Adama Gaye entame une grève de la faim pour protester contre sa détention

Le journaliste Adama Gaye, détenu à la prison de Reubeuss pour « offense au chef de l’Etat et atteinte à la sûreté de l’Etat » a entamé hier une grève de la faim « totale ». il proteste contre sa détention arbitraire et les conditions inhumaines de celle-ci.

Après le rejet de deux demandes de liberté provisoire, l’un de ses avocats, maître Cheikh Khoureyssi Ba, dénonce ses conditions de détention.

« Monsieur Adama Gaye a décidé d’entamer une grève de la faim, à la fois pour protester contre les conditions de sa détention, qu’il n’est pas loin de juger « arbitraire », et surtout contre son maintien en détention dans des conditions inacceptables et déplorables. La semaine dernière, en trois journées, nous avons eu à essuyer deux refus de le remettre en liberté parce que le juge a les mains liées s’agissant des infractions pour lesquelles il est poursuivi. »

Selon son avocat, cette grève de la faim est « un moyen d’attirer l’attention d’abord sur les conditions exécrables de sa détention. » « Il est poursuivi pour des infractions politiques, mais il est logé à la même enseigne que les auteurs de délits mineurs dans des conditions totalement inacceptables, de propreté, de promiscuité, d’accès à l’eau… Dès aujourd’hui nous avons formalisé l’appel contre la deuxième ordonnance et l’affaire va être maintenant débattue au niveau de la chambre d’accusation. »

Affaire Adama GAYE : demande de liberté provisoire rejetée par le procureur

Détenu depuis le 31 juillet pour « diffusion d’écrits contraires aux bonnes meurs » et « offense au chef de l’Etat », le journaliste Adama Gaye ne bénéficiera pas de la liberté provisoire. Face au Procureur de la République ce mercredi, la demande du journaliste-consultant a été rejetée.

Selon le Procureur Serigne Bassirou Gueye, Adama Gaye pourrait profiter d’une liberté provisoire pour « troubler l’ordre public », d’autant que les faits qui lui sont reprochés « sont graves ». « Il présente des risques de réitérer les faits », a indiqué le substitut de Serigne Bassirou Guèye, dans son ordonnance de refus de la demande de liberté provisoire introduite par les avocats de Adama Gaye, Me Khoureychi Ba, notamment.

Les avocats du journaliste Adama GAYE déposent une demande de liberté provisoire

Le journaliste Adama Gaye a été entendu sur le fond de son affaire, ce mercredi, au tribunal de grande instance (Tgi) de Dakar. Inculpé des chefs d’offense au chef de l’Etat et d’atteinte à la sûreté de l’Etat, il a répondu aux questions du doyen des juges d’instruction (Dji).

Selon Me Mamadou Cory Sène, membre du pool des avocats de la défense, leur client a été très précis dans ses déclarations. « Il y a des passages d’un texte qu’on lui a présentés dont il ne reconnaît pas l’intégralité du contenu. Certains passages dans lesquels il se reconnaît, il les assume. Comme il l’a dit à l’enquête préliminaire pour le reste, pour avoir démonté une possibilité de piratage de son compte, il dit que ce n’est pas de lui », a-t-il confié.
Ainsi, les robes noires ont profité de ce face-à-face avec le juge pour introduire une requête de mise en liberté provisoire. «Nous avons déposé une demande de liberté provisoire. Nous avons espoir que cette requête lui sera accordée. Donc, nous sommes optimistes.
Car, de tout ce qui lui a été reproché, il a donné des réponses positives. Et juridiquement dans une procédure dans laquelle on entend le client au fond, il n’y a maintenant plus de risque de s’aliéner des témoins ou bien de distraire des preuves », a expliqué Me Sène. Avant de préciser : « Adama Gaye étant régulièrement domicilié, il présente toutes les garanties de représentation en justice. On ne voit pas pourquoi on ne le mettrait pas en liberté provisoire. À charge pour lui de répondre à toutes les convocations de la justice ». Par rapport à l’état de santé du journaliste, l’avocat affirme qu’il se porte « très bien ». « Il a le moral en forme. Il gère sa condition de détention. Il estime qu’il est injustement détenu mais il l’assume », a indiqué la défense.

Sénégal: le journaliste Adama Gaye écroué à la prison de Rebeuss

Il a été placé sous mandat de dépôt après avoir été inculpé pour offense au chef de l’Etat et atteinte à la sûreté de l’Etat (article 80 du Code pénal du Sénégal).

Le journaliste a été entendu par le doyen des juges qui la directement inculpé et déféré en prison.

L’homme des médias a été arrêté depuis lundi 29 juillet suite à un post sur sa page Facebook où il a tenu des propos acerbes à l’encontre du président de la République, Macky Sall. Il n’a bénéficié que d’un seul retour de parquet.

