Sénégal : croyances et représentations à l’épreuve du coronavirus

Le profond ancrage de certaines croyances religieuses ou représentations sociales au Sénégal pourrait constituer un facteur de risque de propagation du coronavirus entré dans le pays depuis lundi dernier.Au Sénégal, comme dans la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne, où les fréquents événements religieux et sociaux drainent des foules énormes (mariage, baptême, funérailles, prières musulmanes, messes, etc…), les lieux de rencontre apparaissent comme des terreaux fertiles pour la transmission d’agents infectieux tels que celui du Covid-19 (nouveau nom du coronavirus).

Après la confirmation de quatre cas de Covid-19 au Sénégal, des tests sur d’autres suspects sont en cours à l’Institut Pasteur de Dakar (IPD). D’où le risque réel de transmission directe ou indirecte du pathogène.

Khadijatou Dieng, une fervente mouride âgée de 27 ans, compte à tout prix se rendre à Porokhane (plus de 250 kilomètres au sud de Dakar).

« Dieu est Grand. Je crois qu’on ne risque rien en allant à Porokhane. Même si le coronavirus est entré au Sénégal, nous sommes croyants et demandons au Bon Dieu de nous préserver », philosophe la jeune fille, la foi en bandoulière.

Ce haut lieu du mouridisme (confrérie soufie musulmane) accueille ce jeudi des milliers de fidèles à l’occasion de la 69è édition du « Magal » célébrant Mame Diarra Bousso, la mère de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur de ladite confrérie.

De l’avis du sociologue Abdoukhadre Sanogo, « les Sénégalais sont très attachés à ce genre d’évènements. D’ailleurs, c’est ce qu’ils appellent leur jour dédié. Ils croient que ces cérémonies constituent des moments où l’on peut formuler des prières pour éviter les fléaux » comme le coronavirus.

Une journée de prières s’est tenue ce mercredi à Massalikoul Jinaan (les Itinéraires du Paradis, en arabe), la grande mosquée des Mourides en plein cœur de la capitale sénégalaise.

Pendant ce temps, le Covid-19 poursuit son tour du monde macabre. Plus de 3200 personnes ont péri. Les victimes sont majoritairement recensées en Chine continentale d’où est partie la pandémie en décembre 2019.

Une situation alarmante qui appelle des mesures draconiennes afin de stopper net la maladie. L’une d’elles est d’interdire, autant que faire se peut, les rassemblements. L’Arabie saoudite a arrêté momentanément les entrées sur son territoire pour la Omra (petit pèlerinage). Le Maroc, également atteint, a annulé la 15e édition de son Salon international de l’agriculture (Siam). La Suisse a suspendu son championnat d’élite de football. En Italie, principal foyer européen du virus, des matchs de foot sont joués à huis clos.

« Dans un pays comme le Sénégal où la distance physique entre les gens est très réduite, il y a lieu de prendre des mesures assez fortes et de sensibiliser les gens », recommande Fred Eboko, Directeur de recherche à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD, France).

Dans le même ordre d’idées, M. Eboko admet que « l’Etat pourrait être amené, après concertation avec les religieux, à annuler des rassemblements en cas de danger imminent de santé publique. Il vaut mieux souffrir du report ou de la réduction en termes de jour d’une manifestation religieuse que de courir le risque d’avoir une véritable hécatombe ».

Outre le Magal de Porokhane, la Ziara générale des Tidjanes à Tivaouone (instaurée depuis 1930), le Daaka de Médina Gounass (retraite spirituelle initiée depuis 1941), la 57è édition annuelle du Kazou Rajab (commémoration de la naissance de Serigne Fallou Mbacké, 2ème khalife général des Mourides) ou encore le 140è Appel des Layènes (depuis 1880) se profilent à l’horizon.

Les autorités sénégalaises ont donc du pain sur la planche. D’autant plus que, « dans nos croyances qui sont le socle des comportements (à risque ou non), il y a l’aspect de banalisation. On considère aussi qu’il y a un certain nombre de choses ne pouvant pas nous arriver parce que nous sommes immunisés grâce aux grands guides religieux ou aux mythes », note M. Sanogo, enseignant-formateur à l’Institut supérieur d’enseignement professionnel (Isep) de Thiès (70 km à l’est de Dakar).

« Les Sénégalais ont du mal à faire la distinction entre la propreté et l’hygiène. Ils sont très propres mais un petit pourcentage d’entre eux sont hygiéniques », analyse M. Sanogo.

Dans une publication datée du 19 février dernier, le site AfricaCheck, dont le crédo est de séparer la réalité de la fiction, a passé à la loupe un article dans lequel on soutient que « le sang africain et la peau noire » sont des facteurs de résistance au coronavirus.

Cité par ce site de fact-checking, Omolade Awodu, professeur d’Hématologie à l’école de médecine de l’Université du Bénin au Nigeria, dit n’avoir « trouvé aucune recherche confirmant » cette thèse.

En Afrique de l’ouest, Ebola a étalé les limites de moult pratiques culturelles. Au plus fort de l’épidémie, les rites funéraires ont favorisé la propagation de la maladie.

« On a beaucoup appris d’Ebola avec notamment la gestion des dépouilles mortelles que les familles approchaient et touchaient. Alors que les morts étaient toujours contagieux », rappelle Fred Eboko.

En moins de deux ans, Ebola a tué plus de 11.000 personnes en Guinée, au Liberia, en Sierra Leone, au Mali et au Nigeria. Le Sénégal a su éviter le pire lorsqu’un jeune guinéen contaminé a pénétré sur son territoire. Mis en quarantaine, le patient a finalement recouvré la santé avant de repartir dans son pays.

Toutes choses qui le poussent à affirmer que si le Covid-19 « entre à fond dans ce pays, ça va être très compliqué » de l’endiguer.

Mauritanie : inculpation de sept personnes pour insultes à l’Islam

Un juge mauritanien a inculpé sept personnes pour « mépris de la religion musulmane » et « terrorisme », a appris APA de sources judiciaires vendredi à Nouakchott.Arrêtées à la mi-février courant, les prévenus ont été envoyés en prison en attendant la programmation de leur procès pour lequel aucune date n’a été fixée, a précisé la même source.

Les personnes en question avaient participé à Nouakchott à une réunion d’une association non autorisée plaidant pour la refondation de la Mauritanie.

Cette association est soupçonnée de promouvoir la laïcité dans le pays et certains de ses membres sont même accusés de prêcher pour le christianisme.

Dans le même cadre, la justice mauritanienne a lancé des mandats d’arrêt contre trois personnes résidant à l’étranger.

Récemment, des enregistrements audio de conversations entre certaines des personnes poursuivies se sont largement propagés dans les réseaux sociaux, suscitant une profonde indignation au sein de la population.

Ces enregistrements se moquent des préceptes de l’islam et contiennent des propos insultants à l’égard de la religion.

Les prévenus sont poursuivis conformément à l’article 306 qui concerne la cybercriminalité dans le code de procédure pénale mauritanien.

Tchad: le coût du hajj 2020 augmente de 190 000 F CFA

Le Comité permanent du Tchad pour l’organisation du hajj aux lieux saints de l’islam a dévoilé, jeudi, le coût du pèlerinage à partir, fixé à 1 840 000 F CFA, contre 1 650 000 F CFA en 2019, soit une augmentation de 190 000 F CFA.Le président Comité permanent du hajj, Adama Abdoulaye a justifié, au cours d’un point de presse, l’augmentation du coût du hajj par le taux élevé de la fiscalité des prestataires de services en Arabie saoudite et l’ajout d’une taxe de 5% sur tous les virements bancaires.

Les candidats au pèlerinage sont appelés déjà à déposer leurs dossiers avec un délai ferme de clôture prévu le 10 avril 2020.

Pour cette année, un quota de près 9 000 places (contre 4000 en 2019) est accordé au Tchad, selon le président Comité permanent du hajj, Adama Abdoulaye.

