des solutions africaines aux défis numériques », souligne-t-elle, défendant l’intégration d’expertise locale dans les politiques de modération.

Le Sénégal, laboratoire de la modération

Les chiffres spécifiques au Sénégal sont éloquents : 2,5 millions de vidéos supprimées en un an, plus de 16 000 sessions LIVE interrompues. Des données qui reflètent l’intense activité numérique dans un pays où TikTok est devenu une arène politique à part entière.

Habibou Dia, représentant du gouvernement sénégalais, salue l’initiative : « Ce forum collaboratif nous dote d’outils essentiels pour concilier innovation numérique et protection de nos citoyens. » Un enjeu crucial alors que les élections approchent dans plusieurs pays de la région.

L’arme de l’intelligence artificielle

La modération repose largement sur l’automatisation : 87 % des suppressions en Afrique de l’Ouest sont effectuées de manière proactive, avant même tout signalement. À l’échelle mondiale, les chiffres du deuxième trimestre 2025 montrent l’ampleur du dispositif : 189 millions de vidéos supprimées, 76,9 millions de comptes fake éradiqués.

Pour la première fois, TikTok dévoile également des données sur les LIVE : plus de 2,3 millions de sessions ont fait l’objet de mesures, touchant plus d’un million de créateurs. Une manière de encadrer la monétisation et d’éviter les dérives en direct.

Alors que l’Afrique devient un terrain crucial pour les géants du numérique, TikTok tente de prendre les devants. Reste à savoir si cette offensive sécuritaire suffira à contenir la vague de désinformation qui menace les démocraties ouest-africaines. La bataille ne fait que commencer.

790 kg de chanvre saisis en 48 heures, les trafiquants fuient dans la nuit

FATICK – La nuit était leur alliée, le silence leur complice. Mais dans l’ombre, les gendarmes veillaient. En moins de 48 heures, la Brigade territoriale de Fimela a porté un coup sévère au trafic de stupéfiants dans la région de Fatick, mettant la main sur 790 kilogrammes de chanvre indien. Deux opérations successives qui révèlent l’ampleur d’un trafic rural insoupçonné.

Premier acte : la filature discrète de Pethie Makha

Tout commence dans la nuit du 17 novembre, à minuit quarante-huit précises. Sur la foi d’un renseignement faisant état d’un « débarquement », les gendarmes se déploient dans le village de Pethie Makha, commune de Tataguine. La stratégie est patiente, presque silencieuse : un dispositif de filature permet de suivre « tranquillement » des charretiers jusqu’au lieu de rendez-vous avec le présumé propriétaire de la marchandise.

Le butin est considérable : 19 colis soigneusement dissimulés sous des arbustes, pesant au total 580,42 kilogrammes. Mais dans la confusion, les suspects – charretiers et commanditaire – prennent la fuite « vers une direction inconnue après une longue poursuite ». La terre rouge de Pethie Makha garde le secret de leur évasion.

Deuxième acte : l’interception express à Faoye

La même brigade enchaîne presque immédiatement. Dans la soirée, une nouvelle alerte les dirige vers le village de Faoye, dans la commune de Djilasse. Même scénario : des trafiquants tentent d’acheminer leur cargaison. Mais cette fois, l’interception est plus rapide.

Le bilan : sept colis supplémentaires, pour 210 kilogrammes, et une charrette abandonnée dans la précipitation de la fuite. Les mulets sont restés sur place, témoins silencieux d’un trafic qui préfère sacrifier son matériel plutôt que de faire face à la justice.

Le trafic rural, nouvel angle mort ?

Ces deux saisies éclairent d’un jour nouveau les routes de la drogue au Sénégal. Loin des grandes villes et des ports, ce sont désormais des villages comme Pethie Makha et Faoye qui deviennent des plaques tournantes. Le mode opératoire est rustique mais efficace : charrettes, chemins de brousse, complicité silencieuse.

Les 790 kg saisis en moins de deux jours dessinent les contours d’un trafic à grande échelle, capable de faire transiter des centaines de kilos à travers la campagne sénégalaise. Les gendarmes de Fimela ont coupé une artère majeure, mais la lutte continue. Dans l’ombre, d’autres charrettes attendent peut-être leur heure.

Dakar déploie ses ailes : la révolution MAX d’Air Sénégal

Dubaï. – Sous les lumières du Dubai Air Show 2025, Air Sénégal a officialisé un tournant stratégique. Ce lundi, en présence du ministre des Transports, Yankoba Diémé, la compagnie nationale a signé la commande ferme de neuf Boeing 737-8 MAX. C’est le plus important achat d’appareils de son histoire et son premier retour chez Boeing depuis 2004.

Cette décision dépasse le simple renouvellement de flotte. Elle reflète l’ambition d’Air Sénégal : transformer Dakar en hub aérien ouest-africain et élargir son réseau vers de nouveaux horizons.

Une flotte moderne pour conquérir de nouveaux cieux

Le Boeing 737-8 MAX n’est pas un avion comme les autres. Il transporte jusqu’à 178 passagers sur 6 480 kilomètres, tout en réduisant la consommation de carburant de 20 %, les émissions de CO₂ de 20 % et le bruit de 50 %.

Grâce à ces appareils, Air Sénégal ne modernise pas seulement sa flotte, elle prépare son expansion internationale. La compagnie prévoit de desservir l’Europe, le Moyen-Orient et les Amériques. Sa stratégie est claire : atteindre des villes secondaires en contournant les hubs saturés, pour offrir des vols directs là où la concurrence hésite encore.

Un pari sur l’avenir du transport aérien africain

Pour Tidiane Ndiaye, Directeur Général d’Air Sénégal, cette commande marque un tournant. « Cette initiative renforce notre flotte et soutient l’expansion de notre réseau, tout en consolidant Dakar comme hub régional », affirme-t-il.

Du côté de Boeing, l’enthousiasme est partagé. Brad McMullen, vice-président senior des ventes commerciales, se dit « impatient d’accueillir Air Sénégal dans la famille 737 MAX et de soutenir ses ambitions de croissance ».

Le moment est stratégique. Selon Boeing, l’Afrique aura besoin de plus de 1 200 nouveaux avions dans les vingt prochaines années, dont 70 % de monocouloirs. Air Sénégal se positionne donc comme un acteur pionnier d’un marché en pleine expansion.

Depuis sa création en 2016 et ses débuts opérationnels en 2018, la compagnie s’est imposée comme un acteur crédible et ambitieux. Basée à l’aéroport international Blaise Diagne, elle symbolise modernité et ouverture. La modernisation de la flotte améliore l’expérience passager, renforce la compétitivité et contribue au développement économique du Sénégal.

Dans le ciel ouest-africain, un nouveau leader se dessine. Et ses ailes s’appellent désormais le MAX.

Khombole accueille le premier observatoire d’Afrique de l’Ouest

C’est une première pierre pour les étoiles. Jeudi, à Khombole, dans la région de Thiès, le Sénégal a officiellement lancé la construction de l’Observatoire astronomique du Sénégal (OAS). Une infrastructure unique en son genre en Afrique de l’Ouest, conçue pour être bien plus qu’un simple dôme abritant un télescope. Elle ambitionne de devenir un phare scientifique, un levier de développement et la voix de l’Afrique dans le grand concert de la recherche astronomique mondiale.

Sous la présidence du ministre directeur de cabinet du président de la République, Mary Teuw Niane, et porté par la vision du directeur général de l’Agence sénégalaise d’études spatiales (ASES), Maram Kaïré, le projet est né. « Aujourd’hui, nous entamons la construction d’une infrastructure au service du progrès et du développement », a déclaré ce dernier, dévoilant les ambitions d’un site qui s’étendra sur deux hectares.