24 heures après son arrestation par la Division des investigations criminelles (Dic), l’activiste a été envoyé devant le Procureur mardi. Ce dernier a demandé son déferrement.  Ses avocats vont alors demandé un retour de parquet qui sera accordé.

Cette affaire remet à l’ordre du jour l’application de l’article 80 du Code pénal. Bon nombre de personnes ont déjà été sanctionnés pour être allées à l’encontre de cette célèbre disposition du Code pénal. Elle traite de l’outrage au chef de l’État. A noter que peu avant son arrestation, lundi 29 juillet 2019, Adama Gaye a posté sur sa page Facebook un texte dans lequel il tenait des propos peu glorieux sur le président de la République, Macky Sall.

Arrestation du journaliste Adama Gaye: «J’accuse le président de penchants arbitraires» (Ibrahima Thiam)

Ibrahima Thiam, le président du mouvement « Un Autre Avenir » estime que l’interpellation de l’homme de médias est une violation de la loi et un abus d’autorité.

 

 Sommes-nous en train d’assister à une dérive autoritaire du président Macky Sall ? Avec les arrestations d’opposants à son régime on a tout lieu de le penser. Ce qui se passe actuellement au Sénégal rappelle fâcheusement les méthodes d’un autre dirigeant, Vladimir Poutine.

J’accuse le pouvoir de recourir abusivement au délit « d’offense au chef de l’Etat »

 

En effet au moment ou à Moscou Alexeï Navalny principal opposant politique à celui qui fut par le passé colonel au KGB est une nouvelle fois arrêté et qu’on soupçonne le pouvoir d’avoir voulu l’empoisonner, à Dakar, lundi matin, la Division des Investigations criminelles interpellait le journaliste Adama Gaye. Certes comparaison ne vaut pas raison mais le cas d’Adama Gaye n’est pas le seul en ce mois de juillet. Le motif de l’arrestation prêterait à sourire si l’affaire n’était pas aussi grave : « diffusion d’informations contraires aux bonnes mœurs ». De quoi s’agit-il ? Adama Gaye aurait révélé le 15 juillet sur sa page Facebook une relation extra-conjugale entre le président de la République à la villa Cotonou lors d’un sommet de l’UEMOA. Une question se pose : Qu’est-ce qu’est-ce qui est contraire aux bonnes mœurs : La relation adultère elle-même ou le fait de la révéler ? Selon ce même principe, le fait de révéler qu’Aliou Sall, le frère du chef de l’Etat, serait à l’origine d’un « enrichissement malhonnête » ferait-il de son auteur un voleur ? C’est là une curieuse façon de voir les choses.

 

J’accuse le président de penchants arbitraires

 

Il y a eu aussi l’affaire de l’activiste Guy Marius Sagna arrêté pour avoir osé critiquer la politique de santé de l’actuel président et de ses prédécesseurs accusés de n’avoir pas su créer depuis l’indépendance du pays un système de soins digne de ce nom au point d’obliger nos ressortissants à se faire hospitaliser en France. Faut-il rappeler que le troisième personnage de l’Etat, Ousmane Tanor Dieng, est décédé à la mi-juillet à Paris où il était hospitalisé depuis plusieurs mois ?

 

C’est aussi le cas de l’ancien premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne, évacué pour des raisons de santé et toujours hospitalisé dans une structure hospitalière en France. Toute vérité ne serait-elle pas bonne à dire au pays de la Teranga ? Résultat il y a quelques jours ce sont des gendarmes appartenant à la section de recherches de Colobane qui sont allés cueillir cette figure de proue de la lutte contre la mal-gouvernance comme un vulgaire malfaiteur.

 

J’accuse le pouvoir de vouloir bâillonner l’opposition

 

Ces deux exemples sont significatifs de la réponse autoritaire du régime à tous ceux qui émettent les moindres critiques sur ses agissements. Mais brandir le risque d’une poursuite pour « offense au chef de l’Etat » ne fera pas taire les voix qui s’élèvent de plus en plus nombreuses pour dénoncer les excès du régime de Macky Sall. Au demeurant dans le cas d’Adama Gaye, si la situation de ce qu’il rrévèle est avéré, est-ce le journaliste qui a offensé Macky Sall ou n’est-ce pas plutôt celui-ci qui a offensé son épouse ?

 

J’accuse le régime de méthodes despotiques

 

En février dernier, les Sénégalais ont voté pour un chef d’Etat républicain et n’ont pas élu un « despote » fusse-t-il « éclairé ». Un pouvoir démocratique suppose l’existence de contre-pouvoirs quand bien même ceux-ci déplaisent aux éminences qui nous gouvernent. Décidément pour certains les réflexes démocratiques sont difficiles à prendre et les bonnes vieilles habitudes autocratiques difficiles à perdre. Et pourtant depuis 2012 Macky Sall devrait avoir eu le temps de faire son apprentissage. Ne dit-on pas que 7 ans est l’âge de raison ?