Il a annoncé des améliorations notamment sur «le changement de l’emplacement de la résidence Al-Hajjaj à seulement environ 1500-100 mètres de la Grande mosquée, la subsistance pendant 30 jours à la Mecque et six jours à Mina et l’augmentation de la disponibilité de certaines commodités dont les toilettes et autres ».

Mariage à Abidjan du célèbre reggaeman Alpha Blondy avec une Tuniso-Italienne

La méga-star du reggae ivoirien Koné Seydou dit Alpha Blondy s’est marié jeudi à la grande mosquée de la Riviera-Golf, un quartier huppé à l’est d’Abidjan avec Aelyssa Darragi d’origine Tuniso-Italienne. Ce mariage religieux musulman  de «Jagger» (l’un ses surnoms d’Alpha Blondy) a enregistré la présence d’un parterre de personnalités dont la ministre ivoirienne de la solidarité Mariatou Koné.

Agé de 67 ans, Alpha Blondy a marqué de son empreinte le reggae sur le continent africain depuis 1982 avec plusieurs albums à succès qui lui ont permis de jouer dans la plupart des grandes scènes du monde.

Ouattara et les évêques s’entretiennent sur la réconciliation en Côte d’Ivoire

Le président ivoirien Alassane Ouattara et les évêques de Côte d’Ivoire se sont entretenus mercredi soir au palais présidentiel d’Abidjan pendant deux heures d’horloge pour parler de la réconciliation « de tous les ivoiriens» et de la «marche du pays» , a appris APA de source officielle.« Les évêques se sont retrouvés avec le président de la République, d’abord pour le saluer et pour échanger avec lui sur la marche du pays. Particulièrement autour des questions concernant la réconciliation de tous les ivoiriens. C’est essentiellement ce qui a fait l’objet de la rencontre avec le président de la République», a dit  Monseigneur Ignace Bessi Dogbo, le président de la conférence épiscopale de Côte d’Ivoire au terme de cet entretien.

Poursuivant, il a indiqué que « les évêques sont très sensibles à la réconciliation étant eux-mêmes des ministres ordonnés pour la réconciliation».

Plusieurs évêques dont le Cardinal Jean-Pierre Kutwa, Boniface Ziri, Paul Dakouri et Joseph Aké Bruno ont pris part à cette rencontre qui a enregistré également la présence de plusieurs ministres.

L’église catholique a organisé samedi dernier à la cathédrale Saint-Paul d’Abidjan une prière pour que la présidentielle ivoirienne d’octobre prochain soit apaisée.

Cette initiative des jeunes de l’archidiocèse d’Abidjan qui initialement devait être une « marche priante» pour la paix dans le pays, a finalement été transformée en une prière dans l’enceinte de la cathédrale d’Abidjan en raison des « risques d’infiltration» par des politiques.

Des milliers de chrétiens catholiques prient à Abidjan pour une présidentielle paisible en Côte d’Ivoire

Des milliers de fidèles chrétiens catholiques ivoiriens parmi lesquels des personnalités politiques composées notamment des ministres Marcel Amon Tanoh ( Affaires Étrangères), Danho Paulin ( Sports) et Félix Anoblé (PME) ainsi que Michel Gbagbo, le fils de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, ont prié samedi à la cathédrale Saint-Paul d’Abidjan pour la paix en Côte d’Ivoire lors de la prochaine élection présidentielle, a constaté APA sur place.Lors de ce culte pour la paix dans le pays,  l’archevêque d’Abidjan, le Cardinal Jean-Pierre Kutwa a exhorté les fidèles chrétiens à être des artisans de paix estimant que les conséquences de la guerre sont «incalculables ». 

« Le souvenir de la dernière crise que notre pays a connue est encore vif dans l’esprit de nos concitoyens. La prière est la force qui doit soutenir notre engagement. Désormais vous avez une très grande responsabilité dans la marche de notre pays. L’inimitié détruit un pays et l’inimitié la plus grande c’est la guerre. Soyez capables de créer l’amitié sociale », a exhorté le cardinal Kutwa dans une homélie.

Poursuivant, le dignitaire religieux a encouragé sa communauté « à laisser de côté les différences pour lutter ensemble pour une chose commune». « Continuez avec la patrie en donnant une réponse chrétienne aux inquiétudes sociales. Je vous engage à veiller dans la prière pour nous éviter une autre crise post-électorale… Priez pour la paix avec votre cœur de femme», a-t-il dit aux femmes de sa communauté. 

Auparavant, dans  la célébration de l’eucharistie, le clergé catholique et les fidèles  ont imploré le seigneur afin qu’il donne « l’esprit saint » aux hommes politiques  et à l’armée ivoirienne pour la non-violence lors des prochaines élections. 

« Seigneur donne ton esprit saint à nos responsables politiques. Prions pour les partis et tous les groupements politiques pour que les élections qui viennent,  la non-violence soit leur unique mot d’ordre. Prions pour l’armée de Côte d’Ivoire afin qu’inspirée par l’esprit saint,  elle puisse contribuer à la préservation de la paix», a demandé le clergé au seigneur. 

Initialement, ce rassemblement initié par les jeunes et les femmes du diocèse d’Abidjan dénommée « Allons à la paix», devait être organisé sous forme de « marche priante» dans les rues du Plateau, le quartier administratif d’Abidjan pour prôner la paix dans le pays. 

Il ( ce rassemblement) a finalement été transformé par l’église catholique en une rencontre de prière uniquement dans l’enceinte de la cathédrale Saint-Paul d’Abidjan à cause des craintes d’infiltration de ce « rassemblement spirituel » par des politiques.

Lutte contre l’extrémisme religieux : Nouakchott en première ligne

Des personnalités du monde musulman, sous la houlette de Cheikh Abdallah Ibn Bayyah, se sont récemment réunis à Nouakchott afin d’élaborer une Déclaration de lutte contre l’extrémisme religieux.Le cheikh Ibn Bayyah, décidé à endiguer l’extrémisme religieux qu’il considère comme « le fléau du siècle », a convié dans la capitale mauritanienne environ 500 personnes dont des oulémas, des éducateurs, des penseurs, des ministres, des muftis, des imams et des prédicateurs.

Son objectif est clair : apporter une réponse « intellectuelle et religieuse » à ce phénomène planétaire avec une feuille de route. Dans son préambule, la Déclaration de Nouakchott souligne que l’Afrique « peut proposer un projet spirituel complet pour éteindre les flammes des guerres et lutter contre l’extrémisme ».

Notant que cette idéologie « instrumentalise la pensée religieuse pour réaliser des objectifs destructifs, de déstabilisation et de menace contre la paix nationale et internationale », ce panel d’experts a dès lors conclu que c’est un « devoir du temps » de s’ériger en bouclier.

Les objectifs des participants à cette conférence sont, entre autres, l’élaboration d’un plan complet, opérant, intégré pour faire face à l’extrémisme, la belligérance et la criminalité transfrontalière, le développement de méthodes de pensée et de mécanismes de travail selon des moyens innovants, pacifiques et légitimes pour affronter la violence et l’extrémisme, l’érection davantage de passerelles de coopération entre les religions et les cultures, ou entre les hommes de religion en activité dans les domaines des droits humains.

En outre, ils visent la réhabilitation de la pensée de la tolérance religieuse et de la coexistence pacifique entre les individus et les peuples, en s’inspirant des idéaux humains universels et des valeurs de l’Afrique et la dynamisation de la charte de la Nouvelle Alliance des Vertueux, en mettant en évidence sa spécificité, ses valeurs et les vertus qu’elle prône, les perspectives prometteuses qu’elle ouvre pour la coexistence et l’unité des peuples, sur la base de la compréhension, de la coopération et de la fraternité humaine.

Après avoir planché sur l’extrémisme religieux, les hôtes de Cheikh Abdallah Ibn Bayyah ont proposé un ensemble de moyens de lutte. Il s’agit notamment du renforcement de la présence de l’État, de son appareil et de ses institutions dans des zones éloignées des centres du pouvoir, de l’élaboration de projets de développement locaux décentralisés et économiques régionaux, de la lutte contre la vulnérabilité, la pauvreté, le chômage et de la promotion de la culture de tolérance, en tant qu’impératif religieux et obligation de foi.