Un hub scientifique aux multiples facettes

L’OAS ne sera pas un lieu de recherche isolé. Pensé comme un écosystème complet, il se veut « à la fois un centre de recherches de haut niveau, un institut de formation scientifique en astronomie et astrophysique, un espace de vulgarisation et d’innovation et un levier de développement local et national ».

En son cœur, battra un instrument de précision : un grand télescope de 600 millimètres, accompagné de plusieurs télescopes de 300 millimètres, tous entièrement pilotables à distance. Cette puissance d’observation permettra au Sénégal de se tailler un territoire stratégique dans des domaines où l’Afrique de l’Ouest était jusque-là absente, comme l’astronomie planétaire, le suivi des astéroïdes et des comètes.

Des retombées qui visent la Terre avant les étoiles

Au-delà de la contemplation du cosmos, l’observatoire promet des retombées bien terrestres. Maram Kaïré, natif de Khombole, y voit un puissant vecteur de développement. Création d’emplois qualifiés, essor de compétences pointues en optique, électronique ou robotique, et développement d’un tourisme scientifique sont attendus.

« La science deviendra moteur de progrès, source de revenus et de fierté nationale avec cet observatoire », a-t-il assuré, promettant des collaborations avec les plus grands réseaux internationaux comme l’Union astronomique internationale.

La stratégie spatiale, nouveau sésame du développement

Cette ambition sénégalaise s’inscrit dans une conviction stratégique plus large, défendue par le ministre Mary Teuw Niane. « Les pays qui ont très tôt investi dans le secteur spatial ont atteint plus efficacement et plus rapidement les objectifs de développement durable », a-t-il souligné.

Il a rappelé l’importance cruciale des données satellitaires pour éclairer la prise de décision dans des secteurs clés comme l’agriculture, la gestion des ressources ou l’environnement. L’observatoire de Khombole est ainsi une pierre angulaire dans l’édification d’une souveraineté sénégalaise et africaine dans la maîtrise de l’espace et de ses applications.

En posant cette première pierre, le Sénégal n’érige pas seulement un bâtiment. Il construit un pont entre la terre et le ciel, et place résolument la science au cœur de son récit national et de son avenir.

Naissance d’un Code de la Publicité pour dompter l’ère numérique

DAKAR. – Le Sénégal franchit un cap décisif. Le Conseil des ministres a adopté, ce mercredi, le projet de loi portant Code de la Publicité, un texte ambitieux destiné à encadrer un secteur en pleine mutation, marqué par la montée en puissance du numérique et des influenceurs. Face aux dérives et aux contenus trompeurs, le gouvernement veut instaurer un environnement publicitaire plus sain, plus transparent et respectueux des consommateurs.

Un cadre moderne pour un secteur en pleine mutation

Ce nouveau Code, attendu depuis plusieurs années, fixe des règles claires pour les acteurs du marketing et des médias. Il vise à :

  • réguler les pratiques publicitaires,

  • protéger les citoyens contre les messages abusifs,

  • assurer une concurrence loyale entre les agences classiques et les plateformes numériques.

Le texte prend en compte la transformation rapide du paysage médiatique, où les réseaux sociaux et le digital redéfinissent les stratégies de communication.

L’éthique et la transparence au centre de la réforme

Le Code met l’accent sur la responsabilité sociale. Il exige la véracité des messages, interdit les publicités mensongères et préserve les valeurs culturelles sénégalaises.
Une attention particulière est portée aux publics vulnérables, notamment les mineurs, face aux contenus inappropriés ou au marketing agressif.

Pour les experts, cette réforme était nécessaire. Elle permettra de structurer un secteur devenu stratégique pour l’économie et d’en faire un moteur de croissance durable. Le gouvernement veut ainsi promouvoir une publicité sénégalaise à la fois créative, responsable et compétitive.

Un signal fort envoyé aux géants du numérique

Avec cette adoption, le Sénégal affirme sa souveraineté numérique. Le pays entend désormais réguler l’ensemble des contenus publicitaires diffusés sur son territoire, qu’ils proviennent d’acteurs locaux ou internationaux.
Le texte sera prochainement soumis à l’Assemblée nationale. Les professionnels espèrent une mise en œuvre rapide pour clarifier les règles du jeu dans un écosystème publicitaire en constante évolution.

Égalité femmes-hommes : l’Afrique de l’Ouest passe à la vitesse supérieure

DAKAR. – Ils se sont retrouvés dans la capitale sénégalaise, venus de cinq pays, pour dresser le bilan d’une aventure commune. Ce mercredi 12 novembre, l’atelier de clôture du partenariat EDIFIS a transformé Dakar en laboratoire de l’égalité femmes-hommes. Quatre années d’assistance technique, financées par l’Agence française de développement (AFD) et mises en œuvre par Expertise France, ont permis de consolider les politiques publiques en faveur du genre en Guinée, Mauritanie, Côte d’Ivoire, Sénégal et Tchad.

« Le projet a su démontrer que la promotion de l’égalité de genre n’est pas seulement une question de valeurs, mais un impératif stratégique de développement, de gouvernance et de cohésion sociale », a souligné Haoudjati Oussoufa, coordinatrice régionale d’Expertise France. Derrière les mots, des résultats concrets : 23 institutions nationales renforcées, 150 personnes formées à la budgétisation sensible au genre, et la création du Réseau régional des observatoires nationaux du genre (RONGAF).

Une approche participative et immersive

La force du dispositif EDIFIS aura résidé dans sa méthode. Loin des schémas imposés, l’assistance technique s’est appuyée sur une approche participative et immersive, privilégiant la co-construction avec les ministères et les cellules genre. Renforcement ciblé des compétences, accompagnement du changement institutionnel, soutien à la coordination intersectorielle : autant de leviers actionnés pour ancrer durablement l’égalité de genre dans les politiques publiques.

Au Sénégal, les progrès sont tangibles. « Nous pouvons dire que nous avons fait une grande avancée : 16 ministères disposent désormais de leur plan d’institutionnalisation du genre », se félicite Astou Diouf Guèye, directrice de l’Équité et de l’Égalité de Genre. Une petite révolution dans un pays où, il y a encore quelques années, la question du genre peinait à franchir les portes des administrations.

Préparer la deuxième phase

Si le premier cycle d’EDIFIS s’achève, l’aventure est loin d’être terminée. La préparation de la deuxième phase est déjà en cours. Elle ambitionne de renforcer les synergies avec la société civile et les réseaux régionaux, tout en consolidant les liens entre institutions publiques, acteurs communautaires et partenaires techniques.

L’enjeu est de taille : amplifier les impacts au niveau national et régional, pour que l’égalité entre les femmes et les hommes ne reste pas un vœu pieux, mais devienne une réalité tangible. Le Réseau régional des observatoires nationaux du genre, né de cette première phase, aura ici un rôle crucial à jouer.

Alors que les participants repartent vers leurs pays respectifs, une conviction les unit : la bataille pour l’égalité est loin d’être gagnée, mais des bases solides ont été posées. Et le partenariat EDIFIS aura montré que, sur le front du genre comme sur tant d’autres, la coopération régionale reste la clé du succès.

Dakar digitalise son port : la fin du papier pour les marchandises

DAKAR – Le Port Autonome de Dakar (PAD) s’apprête à tourner une page historique de sa gestion logistique. En partenariat avec la Direction Générale des Douanes, l’institution lancera le 2 janvier 2026 la phase pilote de l’échange électronique des Bons à Délivrer (BADs). Une révolution numérique qui sonne le glas des fastidieuses procédures manuscrites, souvent source de lenteurs et de coûts supplémentaires.