De plus, ils ont conseillé les organisations régionales à accorder un intérêt particulier à l’aspect intellectuel et religieux dans les stratégies, surtout l’Union Africaine et le G5-Sahel, la mise en place de centres et universités spécialisés dans l’espace africain pour soutenir la pensée de la paix, de la modération, le respect des valeurs de citoyenneté et des règles de coexistence et la mise en place d’un centre basé à Nouakchott pour la réintégration des personnes affectées par des idées qui mènent à des conflits et des guerres intestines.

Ibn Bayyah, un fer de lance de la lutte contre l’extrémisme religieux

Cheikh Abdallah Ibn Bayyah, souvent opposé au célèbre théologien égyptien Youssef al-Qaradawi, fait figure de personnage clé de la lutte contre l’extrémisme religieux dans le monde musulman.La comparaison avec al-Qaradawi, l’ancien président de l’Union Internationale des Savants Musulmans (UISM) en dit long sur la notoriété d’Ibn Bayyah. Ce Mauritanien, âgé de 85 ans, a occupé la fonction de vice-président de l’UISM.

Mais, à cause de ses divergences fondamentales avec al-Qaradawi sur l’opportunité du djihad, le cheikh (homme respecté pour son âge et surtout ses connaissances), a fini par démissionner de son poste. C’est à cette époque qu’il a entamé son combat intellectuel contre l’extrémisme religieux.

Sans le vouloir, il est devenu un précieux allié des Occidentaux, cibles toutes désignées des extrémistes. D’ailleurs, Ibn Bayyah a été reçu par nombre de dirigeants des plus grandes nations.

Il est issu d’une famille soufie implantée dans l’est de la République islamique de Mauritanie. Naturellement, durant son enfance, les études du Coran et des Sciences islamiques constituent le pilier de son éducation de base.

Ce savant, grâce à son immense savoir dans le domaine religieux, force le respect au-delà des frontières de son pays. Conjuguant le spirituel et le temporel, Cheikh Abdallah Ibn Bayyah a intégré le gouvernement de Moctar Ould Daddah, le tout premier président de la Mauritanie.

En 1978, un coup d’Etat l’a obligé à s’exiler en Arabie Saoudite. Dans ce berceau de l’Islam, il a élargi sa palette de compétences avant d’embrasser le métier d’enseignant. Cheikh Abdallah Ibn Bayyah est actuellement à la tête du Forum pour la promotion de la paix dans les sociétés musulmanes, basé en Arabie Saoudite.

Egalement président du Conseil des Emirats Arabes Unis pour la fatwa, l’érudit mauritanien a reçu de nombreux prix et médailles internationaux. L’Université Georgetown (Etats-Unis) le cite parmi les 50 personnalités musulmanes les plus influentes dans le monde pour la période 2009-2016.

Ibn Bayyah est « une école de morale, de tolérance, de modestie et d’humilité », a souligné Abdellahi Ould Mohamedouna, un collaborateur du cheikh dans la coordination des activités de prêche et de promotion des valeurs de paix dans le monde.

Rencontré à Nouakchott, il a soutenu que son modèle ne cesse de réaffirmer que « la sincérité, la droiture, le bon comportement, le respect des valeurs et la lutte contre la fraude et l’imposture représentent ensemble la bonne morale ».

En Mauritanie, son pays natal, le religieux y organise annuellement un forum international dont la majorité des participants provient de l’Afrique subsaharienne. L’édition de cette année, tenue il y a quelques jours à Nouakchott, a été marquée par un fort plaidoyer pour la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme religieux, deux fléaux qui se répandent dans la zone sahélo-saharienne.

Les intervenants à ce forum ont été unanimes quant au rôle d’Ibn Bayyah dans la diffusion du discours de paix et de concorde entre tous les êtres humains, quelle que soit leur religion, leur couleur, leur langue etc.

De l’avis de l’un d’eux, le théologien mauritanien Derdiri, son compatriote est « un rénovateur porteur du flambeau de la paix ». En plus, il a fait savoir que Cheikh Abdallah Ibn Bayyah « consacre toute sa force au salut de l’humanité afin qu’elle vive en paix et en sécurité ».

« Il faut écouter les arguments religieux des extrémistes » (chercheur)

Les Etats rongés par l’extrémisme doivent prendre en compte les arguments religieux des groupes terroristes pour trouver une solution pérenne à ce fléau, a affirmé le Docteur Khadim Mbacké, ancien chercheur à l’Institut fondamental de l’Afrique noire (Ifan), dans un entretien accordé à APA.

Comment est née la Déclaration de Nouakchott ?

Le colloque de Nouakchott a eu le mérite de réunir de nombreux acteurs du monde musulman pour échanger sur l’extrémisme religieux. Les oulémas ont partagé leurs expériences sur les causes profondes de ce phénomène. On a remarqué que la situation diffère d’un pays à un autre. Dans certaines zones, il y a un dialogue entre les différents protagonistes. Dans d’autres pays, les groupes versant dans la violence aveugle, se sentent marginalisés.

On a aussi constaté que dans la tradition africaine, il y a toujours des possibilités de trouver un terrain d’entente en recherchant l’intérêt commun. On a en déduit qu’il faut exploiter cette richesse culturelle pour discuter avec les groupes extrémistes.

Quels sont les résultats attendus ?

Etant donné que le discours des extrémistes n’est pas basé sur une interprétation exacte des textes, on croit pouvoir les faire changer d’avis s’ils s’imprègnent de la Déclaration de Nouakchott. On pense que les participants au colloque arriveront à expliquer aux autorités étatiques le contenu du texte pour les aider à transformer les recommandations en actes concrets. Ils peuvent aussi être un trait d’union entre les groupes extrémistes et les autorités étatiques.

Les personnes ayant pris part à cette rencontre sont essentiellement des membres de la société civile. Elles ont une autorité, une influence sur la société. Ces gens-là vont utiliser leurs propres canaux de communication pour apporter leur contribution en termes de sensibilisation et d’appel à la paix.

Cette déclaration est une feuille de route à appliquer. Si son contenu réaliste est mis en pratique, on arrivera à des résultats probants. Actuellement, les Etats du Sahel sont en difficulté parce qu’ils ne savent pas comment sortir de cette insécurité. Donc quand des oulémas mettent à leur disposition les résultats de leurs recherches, ils essayeront de les mettre en œuvre pour trouver une solution.

Les Etats du G5-Sahel doivent écouter les groupes terroristes ayant des arguments religieux pour y apporter des réponses concrètes. L’extrémisme a une dimension religieuse. Mais il a aussi d’autres dimensions, notamment économiques et sociales, dont les gouvernants doivent forcément tenir compte.

Qu’en est-il du combat spirituel que comptent mener les oulémas ?

On a beaucoup réfléchi sur les arguments des extrémistes. Les chefs de ces groupes ne comprennent pas très bien les concepts essentiels de l’Islam. Parfois, ils s’appuient sur des interprétations dépassées.

Cheikh Abdallah Ibn Bayyah a fait un effort de révision, de réexplication et de contextualisation des concepts islamiques. Pour lui, si l’on présente aux terroristes la pensée éclairée, ils adopteront une attitude complètement différente. Il arrive que l’on fasse une mauvaise interprétation des textes religieux pour déclencher une action qualifiée de djihad.

Ibn Bayyah a repris tous les textes auxquels se réfèrent les extrémistes pour montrer que si on les comprend correctement, ils ne peuvent pas servir de justificatifs pour recourir à la violence. D’après ce que l’on sait de leur discours, les djihadistes ont une lecture révolue voire erronée des textes sacrés. Ils prennent les armes pour attaquer les musulmans et les non musulmans alors que le vrai djihad doit être annoncé par un imam ou un cheikh reconnu par la communauté et après la réunion de certaines conditions.

Côte d’Ivoire: le Hadj 2020 maintenu à 2 millions FCFA, le quota passe à 10 000 places

Le coût de l’édition 2020 du pèlerinage à la Mecque ou Hadj a été maintenu à 2 000 000 FCFA en Côte d’Ivoire comme l’an dernier avec un quota national qui passe à 10 000 places dont 7000 pour le continent étatique et 3000 pour les opérateurs privés, a annoncé lundi à Abidjan, Sidiki Diakité le ministre ivoirien de l’administration du territoire et de la décentralisation lors de la cérémonie de lancement officiel du Hadj 2020.« Le coût du Hadj 2020 en ce qui concerne le contingent étatique est maintenu à 2 000 000 FCFA malgré toutes les charges qui ne cessent d’augmenter», a indiqué M. Diakité soulignant que le quota national est de 10 000 places.

« Cette année, le président de la République vous demande de prier pour la Côte d’Ivoire. Cette année, ce sera un pèlerinage pour la paix en Côte d’Ivoire », a poursuivi le ministre, invitant les futurs pèlerins à « redoubler de prière » pour la stabilité dans le pays.

M. Diakité qui avait à ses côtés ses collègues de la santé, Aka Aouélé et de la famille, Ly Ramata Bakayoko, parlant de la situation politique de la Côte d’Ivoire, a estimé que « nous devons nous battre pour ne plus retourner en arrière ».

Avant lui, Messamba Bamba, le directeur général des cultes a annoncé à son tour quelques dispositions nouvelles pour le Hadj 2020. A cet effet, il a cité entre autres, l’institution d’une assurance pour couvrir les frais de pertes des bagages et autres difficultés des pèlerins et le visa Hadj qui devient payant pour tous les pèlerins.

« En plus du coût de 2 millions FCFA, tous les pèlerins devraient payer la somme de 161 000 FCFA », a précisé M. Bamba soulignant que les consultations médicales pré-pèlerinage sont prévues du lundi 10 février au vendredi 10 avril 2020.

« Les inscriptions effectives débuteront le mercredi 12 février 2020 pour prendre fin le lundi 13 avril 2020. Mais,  elles s’arrêteront de facto si le quota est atteint avant cette date», a-t-il ajouté indiquant qu’au total 22 agences privées de voyage ont été agréées pour le Hadj 2020.

« Aujourd’hui, le pèlerin ivoirien jouit d’un confort dont il ne bénéficiait pas par le passé. Et tout cela grâce à l’action du gouvernement ivoirien », a soutenu Cheick Aïma  Boikary Fofana, le président du Conseil supérieur des imams, des moquées et des affaires islamiques (COSIM).

Pour ce faire, le guide suprême de la communauté musulmane en Côte d’Ivoire a exhorté les futurs pèlerins  à prier pour le président de la République et pour tous les ivoiriens. Des millions de personnes  en provenance des quatre coins du monde, se rendent chaque année en Arabie Saoudite pour accomplir le Hadj qui est le cinquième pilier de l’Islam.

L’église catholique craint des « infiltrations» et délocalise sa marche à la cathédrale d’Abidjan

L’église catholique ivoirienne a changé l’itinéraire de sa « marche priante» pour la paix en Côte d’Ivoire prévue le 15 février prochain dans la capitale économique ivoirienne en la maintenant «exclusivement » dans l’enceinte de la cathédrale Saint-Paul d’Abidjan craignant des « dangers d’infiltration », a annoncé dimanche dans une conférence de presse, le Père Augustin Obrou, le chargé de communication de l’archevêque d’Abidjan. « Son Eminence Jean-Pierre Cardinal Kutwa, conscient de la primauté de Dieu et de la nécessité de la paix pour la réconciliation maintient cette prière rogatoire en faveur de la paix en Côte d’Ivoire qui se tiendra le samedi 15 février 2020. Cependant face aux dangers d’infiltration et soucieux de la sécurité de ses fidèles, Son Eminence demande que cette journée de prière se tienne exclusivement au sein de la cathédrale Saint-Paul du Plateau», a dit le Père Obrou à la presse.

Auparavant le porte-voix de l’archevêque d’Abidjan a  expliqué les circonstances qui ont amené le clergé à décider d’organiser une marche pour la paix en Côte d’Ivoire. « C’est une activité programmée depuis le mois d’octobre et qui n’est pas consécutive au message des archevêques et évêques délivré à Korhogo le 19 janvier 2020 même si leurs objectifs concernent tous la paix par la réconciliation », a justifié le Père Obrou.

Selon lui, l’objectif majeur de ce rassemblement  initié par l’aumônerie de la pastorale des jeunes, est de réaffirmer l’importance de vivre dans un environnement stable, prôner la paix entre les jeunes et montrer la nécessité de vivre dans la fraternité et la cohésion.

 « Malheureusement, la mise en œuvre de ce projet souffre d’interprétations ambivalentes, contradictoires et ambiguës. Cela risque si l’on n’y prend garde de dénaturer l’intention et l’objectif strictement spirituels de cette initiative louable», a dénoncé le Père Obrou, soulignant que « l’église ne saurait être la caisse de résonance de quelque association ou groupe que ce soit».

Poursuivant, il a insisté que face à ces interprétations « fallacieuses et de ses adhésions récupératrices », l’église veut « demeurer vigilante et aller à l’essentiel de son action»  qui est d’aider la Côte d’Ivoire à œuvrer pour la non-violence et la paix.

Cette marche dénommée « Allons à la paix» prévue le 15 février prochain, devrait initialement avant cette délocalisation, débuter à la « Place de la République » et prendre fin à la cathédrale Saint-Paul du Plateau.

Shoah: Visite historique de responsables musulmans dans le camp d’Auschwit

Le saoudien Muhammad Ben Abdul Karim Al-Issa, patron de la Ligue islamique mondiale s’est rendu à Auschwitz ; une première visite pour un haut responsable musulman sur ce lieu symbolique du génocide nazi contre les juifs lors de la seconde guerre mondiale.Le Secrétaire général de la Ligue Islamique Mondiale (LIM), le Sheikh Muhammad Ben Abdul Karim Al-Issa a effectué jeudi 23 janvier une visite historique au camp d’extermination des juifs par les nazis à Auschwitz, en Pologne lors de la seconde guerre mondiale. Docteur Al-Issa qui entame une tournée internationale sur des lieux de mémoire liés à des massacres et génocides contemporains doit aussi visiter la ville de Srebrenica, en Bosnie-Herzégovine, lieu de massacres de musulmans lors de la guerre ex-Yougoslavie au milieu des années 1990.

Accompagné de chefs religieux de différentes religions, Sheikh Al-Issa s’est rendu à Auschwitz, à la tête d’une délégation de 25 érudits musulmans de diverses obédiences. Cette visite, la première effectuée par de hauts responsables musulmans de premier rang coïncide avec la commémoration du 75è anniversaire de la libération du camp polonais de l’emprise de l’Allemagne nazie, responsable de la mort de plus d’un million de juifs.

Lors de sa rencontre avec les autorités, Docteur Al-Issa a souligné que la LIM et la délégation qui l’accompagnait ont dénoncé les crimes odieux ayant été commis dans la ville, quel qu’en soit l’auteur et quelle qu’en soit la victime, soulignant que l’islam est une religion de justice et de valeurs basées sur des normes fixes qui tranchent avec l’ambivalence, et criminalisent fortement ces barbaries et les classent au premier rang des délits les plus graves. « Je suis là et ai rencontré les petits-enfants des survivants des massacres d’Auschwitz. Des crimes odieux ont été commis dans ces endroits contre toute l’humanité », a notamment déclaré le haut responsable saoudien.

« Aujourd’hui, nous honorons non seulement la mémoire des morts, mais nous célébrons également les vivants. Les terribles histoires que nous ont racontées les rescapés, sont la preuve de notre humanité commune, et il y a des musulmans qui ont cherché à sauver les Juifs de l’Holocauste, s’exposant ainsi à un réel danger. Ce sont ceux-là qui représentent les vraies valeurs de l’islam, et notre visite vise à répandre la fraternité, la paix et l’amour dans le monde entier », a-t-il ajouté.