Ce projet ambitieux, porté via le Guichet Unique Portuaire Électronique, représente une avancée majeure dans la transformation digitale de la chaîne logistique. Il vise à consolider la position du port de Dakar comme hub maritime de référence en Afrique de l’Ouest, en renforçant son efficacité, sa transparence et sa compétitivité sur la scène internationale.

L’aboutissement d’un processus collaboratif

Cette phase pilote n’est pas née d’un simple claquement de doigts. Elle couronne plusieurs mois de travail technique et de coordination, matérialisés par la signature d’un protocole d’échanges de données informatisées le 3 juin 2025. Ce partenariat stratégique, associant le PAD, les Douanes, DPW et GAINDE 2000, a permis de jeter les bases solides de cette modernisation.

Concrètement, le nouveau système automatisera intégralement le traitement et le transfert des Bons à Délivrer entre le Guichet Unique et les opérateurs de terminaux. Finis les dossiers papier qui circulaient de main en main, générant délais et risques d’erreur.

Des bénéfices tangibles pour toute la filière

Les retombées de cette digitalisation promettent de transformer l’expérience des acteurs portuaires. Le premier gain réside dans la fluidification des opérations d’enlèvement des marchandises. Les conteneurs quitteront les zones de stockage plus rapidement, réduisant les frais de stationnement pour les importateurs.

La traçabilité renforcée tout au long de la chaîne logistique offrira une visibilité totale sur le statut des marchandises. Chaque acteur pourra suivre en temps réel l’évolution de ses envois, depuis l’arrivée du navire jusqu’à la sortie du port.

La sécurisation optimale des données et transactions éliminera les risques de falsification ou de perte de documents. Enfin, les gains de temps et de productivité seront significatifs pour l’ensemble de la communauté portuaire, des compagnies maritimes aux transitaires.

Préparer l’avenir dès maintenant

Pour assurer le succès de cette transition, la Direction Générale du PAD a lancé un appel aux compagnies maritimes et partenaires. Ils sont invités à désigner leurs points focaux techniques avant le 15 novembre 2025, garantissant ainsi une mise en œuvre harmonieuse de la phase pilote.

Avec cette initiative, le Port Autonome de Dakar confirme sa volonté d’incarner un modèle régional d’innovation. En se positionnant à l’avant-garde de la transformation numérique portuaire, il contribue activement à renforcer la compétitivité du commerce extérieur sénégalais et ouest-africain, préparant l’économie régionale aux défis logistiques du XXIe siècle.

Souveraineté alimentaire : le Sénégal débloque 180 milliards FCFA

DAKAR – Le Sénégal lance une offensive sans précédent pour garantir son autonomie alimentaire. Le gouvernement mobilise 180 milliards de francs CFA afin de soutenir 2,6 millions de personnes. Cette annonce intervient alors que le pays renforce sa stratégie agricole face aux défis climatiques.

Un financement international pour une ambition nationale

Le ministre de l’Agriculture, Mabouba Diagne, a dévoilé les contours de ce projet majeur. « Nous disposons d’un financement consolidé de 275 millions d’euros », affirme-t-il. Cette enveloppe combine plusieurs sources :

  • 90 millions d’euros du FIDA

  • 62 millions d’euros du Fonds OPEP

  • 97 millions d’euros du Fonds italien pour le climat

Grâce à ces fonds, le Programme d’Appui à la Souveraineté Alimentaire (PASS) couvrira désormais dix régions. Matam intègre ainsi le dispositif, renforçant l’impact territorial du projet.

Des bénéficiaires au cœur du dispositif

Le PASS cible directement 220 000 ménages agricoles, soit 880 000 personnes. Au total, près de 2,6 millions de Sénégalais bénéficieront de ses retombées. Le projet vise particulièrement les groupes vulnérables, dont les femmes et les jeunes.

Le représentant du FIDA au Sénégal, Matteo Marchisio, précise : « Nous touchons plus de 1 000 jeunes entrepreneurs ». Le programme mise sur une approche globale, de la production à la commercialisation.

Une stratégie intégrée pour des résultats durables

Le PASS s’inscrit dans la feuille de route agricole nationale. « Il ne s’ajoute pas aux initiatives existantes, il en constitue un levier central », souligne le ministre Diagne. Le projet agit simultanément sur plusieurs leviers :

  • Renforcement de la production résiliente

  • Souveraineté semencière

  • Maîtrise de l’eau agricole

  • Modernisation des coopératives

D’ailleurs, le gouvernement anticipe déjà une extension. Avec le financement attendu de la Banque Européenne d’Investissement, l’enveloppe dépassera 300 millions de dollars. Saint-Louis et Ziguinchor rejoindront alors le dispositif.

Vers une transformation structurelle

Cette initiative incarne la nouvelle vision agricole du Sénégal. « Nous produisons davantage, transformons localement et commercialisons efficacement », résume Mabouba Diagne. Le PASS fédère ainsi tous les acteurs de la chaîne de valeur alimentaire.

Le programme mise sur l’innovation et la durabilité. Il construit notamment douze coopératives agricoles communautaires modernes. Ces infrastructures soutiendront la transition vers une agriculture productive et respectueuse de l’environnement.

Le Sénégal démontre ainsi sa capacité à mobiliser des ressources conséquentes pour sa sécurité alimentaire. Cette ambition place le pays en pionnier de la souveraineté alimentaire en Afrique de l’Ouest.

Dakar accueille la 19e Assemblée générale de l’AUF : science et savoir au cœur de l’Afrique francophone

La 19e Assemblée générale de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) s’est ouverte ce lundi à Dakar sous la présidence du chef de l’État, Son Excellence Bassirou Diomaye Faye, réunissant universitaires, chercheurs et décideurs politiques autour de la science et du savoir comme leviers d’intégration et de développement.

L’événement, qui se tiendra jusqu’au 6 novembre, rassemble des responsables d’universités, des partenaires économiques et des représentants de plusieurs pays francophones. Il ambitionne de faire de l’enseignement supérieur et de la recherche des instruments stratégiques pour l’Afrique.

Le Sénégal, hub universitaire francophone

Dans un entretien avec Le Soleil, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, le Pr Daouda Ngom, a salué « une opportunité stratégique majeure » pour le pays. Il a expliqué que l’assemblée permettra de discuter des grands enjeux liés à la transformation de l’enseignement supérieur dans l’espace francophone et de renforcer « la position du Sénégal comme pôle universitaire francophone de premier plan en Afrique ».

Depuis 1974, Dakar abrite la direction régionale de l’AUF pour l’Afrique de l’Ouest, couvrant aujourd’hui 12 pays et 135 universités. Pour le Pr Ngom, la rencontre favorisera la diplomatie scientifique, encouragera la coopération académique et facilitera l’émergence de nouveaux partenariats dans la recherche appliquée, l’éducation numérique et l’innovation.

Science, culture et souveraineté des nations

Lors de la cérémonie d’ouverture, le Président Bassirou Diomaye Faye a rappelé le rôle central de la science et de la culture dans la construction des nations :

« La science et la culture sont indissociables et fondent la souveraineté des nations », a-t-il déclaré, appelant à un engagement renouvelé en faveur de la recherche, de l’innovation et des savoirs endogènes pour bâtir une Afrique intellectuellement et technologiquement autonome.

À travers cette 19e Assemblée générale, le Sénégal confirme son rôle moteur au sein de la francophonie universitaire, promouvant une coopération scientifique ouverte, inclusive et tournée vers l’avenir.

Les gains de la LONASE passent à la caisse

La bonne nouvelle d’un gain à la LONASE s’accompagnera désormais d’une moins joyeuse réalité fiscale. À compter de ce samedi 1er novembre, une taxe de 20% s’appliquera systématiquement sur tous les gains, qu’ils proviennent d’un billet physique acheté chez un buraliste ou d’un pari en ligne. Une décision gouvernementale qui fait déjà grincer des dents.