Lors de sa tournée, le Secrétaire général de la LIM était accompagné par le Directeur exécutif du Comité juif américain, David Harris. Selon le responsable israélite, il s’agit d’une visite importante dont l’objectif était de jeter des ponts d’amitié et de coopération entre musulmans, chrétiens et juifs pour un monde plus humaniste et qui garantit la sécurité pour tous. »

Le Secrétaire général devait ensuite se rendre dans la ville de Srebrenica en République de Bosnie-Herzégovine pour constater de visu les effets des massacres commis contre les musulmans au début des années 90.

Côte d’Ivoire: le COSIM dénonce des publications «imaginaires» imputées à son président

Le Conseil supérieur des imams, des mosquées et des affaires islamiques en Côte d’Ivoire (COSIM) a dénoncé mardi dans un communiqué, des publications abondamment relayées depuis quelques jours sur les réseaux sociaux imputant des propos « tendancieux, imaginaires et attentatoires » à la cohésion sociale à son président Cheick Aïma Boikary Fofana.« Pire ces publications tendancieuses, imaginaires, diffamatoires et attentatoires à la cohésion sociale, sans source fiable sont de nature à jeter le discrédit sur le guide religieux et l’ensemble de la communauté musulmane. La dernière en date serait une réaction du guide religieux aux conclusions de la dernière conférence épiscopale tenue à Korhogo sans que l’auteur ne relève une quelconque source », s’est offusqué le bureau exécutif du COSIM.

Cette faîtière des guides religieux musulmans en Côte d’Ivoire a par ailleurs, condamné ce comportement et invité les auteurs de ces actes à faire preuve de discernement avant toute publication de nature à jeter le discrédit sur un guide religieux et à stigmatiser une communauté.

« Le COSIM qui fait du dialogue interreligieux une priorité a toujours  appelé à la retenue afin que les différentes crises sociopolitiques qu’a connues la Côte d’Ivoire ne se transforment en une guerre interreligieuse», conclut le communiqué.

 Au terme de la 114è Assemblée plénière de la conférence épiscopale, les évêques catholiques de Côte d’Ivoire, ont analysé la situation politique dans le pays. « La question de l’indépendance des structures devant arbitrer ces joutes électorales comme la CEI divise et cristallise encore les tensions autant que le sont celles du découpage électoral, la question des pièces d’identité, de la liste électorale, du code électoral», ont-ils entre autres fait remarquer à l’exécutif ivoirien.

En réponse aux évêques catholiques, des internautes, sans préciser la source et les circonstances de cette déclaration, ont imputé au président du COSIM, Cheick Aïma Boikary Fofana,  des propos dont l’extrait suivant: « La conférence épiscopale catholique n’a pas pris la bonne initiative spirituelle et même si elle avait son mot à dire, elle n’aurait pas dû imposer de l’exigence comme préalable, car c’est seul Allah qui établit l’autorité de Ouattara et non pas un cercle religieusement partisan à l’opposition ivoirienne qui pourra le défaire ». Cette « déclaration imaginaire»  que dénonce le COSIM est abondamment relayée depuis lundi sur les réseaux sociaux.

Mauritanie: Les oulémas africains face à l’extrémisme

A Nouakchott, des religieux africains veulent enraciner et propager le « vrai islam » modéré.Des dizaines d’oulémas africains prennent part à une conférence, ouverte mardi à Nouakchott, sur l’importance de la tolérance et de la modération dans le comportement des musulmans. Cette rencontre, la première du genre, est initiée par le Forum international pour le renforcement de la paix dans les sociétés musulmanes, dirigé par le célèbre érudit mauritanien Cheikh Aballah Ben Beya sous le thème : « rôle de l’islam en Afrique : la tolérance et la modération face aux luttes intestines ».

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La réunion vise à trouver les voies susceptibles d’instaurer une coopération entre les plus grands oulémas musulmans en Afrique et à harmoniser la position de ceux-ci par rapport au défi qu’est l’extrémisme qui menace l’unité et les intérêts de la oumma islamique, la communauté des croyants musulmans.

« La responsabilité dans l’ancrage de la culture de tolérance et de modération est énorme et extrêmement importante et se trouve aujourd’hui sur les épaules des oulémas », a déclaré le président mauritanien, Mohamed Ould El-Ghazaouani, dans son discours d’ouverture.

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Il s’est dit « convaincu que les résultats de la conférence auront un impact positif dans l’enracinement et la propagation des nobles valeurs de l’Islam, dont essentiellement l’acceptation de l’autre et le rejet de l’extrémisme ».

Le conclave connait une large participation de religieux africains dont les confréries musulmanes du Sénégal, notamment les tijanis de Medina Baye de Kaolack, environ 200 km à l’est de Dakar, la capitale.

Côte d’Ivoire: début des travaux de réhabilitation d’un centre pour orphelins à Abobo

L’ONG Actions Ramadan, un groupe de jeunes bénévoles qui ambitionne d’aider les communautés en difficulté, a lancé samedi à Abobo-Bocabo, un quartier populaire au Nord d’Abidjan, les travaux de réhabilitation d’un centre devant accueillir une centaine d’orphelins et des veuves, a constaté APA sur place. La réhabilitation de ce centre d’accueil baptisé Khalid Ben Walid permettra de construire un foyer d’accueil de deux niveaux (R+2) pour environ cent-soixante orphelins et veuves et la réhabilitation d’une école et d’une mosquée situées dans l’enceinte de ce centre.

« Nous sommes partis pour neuf mois de travaux  et on aura à terme un bâtiment de deux niveaux. On aura quatre dortoirs au premier niveau pour les garçons et quatre autres dortoirs au deuxième niveau pour les femmes», a expliqué à APA Mariam Dosso, la présidente de l’ONG Actions Ramadan.

 Poursuivant, elle a appelé à la mobilisation des uns et des autres pour aider son organisation à finaliser ce projet social d’un coût de 122 millions de FCFA.

« On  appelle tous les donateurs à se joindre à nous. On a besoin de dons surtout en matériels parce que c’est un budget qui est complet et on a aussi l’aménagement des dortoirs et des salles de classes à faire. Si aujourd’hui les donateurs nous aident à finaliser ce projet, après l’école qui est au sein de  cet orphelinat peut bénéficier de l’appui du ministère de l’éducation nationale pour être une école confessionnelle», a souhaité Mme Dosso.

 Dans la même veine, Yacouba Diarra, un autre membre de l’ONG Actions Ramadan a soutenu «qu’on veut leur offrir d’abord un cadre de vie décent et par la suite les choses pourront s’améliorer pour eux», assurant « qu’on  ne va pas se transformer en gestionnaire de leur centre d’accueil».

« Nous accueillons des enfants des deux sexes orphelins de père, de mère où des deux parents et aussi des veuves. Ces enfants sont pris en charge totalement par l’orphelinat Khalid Ben Walid et leur âge varie entre zéro et dix-sept ans. Nous leur dispensons également des cours d’enseignement islamique et de l’enseignement général», a fait savoir pour sa part, Zana Ouattara, le secrétaire général de cet orphelinat qui a été créé il y a une quinzaine d’année par feu Cheick Ayoub Koné. 

Créée en 2013, l’ONG Actions Ramadan est un groupe de jeunes bénévoles qui visent à aider les couches vulnérables de la société. Cette organisation a, à son actif plusieurs actions sociales dont  la remise de matériels médicaux au centre hospitalier universitaire (CHU) de Yopougon (Ouest d’Abidjan) et la réhabilitation d’une école confessionnelle à Koumassi dans le Sud de la capitale économique ivoirienne.

Des religieux ivoiriens appellent à éviter l’intrusion de la violence dans le jeu politique

Aucune raison ne doit permettre encore l’intrusion de la violence dans le jeu politique en Côte d’Ivoire, a estimé lundi à Abidjan, Cheick Aïma Boikary Fofana, le président du Conseil supérieur des imams, des mosquées et des affaires islamiques en Côte d’Ivoire ( COSIM) qui s’exprimait dans une cérémonie d’échanges de vœux des guides religieux, rois et chefs traditionnels avec le président ivoirien Alassane Ouattara.« La préservation des vies doit être le fondement de tout projet politique. Aucune raison, aucun motif, aucun intérêt ne doit permettre encore l’intrusion de la violence dans le jeu politique dans notre pays. Les acteurs politiques doivent penser d’abord et avant tout à la Côte d’Ivoire», a conseillé le chef suprême de la communauté musulmane en Côte d’Ivoire s’inquiétant de l’actualité sécuritaire qui a prévalu dans le pays à la fin de l’année 2019.

A cet effet, il a appelé les acteurs politiques ivoiriens « à la sagesse » estimant que « aucune vie ne mérite d’être sacrifiée sur l’autel des intérêts politiques».

Selon l’imam Fofana, « la politique est faite pour le bien-être des populations et non pour détruire des vies ».

En retour, le président ivoirien Alassane Ouattara a assuré de l’engagement du gouvernement à préserver la paix et la sécurité dans le pays.

 « Nous poursuivrons les mesures en vue de préserver la paix et la stabilité pour le bien-être de nos concitoyens», a assuré M. Ouattara.

L’archevêque d’Abidjan demande à Ouattara de gracier les prisonniers pro-Soro

L’archevêque métropolitain d’Abidjan, le Cardinal Jean-Pierre Kutwa a demandé « humblement » lundi soir au président ivoirien Alassane Ouattara de gracier les proches de Guillaume Soro, l’ex-président de l’Assemblée nationale ivoirienne, emprisonnés la semaine dernière pour trouble à l’ordre public.« La paix que nous recherchons est également le chemin de réconciliation dans la communion fraternelle. Au nom de cette réconciliation, je demande humblement à vous M. le président de la République, vous qui détenez le pouvoir de la grâce présidentielle de bien vouloir accepter de faire sortir du cachot tous ceux qui ont été arrêtés suite aux derniers événements que connaît notre pays », a plaidé le cardinal Kutwa dans une homélie lors d’une messe à la cathédrale Saint-Paul d’Abidjan à l’occasion de la 53è Journée mondiale de la paix. 

Cette messe pour la paix a enregistré la présence du président ivoirien Alassane Ouattara et son épouse, du vice-président et son épouse, du premier ministre et de plusieurs membres du gouvernement.

« Je rêve d’un moment où tous nos grands leaders pourront s’asseoir autour d’une même table pour s’écouter mutuellement afin de travailler à ce que la recherche de la cohésion, de l’unité et de la paix président à toutes leurs paroles et actions politiques », a souhaité le dignitaire religieux invitant les uns et les autres à œuvrer pour un « environnement électoral apaisé » en 2020.

« Il y’a pour nous urgence aujourd’hui, de donner des signes qui vont dans le sens de l’apaisement et du vivre-ensemble », a estimé le Cardinal Kutwa.

Lundi dernier, la justice ivoirienne a arrêté puis déférés à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA) quinze personnes proches de M. Soro pour trouble à l’ordre public. M. Soro lui-même fait l’objet d’un mandat d’arrêt international lancé contre lui par la justice ivoirienne pour atteinte à l’autorité de l’État, recel de détournement de deniers publics et blanchiment de capitaux.

Fès abrite la 3ème session de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains

La capitale spirituelle du Maroc, Fès, abrite les 17 et 18 décembre la troisième session de la Fondation Mohammed VI des Oulémas africains, à laquelle prendront part près de 357 chercheurs venant de 32 pays africains représentant les sections de l’institution.Cette session, qui s’inscrit dans le cadre des  objectifs de la Fondation, procédera à l’examen et à l’approbation du projet de programme annuel de la Fondation au titre de l’année 2020 et la mise en oeuvre de l’action des quatre commissions permanentes de l’institution, indique un communiqué de la Fondation.

Il s’agit des commissions chargées des activités scientifiques et culturelles, des études de la charia, de la renaissance du patrimoine islamique africain et celle chargée de la communication, de la coopération et des partenariats.

Selon le texte de sa création, la Fondation Mohamed VI des Ouléma Africains veille à unir et coordonner les efforts des théologiens musulmans du Maroc et des autres pays africains afin de présenter, diffuser et consolider les valeurs islamiques tolérants.

La Fondation œuvre, entre autres, à unifier et coordonner les efforts des érudits musulmans, au Maroc et dans les autres Etats africains, en vue de faire connaître les valeurs de l’islam tolérant, de les diffuser et de les consolider et à prendre toute initiative permettant d’intégrer les valeurs religieuses de tolérance dans toute réforme à laquelle est subordonnée toute action de développement en Afrique, que ce soit au niveau de continent qu’au niveau de chaque pays.

Elle se propose d’animer l’action intellectuel, scientifique et culturel en rapport avec la religion musulmane, de consolider les relations historiques qui lient le Maroc aux autres Etats africains, d’encourager l’institution des centres et des établissements religieux, scientifiques et culturels et d’instaurer des relations de coopération avec les associations et les organismes poursuivant les mêmes objectifs.

Les pays africains membres du Conseil supérieur de la Fondation sont: Niger, Kenya, Somalie, Burkina Faso, Tchad, Mauritanie, Comores, Bénin, Gambie, Mali, Djibouti, Angola, République centre africaine, Gabon, Éthiopie, Sierra Leone, Madagascar, Guinée-Bissau, Nigéria, Rwanda, Afrique du Sud, Sénégal, Côte d’Ivoire, Cameroun, Congo, Togo, Sao Tome, Libéria, Ghana, Guinée Conakry, Tanzanie et Soudan.

2nd tour présidentielle : L’Église Catholique appelle à un vote utile

Les trois évêques de l’Eglise catholique de Guinée-Bissau ont demandé ce dimanche aux électeurs de porter leur choix, lors du second tour de l’élection présidentielle prévu pour le 29 décembre, sur le candidat susceptible de sauvegarder les intérêts du peuple bissau-guinéen.L’appel des dirigeants de la communauté catholique bissau-guinéenne a été rendu public par l’évêque auxiliaire de Bissau, Mgr José Lampra Cá, lors de l’homélie de la Sainte Messe qui a marqué la fin du pèlerinage (6 et 7 décembre 2019) dans la ville de Cacheu, dans le nord de la Guinée-Bissau.

Devant des milliers de fidèles catholiques, l’Evêque Lampra Cá, accompagné des évêques José Camnaté Na Bissign et Dom Pedro Zili, a également appelé à l’union et au civisme des Bissau-guinéens lors du prochain scrutin « afin que le pays puisse reprendre sa vie normale et suivre la voie du développement comme les autres pays. »

« Pour que cela se produise, le choix doit être fait avec une grande responsabilité par chaque électeur bissau-guinéen » a-t-il déclaré.

Il faut rappeler que le pèlerinage marial au Sanctuaire de Notre-Dame de la Nativité de Cacheu (construit en 1590) a lieu chaque année avec une marche guidée de prières et de chants sur une distance de 7 kilomètres et suivie d’une adoration du Saint-Sacrement.

La tradition du pèlerinage dans cette ville remonte à 1984 sous la direction du premier évêque de Guinée-Bissau, l’archevêque Settimio Arturo Ferrazzetta.

Célébration du Maoulid : les imams dénoncent la corruption en Côte d’Ivoire

Le président du Conseil supérieur des imams, des mosquées et des affaires islamiques en Côte d’Ivoire (COSIM), Cheikh Aïma Boikary Fofana a dénoncé samedi soir à Abidjan la corruption en Côte d’Ivoire, estimant que « tout le monde la dénonce, mais aucun citoyen ne la combat en réalité ».Le dignitaire religieux s’exprimait dans un discours  prononcé à l’occasion de la cérémonie officielle de célébration du Maoulid commémorant l’anniversaire de la naissance du prophète de l’Ismale, Mouhammad ( Paix et salut sur Lui) qui a eu lieu à la grande mosquée de la Riviera-Golf ( quartier huppé à l’Est d’Abidjan) et qui a enregistré la présence du président ivoirien Alassane Ouattara, du premier ministre Amadou Gon Coulibaly et de plusieurs membres du gouvernement.