La Loterie Nationale Sénégalaise assume cette nouvelle donne dans un communiqué officiel. L’entreprise publique présente cette mesure comme une « contribution citoyenne au développement national », soigneusement encadrée par la loi n°17/2025. Derrière ce vocabulaire technocratique se cache une réalité simple : l’État cherche à augmenter ses recettes en ciblant un secteur en pleine expansion.

Une mise en œuvre échelonnée

Le calendrier de déploiement épouse la dualité du marché. Les points de vente physiques appliqueront la taxe dès le 1er novembre, tandis que le canal digital bénéficiera d’un délai supplémentaire jusqu’à mi-novembre. Ce décalage témoigne des complexités techniques liées à la modernisation du secteur, mais aussi de la volonté de ne brusquer personne.

La LONASE tente de rassurer sa clientèle en promettant « la continuité de ses services ». L’entreprise souligne son engagement à maintenir « des produits de divertissement responsables », comme si cette fiscalité nouvelle participait d’une forme de régulation vertueuse.

Une contribution à l’effort national

Le gouvernement justifie cette ponction par les impératifs du développement. Les gains du jeu, jusqu’ici relativement épargnés, rejoignent désormais le rang des revenus soumis à l’impôt. Une manière pour l’État de diversifier ses sources de financement dans un contexte budgétaire tendu.

Cette réforme s’inscrit dans une vaste modernisation du secteur des jeux et paris. La LONASE, acteur historique, entend conserver sa place face à la montée en puissance des opérateurs privés. Son argument : une partie de cette taxe reviendra in fine financer des politiques sociales et sportives.

Reste à voir comment réagiront les joueurs habitués à empocher l’intégralité de leurs gains. Certains verront dans cette mesure une forme de double peine : la probabilité infime de gagner, suivie d’un prélèvement systématique. D’autres y trouveront une raison supplémentaire de se tourner vers les bookmakers étrangers, hors de portée du fisc sénégalais.

La LONASE joue son avenir sur sa capacité à convaincre que cette fiscalité sert l’intérêt général. Dans les jours à venir, les réactions des premiers joueurs touchés par la mesure diront si l’argument de la « contribution citoyenne » suffit à faire passer la pilule.

UCAD : l’explosion qui a rompu le silence d’un campus

Ce jeudi matin, le campus de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a été réveillé par un bruit qui n’avait rien de scolaire. Une déflagration sèche, violente, a déchiré le calme du pavillon A. Sous les yeux horrifiés des étudiants, la routine universitaire venait de basculer en tragédie.

Au cœur du drame : une moto électrique en charge. Selon les premières constatations, c’est son explosion qui a coûté la vie à El Hadj Mouhamed Niang, un étudiant en Licence 3 d’Arabe. Le jeune homme, originaire de Ndiedieng, dans la région de Kaolack, se trouvait dans sa chambre au moment du drame. Il n’a pas survécu.

La panique, immédiate, s’est propagée comme une traînée de poudre. Terrifiés par le souffle de l’explosion et craignant le pire, plusieurs étudiants du même étage ont tenté de fuir. Dans leur précipitation, certains n’ont pas hésité à se jeter du troisième étage. Deux d’entre eux ont été grièvement blessés dans cette chute désespérée et ont dû être évacués en urgence pour recevoir des soins.

Les couloirs du pavillon A, habituellement bruyants de vie estudiantine, portent désormais les stigmates de la confusion et du choc. Cette tragédie soulève de lourdes questions sur la sécurité dans les résidences universitaires et les risques méconnus des engins électriques. Alors que l’enquête débute, toute la communauté de l’UCAD pleure un élève emporté trop tôt, et se demande comment un outil de mobilité moderne a pu se transformer en instrument de mort.

L’héritage Mbow : le Sénégal ouvre le livre de son avenir

DAKAR – Le 28 octobre, le Sénégal a rendu hommage à Amadou Mahtar Mbow, figure majeure du panafricanisme et premier Africain à diriger l’UNESCO. Devant sa famille, des diplomates et des citoyens émus, le président de la République a salué « l’homme qui fit rayonner l’Afrique sur la scène mondiale ». L’université qui porte désormais son nom devient un symbole de cette reconnaissance.

« Porte-étendard des peuples privés de voix et de reconnaissance », a déclaré le chef de l’État dans un discours empreint d’émotion. Cet hommage dépasse la simple mémoire d’un homme. Il marque, selon le président, « un acte fondateur pour un Sénégal réinventé », guidé par les valeurs d’égalité culturelle et de dignité universelle.

L’éducation au cœur de l’héritage de Mbow

Le président a présenté l’éducation comme la clé de la souveraineté nationale, suivant la voie tracée par Mbow à la tête de l’UNESCO entre 1974 et 1987. « L’éducation n’est pas une dépense, mais le viatique de toute prospérité durable », a-t-il affirmé.

Plusieurs projets sont déjà lancés : la stratégie numérique pour l’Éducation 2025-2029, l’initiative NITHÉ pour une transformation humaniste de l’enseignement, et la réforme des daaras, ces écoles coraniques appelées à devenir un pont entre tradition et modernité numérique.

Un héritage tourné vers la jeunesse

Au-delà des réformes, le message du président s’adresse à la jeunesse sénégalaise. « Notre destin n’est inscrit dans aucune fatalité », a-t-il lancé, invitant les jeunes à poursuivre le combat moral et intellectuel de Mbow.

Alors que le soleil se couchait sur Dakar, la cérémonie s’est conclue par une promesse : celle d’un pacte collectif avec l’histoire. Amadou Mahtar Mbow n’est plus seulement un grand disparu ; il incarne désormais la bannière d’une révolution éducative et mémorielle.

Le Sénégal affirme ainsi sa foi en la puissance du savoir, la force du travail et la grandeur d’une civilisation en marche.

SIMA 2025 : Dakar, capitale d’une renaissance médiatique africaine

DAKAR – Ils sont venus de Bamako à Tunis, de Kinshasa à Casablanca. Ce lundi 27 octobre, la Maison de la Presse Babacar Touré a ouvert ses portes à une ambition continentale : la première édition du Salon international des médias d’Afrique (SIMA). Sous le patronage du ministre Aliou Sall, cette rencontre inédite promet de marquer une étape clé pour les médias africains.

Une ambition panafricaine

« Un signal fort, une marque de considération pour la presse », a déclaré Sambou Biagui, directeur général de la Maison de la Presse. Patrons de presse, journalistes et experts venus d’Asie, d’Europe et d’Afrique étaient présents. Le Mali, pays invité d’honneur, symbolisait cette volonté panafricaine de construire un espace médiatique souverain.

Le thème de cette première édition, « L’Afrique face aux enjeux des nouveaux médias », résonne comme un manifeste. « À l’ère des réseaux sociaux et de l’intelligence artificielle, l’Afrique doit définir ses propres modèles », a insisté Biagui. La révolution numérique transforme la production et la consommation de l’information, mais le véritable défi dépasse la technologie. Il s’agit de créer « une renaissance africaine de l’information, où modernité rime avec authenticité ».

Vers un média africain souverain

Le SIMA s’inscrit dans la vision de l’Agenda Sénégal 2050 et son ambition d’émergence numérique. Mais il vise également à devenir un rendez-vous majeur du paysage médiatique continental. « Ce salon offre un cadre d’épanouissement pour les journalistes et techniciens médias », a rappelé Biagui, soulignant l’engagement pour la liberté d’expression et le pluralisme.

Dans les allées, les délégations du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire, du Maroc et d’une quinzaine d’autres pays échangent autour d’un constat commun : face à la désinformation et aux mutations rapides du secteur, l’urgence est de bâtir des médias forts, structurés et souverains.