« Permettez-moi  ici de lancer un appel des plus pressants à nos concitoyens. L’un des éléments de la moralisation du la vie publique est la lutte contre la corruption. Corruption des mœurs, corruption de l’administration, corruption de la vie économique. Phénomène devenu presque naturel dans notre société, tout le monde la dénonce, mais aucun citoyen ne la combat en réalité à telle enseigne que celui qui veut être correct paraît suspect aux yeux de tout le monde », a dénoncé le guide religieux  réitérant l’engagement du COSIM à s’impliquer dans la sensibilisation des citoyens « à tourner dos à la corruption ».

« Que chacun s’engage à ne plus prendre de raccourci qui est le début de toute corruption. (Car) la corruption retarde le développement de tout pays qui en souffre », a soutenu le Cheikh Fofana, saluant et encourageant cependant le gouvernement pour les mesures prises pour endiguer la corruption.

Avant lui,  dans une communication, le professeur Yahaya Karamoko  a invité les ivoiriens « à ne pas associer aux échéances électorales à venir une catastrophe ». « Nous devons faire attention à ce que disons. Nous devons être positifs. Nos paroles doivent être remplies d’espérance», a conseillé Pr Karamoko dont la conférence avait pour thème, «l’éducation et la moralisation de la vie publique, facteurs d’une paix durable ».

 Pour sa part, le ministre de la décentralisation et l’administration du territoire, Sidiki Diakité qui a livré à cette cérémonie le message du président ivoirien, a demandé au nom de celui-ci aux guides religieux de prier en faveur de la cohésion sociale et de la paix en Côte d’Ivoire.

Le soufisme doit « résister » à son « instrumentalisation » (spécialiste)

Le Mawlid ou célébration de la naissance du prophète est une manifestation annuelle du soufisme dont l’édition 2019 est commémoré ce weeekend. Souvent mis en opposition au wahhabisme, il est aujourd’hui confronté à de nombreux défis comme son « instrumentalisation » par certains États, selon des spécialistes interrogés par APA.En visite lundi dernier à Tivaouane, ville phare du tidjanisme au Sénégal fondée par le guide soufi Elhadji Malick Sy (1855-1922), le président sénégalais Macky Sall a réaffirmé devant le khalife de cette communauté, Serigne Babacar Sy Mansour, son ancrage au modèle islamique sénégalais marqué par le confrérisme.

« L’Islam a été pratiqué pendant des milliers d’années au Sénégal. Donc, ce n’est pas aujourd’hui que nous recevrons des leçons venues d’ailleurs. C’est une colonisation. Et nous ne l’accepterons pas », a dit le chef de l’Etat, dans des propos repris en boucle par la presse sénégalaise, dont Sud Quotidien, face à ce qu’elle qualifie de « menace croissante de l’intégrisme ».

« Personne ne doit amener au Sénégal ou en Afrique une nouvelle forme d’Islam. Nous allons combattre ce phénomène. Nous ne voulons pas d’un Islam violent et nous allons mettre tous les moyens pour combattre ce genre d’Islam », a insisté Macky Sall, venu faire son ziarra au Khalife qui, à son tour, a mis en garde contre « ceux qui ne sont pas mus par la paix (et qui) veulent déstabiliser les populations ».

Certains courants intégristes considèrent plusieurs évènements soufis comme le Mawlid comme une innovation. Pendant ce temps, le soufisme a fini de faire son lit au Sénégal et au Maroc.

« Résister »

Mais avant de résister « au dogmatisme du salafisme », les « défis du soufisme sont d’abord de résister aux Etats qui voudraient une nouvelle fois l’instrumentaliser dans la lutte contre l’islam politique », a noté Pierre Vermeren, professeur à Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Pour cet historien français du monde arabe contemporain, le soufisme se présente aujourd’hui de deux manières : « D’une part les confréries islamiques, qui sont pétries par le modèle du maraboutisme, c’est-à-dire par les saints de l’islam : des saints vivants, des saints décédés et vénérés, et leurs successeurs, qu’ils soient leurs descendants ou leurs héritiers spirituels »

D’autre part, il parle du soufisme qui est « une spiritualité musulmane beaucoup moins aride que l’islam politique et le salafisme, qui sont diffusés depuis un siècle par les Etats du Moyen-Orient ».

« Pour ces mouvements, le soufisme et le confrérisme ont toujours été le principal ennemi », a-t-il noté, ajoutant par ailleurs que le soufisme fait partie des socles de la société marocaine.

Après une trajectoire « millénaire » du soufisme dans le Royaume, le professeur Vermeren souligne que « depuis plus de vingt ans, on assiste au grand retour de certaines confréries mises en avant par l’Etat lui-même, comme la Boutchichiya ».

Considérant que le précurseur du wahhabisme, le Saoudien Mohammed ben Abdelwahhab (1703-1792), « a eu des avis qui lui sont propres et qui n’engagent pas tous les savants musulmans », l’Imam à la grande mosquée de Point E de Dakar, Ahmadou Maktar Kanté note que toute pensée islamique « ne peut être qu’une contribution ».

Il retient que les soufis « sont caractérisés par la dimension d’intériorité, de discipline de soi, de maîtrise du nafs (âme) ».

 

L’éducation et la tolérance, deux remparts contre la violence dans le monde (imam)

Face aux dérives radicales et au fanatisme qui se manifestent le plus souvent par la violence et le terrorisme dans le monde, « l’éducation et la tolérance restent les meilleurs remparts », selon l’Imam sénégalais Ahmadou Makhtar Kanté interrogé par APA.L’Islam soufi, particulièrement marqué par le confrérisme au Sénégal, est souvent mis en avant pour expliquer la stabilité que connait ce pays de l’Afrique de l’ouest au point d’être considéré par certains observateurs comme une solution face à la flambée des violences dans le monde.

« Il n’y a pas un courant de pensée islamique qui peut être l’islam lui-même : il ne peut être qu’une contribution. C’est l’islam qui est une religion de paix. Le prophète faisait de la légitime défense +et+ le soufisme est apparu bien après », a expliqué l’imam de la mosquée du Point E (Dakar).

Partant de là, le diplômé en environnement et économie solidaire à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar estime qu’« il faut favoriser l’éducation et la tolérance » pour contrer toutes les formes de violences qui secouent le monde.

Et pour cela, dit-il, « tout est bon dans l’islam : les versets, les hadiths, les productions des oulémas de toutes les générations qui peuvent permettre d’enseigner un islam de paix, de tolérance, de civilisation et qui apporte sa contribution pour le meilleur de l’humanité ».

Soulignant le fait qu’il y a des personnes qui versent dans l’excès dans tous les courants de l’Islam, l’auteur du livre Islam, science et société écrits d’un imam africain, soutient qu’il n’est pas question d’opposer le Soufisme au Wahhabisme.  

« Il faut, suggère-t-il, aller comprendre qu’est ce qui fait la spécificité de chaque courant, les conditions de son émergence mais aussi ce qui est fondamentalement le noyau de ce courant et les types de perversions que certains ont pu en faire ».

Pour l’Imam Kanté, le soufisme partage les mêmes aspirations que ceux véhiculées par le précurseur du Wahhabisme, Abdoul Wahhab. Ce dernier, à l’image des courants soufis, prêchait en faveur de la lutte contre les passions par la prière, le jeûne et l’invocation de Dieu, comme le préconise le Coran et la Sounna du Prophète (psl).

Au-delà du Sénégal, dans le Royaume du Maroc également, la dimension spirituelle et pacifique du soufisme renvoie à un Islam de paix et d’ouverture, à travers d’autres doctrines comme le malékisme.

Cependant, « ce qui ne fut pas toujours le cas dans l’histoire, puisque le maraboutisme était aussi un islam armé de résistance, voire de guerre », note de son côté le Professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Pierre Vermeren.