Jusqu’au 30 octobre, Dakar vibre au rythme de cette ambition. Le SIMA n’est pas un simple salon ; il incarne l’Afrique qui choisit de maîtriser sa révolution numérique et de raconter elle-même son histoire médiatique. Une histoire où la modernité technologique s’allie enfin aux réalités et aux voix du continent.

L’hommage présidentiel à Amadou Mahtar Mbow

Le gouvernement sénégalais a levé le voile, ce vendredi 24 octobre, sur les préparatifs d’un événement mémoriel exceptionnel. Mardi prochain, le 28 octobre, le président Bassirou Diomaye Faye présidera en personne l’hommage national au professeur Amadou Mahtar Mbow. La cérémonie se tiendra au Centre international de Conférences Abdou Diouf, transformé pour l’occasion en sanctuaire de la mémoire africaine.

Devant la presse réunie au Building administratif Mamadou Dia, le ministre de l’Éducation nationale Moustapha Mamba Guirassy a campé le décor, entouré d’un aréopage de ministres et du représentant de l’UNESCO. Le message est clair : cet hommage dépasse la simple commémoration. Il s’agit d’un acte politique fondateur, l’un des premiers gestes forts du président Faye en matière de politique culturelle.

Faye rend hommage au père de l’histoire africaine

« Une Nation qui n’a pas de référence ne peut pas aller loin », a martelé le ministre Guirassy, résumant l’esprit de cette cérémonie. Le chef de l’État, en honorant Mbow, « fait un récit à partager avec les futures générations ». Un récit qui donne du sens au combat d’une vie, celle de cet intellectuel sénégalais qui dirigea l’UNESCO de 1974 à 1987 et impulsa la monumentale Histoire générale de l’Afrique.

L’œuvre de Mbow, « écrite par les Africains, pour les Africains », selon la formule du ministre, devient ainsi le socle sur lequel le nouveau pouvoir entend construire sa politique éducative. Les formateurs sont invités à s’approprier les documents pédagogiques développés par le défunt professeur, pour « renforcer l’enseignement de la connaissance du monde contemporain ».

Une cérémonie nationale pour transmettre la mémoire

La porte-parole du gouvernement Marie Rose Khady Fatou Faye a modéré les échanges, soulignant la dimension historique de l’événement. Les interventions ont toutes convergé vers un même objectif : transmettre aux jeunes générations l’héritage intellectuel et moral de celui qui incarna les valeurs de « savoir, de citoyenneté, de service et d’humanisme ».

En convoquant la mémoire de Mbow, le président Faye opère une double rupture. Symbolique d’abord, en honorant un panafricaniste convaincu qui fit écrire l’histoire du continent par ses propres enfants. Politique ensuite, en affirmant sa volonté de rebâtir l’identité sénégalaise sur des fondations historiques solides.

Mardi, lorsque le président s’inclinera devant la mémoire d’Amadou Mahtar Mbow, ce ne sera pas seulement un hommage rendu à un grand homme. Ce sera l’affirmation d’une nouvelle conception de la nation, où la mémoire devient le terreau de l’avenir.

Kaolack : les faux médecins du marché central

L’alerte était venue de l’ombre. Un « renseignement opérationnel » avait mis la puce à l’oreille des agents du Commissariat central de Kaolack : un groupe d’individus écoulait des produits de santé douteux et pratiquait illégalement la médecine en plein marché. Jeudi, l’intervention a mis fin à leurs activités.

L’assaut a été rapide, précis. Sur la place du marché central, les premiers suspects sont tombés. Leur matériel : des tensiomètres, divers médicaments, et tout l’attirail de ceux qui jouent avec la santé des plus vulnérables. Lors des interrogatoires, l’un d’eux a craché le morceau : ils étaient six, opérant en réseau serré, à proposer contre argent des consultations et des « vitamines » à une clientèle crédule.

La trouvaille inquiétante de la perquisition

Mais c’est dans le domicile du suspect principal que l’enquête a pris sa véritable dimension. Les perquisitions ont mis au jour une véritable petite officine clandestine. Des compléments alimentaires en quantité – Tre-en-en, Fibre tablette, Cal-Mag – et surtout, des supports publicitaires aux messages alarmistes.

« Tueur silencieux », « Maladies cardiaques », « Diabète », « Problèmes oculaires » : le marketing de la peur, soigneusement élaboré, proposait les produits de la marque « Neolife » comme remèdes miracles. Perte de poids, renforcement immunitaire – les promesses étaient grandes, les risques, encore plus.

L’expertise pharmaceutique en cours

Face à l’ampleur des saisies, l’Antenne régionale de régulation pharmaceutique a été mise à contribution. Son rôle : identifier précisément ce cocktail pharmaceutique, déterminer la nature exacte des produits saisis, et surtout, évaluer leur impact sur la santé des nombreux clients qui ont pu y avoir recours.

Les six mis en cause croupissent désormais en garde à vue. Leur cas rappelle, s’il le fallait, que la pratique illégale de la médecine n’est pas un délit anodin. Dans l’ombre des marchés, elle met en jeu des vies, joue avec l’angoisse des malades, et prospère sur la méconnaissance. À Kaolack, ce jeudi, six faux docteurs ont rendu leur dernier diagnostic.

Quand la police frappe à la porte d’un « appartement particulier »

La nuit était déjà tombée sur la Cité Kalia 2, dans le secteur des Parcelles Assainies, quand les uniformes ont frappé à la porte. L’appartement, signalé par des voisins aux oreilles de la police, vivait ses dernières heures d’anonymat. À l’intérieur, dix-sept vies basculent. Parmi elles, une femme et seize hommes, surpris dans l’intimité d’un soir qui vire au cauchemar judiciaire.

Le commissariat d’arrondissement de Jaaxay a rendu publics les détails de cette opération menée sur la base de « dénonciations anonymes répétées ». Les rapports officiels évoquent une fréquentation « particulière » – un euphémisme pour désigner ce que la loi sénégalaise nomme sans ambages « actes contre nature ». L’équipe d’intervention, dépêchée sur place, a trouvé une scène qui alimentera les procès-verbaux : plusieurs personnes dénudées, des préservatifs usagés, et ce qui deviendra la preuve matérielle de l’affaire.

Les saisies qui parlent

Sur la table des pièces à conviction, les objets s’alignent comme les pièces d’un puzzle moral. Un cornet de chanvre indien, déjà entamé. Des lubrifiants et des savons intimes. Des parfums et deux bouteilles de produits mystérieux, qualifiés de « cellulosiques ». Chaque item soigneusement inventorié dessine les contours d’une soirée que la justice s’apprête à démonter.

Parmi les interpellés, une femme se présente comme travailleuse du sexe. Son carnet sanitaire n’est pas à jour, une infraction supplémentaire qui alourdit son cas. Pour elle comme pour les autres, les charges s’accumulent : détention et usage collectif de stupéfiants, exercice illégal de la prostitution, et surtout, cet insaisissable « acte contre nature » qui plane sur le dossier.

La loi face à l’intime

Tous sont maintenant en garde à vue, tandis que l’enquête tente de reconstituer la chronologie exacte des faits. Cette opération policière, banale en apparence, touche en réalité à l’un des sujets les plus sensibles de la société sénégalaise : la sexualité entre personnes de même sexe, strictement criminalisée par le code pénal.

Dans l’ombre des procédures, une question demeure : jusqu’où la loi peut-elle s’immiscer dans l’intimité des chambres closes ? Les dénonciations anonymes auront eu raison de la porte close de Kalia 2. Reste à savoir ce que la justice fera de ces dix-sept vies désormais entre ses mains.

Thiaroye 1944 : après 80 ans de silence, la vérité dans un Livre blanc

Ce jeudi 16 octobre 2025, le président Bassirou Diomaye Faye recevra le Livre blanc du massacre de Thiaroye, mettant fin à huit décennies de silence sur l’une des tragédies les plus occultées de l’histoire coloniale.

DAKAR – Quatre-vingts ans de silence, de non-dits, de vérité étouffée. Ce jeudi, une page douloureuse de l’histoire africaine s’apprête enfin à être tournée. Le président Bassirou Diomaye Faye recevra officiellement le Livre blanc du massacre de Thiaroye, un document historique qui lève définitivement le voile sur cette tragédie longtemps restée dans l’ombre de l’histoire officielle.

Le jour où l’armée française tira sur ses soldats

Le 1er décembre 1944, dans la poussière du camp militaire de Thiaroye, à la périphérie de Dakar, l’impensable se produit. L’armée française ouvre le feu sur des tirailleurs sénégalais qui réclament simplement le paiement de leurs soldes. Ces hommes, venus de toute l’Afrique occidentale française, venaient de sacrifier leur jeunesse pour la libération de l’Europe. Leur retour au pays s’achève dans un bain de sang, suivi d’un long silence complice.

Pendant des décennies, l’affaire est reléguée au rang des épisodes honteux que la France métropolitaine préfère oublier. Entre historiens et autorités publiques, les controverses font rage, les « manipulations » de la vérité historique se multiplient, entretenant les zones d’ombre autour de ce qui constitue une véritable tache sur l’honneur de la IVe République.

La vérité rétablie par la science

Le Comité de commémoration du 80e anniversaire s’est donné une mission : briser ce silence. Des fouilles approfondies ont été menées sur le site, permettant une documentation exhaustive des événements. Le Livre blanc qui en résulte promet de clarifier une fois pour toutes les circonstances exactes du drame et de rendre justice à la mémoire de ces soldats oubliés.

Cette reconnaissance officielle, bien que tardive, revêt une importance capitale. Si l’État français a timidement reconnu le massacre, des lacunes persistantes demeuraient. Le Sénégal, porté par la détermination de son nouveau président, entend corriger cette omission historique et restaurer la dignité de ces tirailles dans le récit collectif mondial.

Le début d’une nouvelle mémoire

La remise de ce document ne marque pas une fin, mais un commencement. Pour les autorités sénégalaises, il s’agit d’accomplir un « devoir de mémoire et de vérité », essentiel pour les générations futures. Ce Livre blanc se veut aussi un pont entre les nations, une base solide pour une reconnaissance historique partagée.

En cette cérémonie solennelle, c’est tout un peuple qui retrouve ses héros. Des tirailleurs dont les noms avaient presque sombré dans l’oubli, dont le sacrifice méritait bien plus qu’une page noircie dans les manuels d’histoire. Quatre-vingts ans après Thiaroye, l’Afrique récupère enfin sa mémoire. Et cette mémoire, désormais consignée dans le Livre blanc, deviendra l’héritage précieux des générations à venir.

Souveraineté alimentaire : le Sénégal dévoile son ambitieux plan agricole

Au forum AgriConnect 2025, le ministre Mabouba Diagne a présenté une stratégie nationale qui place l’agriculture au cœur du développement du pays.

Le Sénégal a dévoilé sa feuille de route pour une révolution agricole. Lors du forum international AgriConnect 2025 consacré à la transformation de l’agriculture africaine, la délégation sénégalaise, conduite par le ministre de l’Agriculture, le Dr Mabouba Diagne, a présenté une stratégie ambitieuse fondée sur trois piliers : la souveraineté alimentaire, la modernisation des outils de production et la création d’emplois durables.

Un investissement historique

Sous l’impulsion du Président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko, l’État fait de l’agriculture un pilier central de son projet de société. Cette orientation se concrétise par un investissement public record de 130 milliards de FCFA pour l’année en cours, confirmant la priorité absolue accordée au secteur agro-sylvo-pastoral.

Inscrite dans l’Agenda « Sénégal 2050 », cette vision gouvernementale repose sur une approche intégrée et inclusive. Elle mise sur l’organisation des producteurs en coopératives communautaires, le développement de grands périmètres agricoles utilisant les technologies modernes d’irrigation, et la plateforme AgriConnect, qui sert d’interface entre les acteurs publics, privés et les partenaires techniques.

Partenariat stratégique avec la Banque mondiale

Le Sénégal a également consolidé son partenariat avec le Groupe de la Banque mondiale. Les deux parties ont convenu d’un plan d’engagement conjoint aligné sur les priorités nationales, visant à améliorer la productivité, la résilience et la durabilité du secteur. Ce partenariat cible notamment la mécanisation intelligente, l’agroécologie, le soutien aux PME agricoles et aux femmes rurales.

2 000 milliards sur dix ans

Selon le ministre Mabouba Diagne, la concrétisation de cette ambition nécessite un investissement estimé à 2 000 milliards de FCFA sur dix ans. Le Sénégal invite ainsi ses partenaires à mutualiser leurs efforts au sein de la plateforme AgriConnect pour maximiser l’impact des actions. En contrepartie, le gouvernement s’engage à assurer une gouvernance rigoureuse et une participation active du secteur privé.

Produire au Sénégal ce que le pays consomme est désormais un impératif de souveraineté et de dignité. Fort de sa volonté politique et de ses alliances stratégiques, le Sénégal entend transformer son potentiel agricole en moteur de croissance durable, contribuant ainsi à l’émergence d’une Afrique souveraine et prospère.

Dakar bannit pousse-pousse et chariots de son centre-ville

DAKAR – Le cœur de la capitale sénégalaise va connaître une métamorphose. Dans un arrêté rendu public ce lundi, le préfet de Dakar interdit à compter du jeudi 16 octobre la circulation des « véhicules à bras » – pousse-pousse et chariots de transport – sur les principales artères du centre-ville. Une décision qui vise à désengorger le trafic et à sécuriser ces axes stratégiques, au risque de bouleverser les habitudes de mobilité de nombreux Dakarois.

Le périmètre d’exclusion couvre un secteur crucial de la ville. Sont concernées la Place de l’Indépendance, épicentre politique et administratif, ainsi que la Corniche Ouest et les grandes avenues Léopold Sédar Senghor, de la République, Nelson Mandela, Pasteur et Cheikh Anta Diop. Autant de voies saturées aux heures de pointe, où se mêlent voitures, bus, motos et ces véhicules non motorisés désormais bannis.

Sécurité et fluidité

Pour les autorités, la mesure répond à un double impératif. D’une part, « faciliter la circulation » dans une ville régulièrement paralysée par les embouteillages. D’autre part, « assurer la sécurité des usagers » dans des zones où la cohabitation entre les différents modes de transport devient périlleuse.

La police et la gendarmerie sont chargées de l’application de l’arrêté. Les contrevenants s’exposeront aux sanctions prévues par la loi, même si le texte ne précise pas la nature exacte de ces pénalités.

Un bouleversement sociétal

Cette décision administrative, si elle peut sembler technique, touche en réalité à l’organisation intime de la ville. Les pousse-pousse et chariots représentent en effet pour de nombreux Dakarois un moyen de transport essentiel, tant pour les déplacements personnels que pour l’activité économique informelle.

Reste à voir comment se fera, dans la pratique, l’acceptation de cette mesure. Va-t-on assister à une reconversion forcée des conducteurs de pousse-pousse ? À un report du trafic vers d’autres zones ? À une adaptation des habitudes de transport ?

Jeudi approche à grands pas. Et avec lui, une nouvelle page de la mobilité dakaroise qui s’écrira, entre modernité urbaine et préservation d’un patrimoine culturel et social.

Le gouvernement lance « Kaddu », une tribune inédite pour parler vrai aux citoyens

DAKAR – Une révolution silencieuse s’annonce dans la communication gouvernementale. Ce vendredi, l’exécutif sénégalais inaugure « Kaddu » — qui signifie « la parole » en wolof —, une tribune régulière destinée à expliquer son action aux citoyens. Cette initiative marque la fin des communiqués laconiques et ouvre la voie à un dialogue plus transparent.

Trois ministres face aux grandes attentes

Pour cette première édition, trois ministres répondront directement aux questions sur les dossiers les plus sensibles du moment.
D’abord, le ministre de l’Intérieur Mouhamadou Bamba Cissé fera le point sur les opérations de réorganisation et de sécurisation de l’espace public à Dakar et en banlieue.
Ensuite, Cheikh Tidiane Dièye, ministre de l’Hydraulique, présentera le bilan des inondations récentes qui ont frappé le nord et l’est du pays.
Enfin, Moustapha Guirassy, ministre de l’Éducation, reviendra sur le déroulement de la rentrée scolaire 2025-2026.

Une modération stratégique et un enjeu de transparence

La séance sera animée par Marie Rose Khady Fatou Faye, secrétaire d’État auprès du Premier ministre et porte-parole du gouvernement. Sa présence rassure : cette tribune ne sera pas un simple exercice de communication, mais un véritable moment d’échange entre l’État et les citoyens.

Le concept « Kaddu » s’inscrit dans une volonté affirmée de renforcer la transparence et la pédagogie de l’action publique. Le gouvernement promet des points réguliers sur les sujets d’intérêt national, rompant avec la tradition des annonces isolées et souvent techniques.

À l’heure où la défiance envers les institutions grandit, cette démarche pourrait marquer un tournant majeur dans la relation entre l’exécutif et les citoyens.
Reste à savoir si les Sénégalais adopteront ce nouveau format… et si le gouvernement, cette fois, tiendra sa promesse de transparence.

Inondations à Bakel : 3 825 sinistrés face à la montée des eaux du fleuve Sénégal

BAKEL – Le fleuve Sénégal est sorti de son lit, semant la désolation dans le département de Bakel. Selon un communiqué officiel publié ce lundi, les crues ont touché 3 825 personnes, contraignant l’État à déployer un important dispositif d’urgence pour venir en aide aux populations affectées.

Une catastrophe annoncée

La montée des eaux, due aux fortes précipitations enregistrées dans le haut bassin du fleuve et aux lâchers d’eau du barrage de Manantali, a provoqué de graves débordements. Le bilan est lourd : habitations, exploitations agricoles, édifices publics et routes submergés.

L’arrondissement de Moudéry est le plus touché, notamment les localités de Ballou, Aroundou, Yaféra, Golmy, Kounghany et Diawara. Selon les premiers recensements, 220 familles sont affectées, dont 178 déplacées. Vingt-sept d’entre elles ont trouvé refuge dans des écoles transformées en abris temporaires.

Une mobilisation rapide de l’État

Dès les premières heures, les autorités se sont mobilisées sous la coordination du gouverneur de Tambacounda et des préfets concernés. L’armée, la gendarmerie et les sapeurs-pompiers ont été dépêchés sur place pour porter assistance.

Plusieurs mesures d’urgence ont été prises :

  • ouverture d’un entrepôt à ciel ouvert pour faciliter les dons ;

  • relogement des familles dans des écoles non inondées ;

  • distribution de 1 000 sacs de sable pour renforcer les digues ;

  • installation de huit tentes à Diawara et Aroundou ;

  • mise à disposition de pirogues et gilets de sauvetage pour sécuriser les déplacements.

Un convoi de secours en route et des projets à relancer

Un second convoi de secours est actuellement en direction de Bakel. Il transporte 1 000 matelas, 12 tentes, 200 moustiquaires, 20 motopompes, ainsi que des vivres : 10 tonnes de riz, 2 tonnes de sucre, 2 000 litres d’huile et 500 kg de lait.

Le gouvernement promet que d’autres mesures suivront, notamment pour les localités de la vallée du fleuve Sénégal également touchées : Matam, Kanel et Podor.

Enfin, cette catastrophe rappelle l’urgence de réaliser les projets structurants annoncés en août dernier par le ministre de l’Hydraulique. Parmi eux, la construction de la digue de Yaféra et la réhabilitation des mares et marigots de Bakel. Des ouvrages qui, s’ils avaient été achevés, auraient sans doute réduit l’ampleur des dégâts.

le Sénégal dope sa production d’engrais avec 105 000 tonnes pour la campagne agricole

Le Sénégal accélère sa marche vers l’autosuffisance alimentaire. Les Industries chimiques du Sénégal (ICS) ont annoncé mercredi une production de plus de 105 000 tonnes d’engrais pour la campagne agricole 2025-2026, contre 70 000 tonnes l’an passé. Cette hausse de 50 % illustre la mobilisation nationale en faveur du monde rural.

Sur ce volume, 93 000 tonnes ont déjà trouvé preneurs entre juin et juillet. Les distributeurs agréés assurent ainsi un approvisionnement régulier à l’orée de l’hivernage. « Nous avons renforcé les dispositifs logistiques et organisationnels avec l’État », précise l’entreprise dans un communiqué.

PICSA et baisse des prix : un double levier pour les producteurs

Pour accompagner cette dynamique, les ICS ont lancé le 22 juillet 2025 le Programme pour le Soutien à l’Agriculture (PICSA). Ce dispositif repose sur trois axes : formations aux bonnes pratiques, distribution d’intrants et renforcement des capacités face au changement climatique.

La phase pilote a déjà touché 60 producteurs répartis dans cinq zones agroécologiques stratégiques : les Niayes, la vallée du Fleuve Sénégal, le Bassin arachidier et la Casamance. Au total, huit régions bénéficient déjà de ce soutien.

Les agriculteurs profitent aussi d’une baisse historique des prix. Le sac de 50 kg de NPK 15-15-15, essentiel pour le maïs, coûte désormais 8 500 FCFA au lieu de 9 500. Plus de 27 000 tonnes de cet engrais sont déjà livrées. Pour la filière arachidière, le NPK 6-20-10 passe de 6 500 à 6 000 FCFA. Son volume distribué atteint 54 000 tonnes.

Vers une souveraineté alimentaire durable

Cette triple dynamique – production accrue, prix réduits et accompagnement technique – trace une stratégie cohérente. Elle traduit la volonté des ICS de hisser le Sénégal vers une souveraineté alimentaire durable. En dotant les producteurs d’outils performants et accessibles, le pays consolide ses bases agricoles.

Alors que les semences germent dans les champs, l’espoir d’une récolte abondante s’annonce déjà à l’horizon.

Les eaux se retirent enfin à Touba, Kaolack et Mbour

Le ciel s’est refermé, et la terre reprend ses droits. Selon le bulletin des interventions publié ce dimanche 28 septembre, la situation hydrologique s’améliore sensiblement dans plusieurs zones récemment sinistrées par les inondations. De Touba à Kaolack en passant par Mbour, les eaux de ruissellement se retirent, laissant place à un lent retour à la normale.

À Touba, la cité religieuse longtemps menacée, le bassin de Nguélémou a enregistré une baisse significative. Grâce à une accalmie pluviométrique bienvenue, la partie non immergée de l’ouvrage est passée de 70 cm samedi à 1,75 mètre dimanche après-midi. Une marge de sécurité qui pourrait encore s’élargir si les précipitations continuent de se faire discrètes.

Kaolack respire à nouveau

À Kaolack, c’est presque le soulagement. Il ne reste plus que de l’eau résiduelle dans les bas-fonds de Ngaye Saër. Les pompages intensifs des sapeurs-pompiers ont permis de dégager les routes, et le niveau d’eau est désormais si bas que les électropompes ne peuvent plus fonctionner. L’Office national de l’assainissement du Sénégal (ONAS), qui supervise aussi la région de Fatick, confirme cette tendance à l’assèchement.

Mbour panse ses plaies

À Mbour, les quartiers Thimassa, Ngouye Mouride et Darou Salam connaissent également une amélioration sensible. Les opérations conjointes de l’ONAS et des sapeurs-pompiers, engagées depuis trois semaines, ont payé : une évacuation massive des eaux a réduit de manière notable l’impact des inondations.

Si cette évolution positive se confirme, elle pourrait marquer un tournant dans la gestion des inondations de cette saison hivernale particulièrement capricieuse. Après des semaines de lutte contre les eaux, les Sénégalais des zones sinistrées entrevoient enfin la lumière au bout du tunnel – ou plutôt, la terre ferme sous leurs pieds.

Naufrage du Joola : 23 ans après, le président Faye honore la mémoire des victimes

Le temps n’efface pas tout. Vingt-trois ans après le naufrage du Joola, le Sénégal se souvient. Ce vendredi 26 septembre, le président Bassirou Diomaye Faye a marqué l’anniversaire de l’une des plus grandes tragédies de l’histoire du pays par un message sobre et solennel, publié sur sa page Facebook officielle.

« En ce 26 septembre, notre Nation se recueille à la mémoire des victimes du naufrage du Joola, survenu il y a 23 ans. Ce drame, l’un des plus douloureux de notre histoire, reste gravé dans la conscience nationale », a écrit le chef de l’État. Aux familles éprouvées, il a exprimé, « au nom du Sénégal, compassion et solidarité indéfectibles ».

Le Joola, une plaie toujours ouverte

Le 26 septembre 2002, le ferry qui assurait la liaison entre Ziguinchor et Dakar sombrait au large des côtes gambiennes, emportant avec lui près de 1 900 vies. Le bilan, catastrophique, faisait du naufrage du Joola l’une des pires catastrophes maritimes mondiales – et une blessure profonde dans la mémoire collective sénégalaise.

Chaque année, des cérémonies de recueillement sont organisées à Dakar, Ziguinchor et dans plusieurs localités du pays. Mais derrière les hommages officiels, la douleur des familles reste vive. Beaucoup réclament encore justice, reconnaissance et soutien concret, plus de deux décennies après le drame.

Une question de réparation toujours sensible

Si les différents régimes qui se sont succédé ont multiplié les initiatives mémorielles et symboliques – stèles, journées de commémoration –, la question de la réparation morale et matérielle reste épineuse. Les familles des victimes attendent toujours des comptes sur les responsabilités et des mesures d’accompagnement durable.

Le message du président Faye s’inscrit dans cette tradition d’hommage national. Mais il ne règle pas, à lui seul, une attente plus fondamentale : celle de la vérité et de la justice pour des vies brisées en pleine mer, un soir de septembre 2002.

Vingt-trois ans après, le Joola continue de hanter le Sénégal. Et si les discours apaisent, seules des actions concrètes pourront, peut-être, commencer à panser cette plaie qui ne se referme pas.

la Marine intercepte une 2ᵉ pirogue de migrants, 142 personnes secourues au large de Dakar

La mer rend parfois ceux qu’elle avait commencé à absorber. Jeudi 25 septembre, la Marine nationale sénégalaise, en coordination avec l’Armée de l’Air, a sauvé 142 migrants au large de Dakar. À 120 km de la côte, une pirogue, probablement en provenance de Gambie, tentait de rejoindre l’Europe avec ses passagers.

C’est la deuxième opération de sauvetage en une semaine. Les migrants ont été débarqués à la Base navale Amiral Faye Gassama et pris en charge par les services compétents pour des mesures administratives et humanitaires.

Un réseau de passeurs démantelé

Cette interception survient trois jours après une opération terrestre majeure. Le 22 septembre, la Division nationale de lutte contre le trafic de migrants (DNLT) a présenté devant le procureur de Dakar un individu soupçonné de diriger un réseau de passeurs.

L’enquête avait commencé après la découverte, sur le quai de Missirah, de 16 personnes, principalement gambiennes, sur le point d’embarquer de nuit vers Betenty, étape vers les îles Canaries. Le suspect servait de guide.

La route migratoire persiste

Malgré les risques de naufrages, déshydratation et interpellations, la route de l’Atlantique attire chaque année des milliers de candidats au départ. La pauvreté, le chômage et l’espoir d’une vie meilleure poussent de nombreux jeunes à tenter l’aventure, misant sur la solidité des pirogues et l’expérience des passeurs.

Les interceptions récentes montrent que les autorités durcissent le contrôle sur terre et en mer. Mais elles rappellent aussi l’ampleur du phénomène : pour chaque embarcation interceptée, combien réussissent à passer entre les mailles du filet ?

Secourir et dissuader

L’action des forces sénégalaises protège les migrants et évite des naufrages dramatiques. Mais elle fait aussi partie d’une stratégie de lutte contre l’émigration irrégulière, combinant sécurité, diplomatie et sensibilisation.

Tant que les causes profondes du départ — pauvreté et manque d’opportunités — ne seront pas résolues, les pirogues continueront de prendre la mer. La Marine sénégalaise devra encore et encore jouer les garde-côtes face à un désespoir sans frontières.

« Impact Business » : le nouveau magazine qui raconte les économies africaines

L’Afrique économique dispose enfin d’un espace qui lui est entièrement dédié. Mercredi soir à Dakar, le groupe béninois Mindo Consultants a lancé son magazine bimestriel Impact Business, un support multimédia combinant versions papier et numérique, entièrement consacré aux économies africaines.

Une initiative inspirée par le succès d’Aéroports Magazine

Fort du succès d’Aéroports Magazine d’Afrique, le groupe vise à offrir un véritable miroir du développement du continent. Il met en avant autant les réussites que les défis. « Nous avons décidé de lancer ce nouveau support sur la base des recommandations reçues », explique Léon Anjorin Koboudé, PDG de Mindo Consultants.

Selon lui, malgré la multitude de journaux et magazines africains, très peu couvrent spécifiquement l’information économique. « L’histoire du développement de l’Afrique se construit sous nos yeux. Elle mérite d’être racontée avec un narratif positif », ajoute-t-il.

Une diffusion papier et numérique étendue

Publié à 10 000 exemplaires papier et disponible en version numérique avec plus de 30 000 téléchargements par numéro, le magazine couvre 15 pays d’Afrique francophone. Une application mobile est également en préparation pour faciliter l’accès.

« Notre ambition était de créer un média professionnel, qui respecte l’image de l’Afrique sans tomber dans la complaisance. Nous devons adopter un regard critique, mais positif », insiste M. Koboudé.

Valoriser le secteur informel et les économies locales

Le magazine accorde une attention particulière au secteur informel, en lui offrant « un traitement humain » et en encourageant sa formalisation progressive. « Il n’existe pas une économie africaine unique. Il existe des économies africaines, chacune évoluant à son rythme », rappelle le fondateur.

Une équipe de contributeurs renommés

Soutenu par un réseau de contributeurs de renom – dont Josué Blaise Mbankakak (Cameroun), Yaou Noël (Côte d’Ivoire), Éric Tchendier, Jean-Victor Nkolo, Amadou Lamine Diatta ou encore Bakary Dabo (Sénégal) –, Impact Business prépare déjà un numéro spécial sur le Sénégal, attendu d’ici la fin de l’année.

Avec cette ligne éditoriale, Impact Business ambitionne de devenir une référence dans le traitement de l’information économique africaine. Le magazine dépasse les clichés pour valoriser les initiatives concrètes qui façonnent le progrès du continent.