Toutefois, souligne l’historien, cette évolution est incontestable, notamment dans les milieux éduqués et de notables, qui sont à la recherche d’un islam qui les représentent, qui comble leurs attentes spirituelles et de dévotion, à l’opposé de l’islam de guerre des mouvements salafistes et surtout djihadistes.

Pour autant, relativise-t-il, le soufisme ne signifie pas toujours la paix et la prière. Il y a aussi des soufis qui sont des « frères » en lutte, et qui peuvent utiliser cette spiritualité discrète pour aller chercher des adeptes.

Maroc : Plus de 1.000 Africains poursuivent leurs études à l’Institut Mohammed VI de formation des Imams

Quelques 1.070 étudiants originaires de neuf pays étrangers poursuivent leurs études au sein de l’Institut Mohammed VI de formation des Imams, morchidines et morchidates, a fait savoir le ministre des habous et des affaires islamiques, Ahmed Toufiq.Cet Institut est désormais ouvert également aux étudiants issus du Niger, de la Thaïlande et du Rwanda, a souligne le ministre dans un résumé du rapport annuel sur le bilan des activités du Conseil supérieur et des Conseils locaux des oulémas et les actions entreprises en matière de promotion de la chose religieuse, qu’il a présenté samedi soir au Roi Mohammed VI, lors de la veillée religieuse présidée par le Souverain à Marrakech en commémoration de l’Aid Al Mawlid Annabaoui Acharif.

Evoquant l’activité de Fondation Mohammed VI des Ouléma Africains, le ministre a indiqué que cette fondation poursuit le renforcement de sa présence au sein des pays membres et ambitionne la qualification des Imams des mosquées, à travers notamment l’encadrement de certains lauréats de l’Institut Mohammed VI pour la formation des Imams Morchidines et Morchidates qui ont regagné leur pays.

En ce qui concerne la promotion du rôle des mosquées, M. Toufiq a noté que son département a alloué 861 millions de dirhams (1 euro = 10,7 DH) pour la construction de mosquées et mobilisé 300 millions DH pour la rénovation des mosquées fermées, outre la restauration de 10 mosquées historiques et le soutien financier de plusieurs communes et associations pour la construction de nouvelles mosquées.

Quant à l’enseignement originel, le ministre a affirmé que son département veille à la promotion de ce type d’enseignement, citant à titre d’exemple la publication des nouveaux programmes pédagogiques. Il a rappelé, à cette occasion, que le programme d’Alphabétisation dans les mosquées a bénéficié, au titre de l’année écoulée, à 300.000 personnes.

Selon le ministre, le Roi Mohammed VI veille à la préservation de la religion en adoptant une approche qui permet un encadrement religieux répondant aux besoins des fidèles.

Dans ce cadre, il a assuré qu’un demi-million d’hommes et de femmes s’appliquent à apprendre le Livre Saint dans 14.000 écoles coraniques, notant que la bienveillance royale se traduit notamment par la qualification de ses écoles, l’encouragement de la mémorisation, de la déclamation et de l’exégèse du Saint Coran à travers la création des Prix Mohammed VI, la publication de 1.000.000 d’exemplaires du Livre Saint, et la promotion de la méthode de lecture marocaine.

Pour ce qui est de la sollicitude royale envers le Hadith, M. Toufiq a souligné que cette année a été marquée par la poursuite de la mise en œuvre du programme «Addourous Alhadithia» de la Chaîne Mohammed VI du Saint Coran, un programme destiné à éclairer les gens au sujet de l’authentification de la Tradition et des Paroles du Prophète (Prière et Salut sur lui).

Sénégal : le khalife des Tidianes alerte l’Etat sur la dépravation des mœurs

Le khalife général des tidjanes Serigne Babacar Sy Mansour a rappelé samedi à l’Etat sénégalais la « responsabilité » qui lui incombe de veiller sur les mœurs du pays, « fortement dépravées » et marquées notamment par des déviances comme « l’homosexualité » qui est « néfaste » pour la société.S’adressant au ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Aly Ngouille Ndiaye, venu présider la cérémonie officielle du Gamou 2019, le khalife connu pour son franc-parler lui a dit que « tout ce qui se passe dans ce pays est sous (sa) responsabilité. Vous devez y veiller, surtout sur la question de l’homosexualité ».

Pour cette édition, la cérémonie officielle a précédé la célébration de la nuit de la naissance du prophète et Serigne Babacar Sy Mansour a tenu avant ce moment de rappeler « les enseignements de l’islam » sur des thèmes portant aussi sur le mariage et le divorce.

Pour lui, beaucoup de gens « ne reconnaissent plus la sunna et l’innovation (Bid’a) » qui est proscrite par l’islam. Et parmi ces innovations font partie le mariage temporaire que certains tentent de légitimer.

Il y a également parmi ces déviances, selon le guide religieux, « l’association, le non-respect des règles du divorce en islam, du délai de viduité,  la banalisation de la danse et l’absence de pudeur » : toutes choses faisant que le pays n’est pas à l’abri de la colère divine.

Devant la forte délégation marocaine, Serigne Babacar Sy Mansour a également appelé à « l’éducation des enfants » et  à « plus d’égards pour les femmes ».

Prenant la parole, Aly Ngouille Ndiaye, accompagné par plusieurs collègues ministres, a fait montre de sa connaissance des versets coraniques ainsi que des panégyriques d’Elhadji Malick Sy parlant du prophète Mouhammad, provoquant parfois les applaudissements de l’assistance. 

Mais il a surtout demandé au khalife de prier pour le maintien de la paix du pays mais également « pour le président Macky Sall afin qu’il puisse poursuivre ses projets ».

Le Gamou célébré dans une communion islamo-chrétienne à Tivaouane

Des centaines de milliers de fidèles musulmans attendent de célébrer à Tivaouane, dans la nuit de samedi à dimanche, le Gamou ou naissance du prophète de l’islam Mouhammad, avec déjà une grande solidarité affichée par une partie de la communauté chrétienne installée depuis des années dans cette ville fondée par le guide soufi Elhadji Malick Sy.Au cœur de cette ville religieuse située dans la région de Thiès (70 km de Dakar), les Diompy, une famille catholique installée depuis 1963, continuent d’accueillir ce samedi des disciples tidjanes venus célébrer le Gamou. La concession ne désemplit pas. Et on arriverait même à croire que Léopold Diompy est membre de cette communauté en le voyant écouter sur son poste radio des chants tidjanes.

« J’écoute les chants de toutes les obédiences. Cela ne m’empêche pas d’être ancrée dans ma foi catholique », a rectifié Diompy, la cinquantaine, ensemble blouson bleu, mécanicien de profession, soulignant que son défunt père a bâti leur maison en 1981.

Et cette habitation en « parfaite harmonie » avec les musulmans dans la cité, qui fait qu’à chaque Gamou la poignée de catholiques leur ouvrent leurs portes, est inspirée du « khalife » qui a facilité leur installation.

Ami du patriarche de la famille, le parachutiste à la retraite Demba Fall loge ici à chaque Gamou, quand il vient de son Yang Yang (centre). Il est également présent lors des cérémonies de « malheur comme de bonheur » de cette famille.

« La religion on le met de côté, c’est la relation qui est plus importante. Son père m’a donné son cœur, je lui ai rendu le mien », a dit ce vieil homme qui garde toujours en mémoire son matricule d’agent de l’armée sénégalaise.

Accroché près de la grande mosquée de la ville, point d’attraction des fidèles tidjanes, le célèbre Bakary Sambe, fondateur du think tank Timbuktu Institute, a salué ce geste entre chrétiens et musulmans, notant que « la religion au Sénégal reste un facteur de cohésion sociale ».

Mais malgré que « le modèle sénégalais est à vendre, (…) il ne faut pas dormir sur nos lauriers », a préconisé cet enseignant-chercheur à l’Université de Saint-Louis (nord), membre du comité scientifique du Gamou de Tivaouane et par ailleurs très sollicité sur les questions du terrorisme dans le Sahel.

Cette nuit, chants et causeries sur la vie et l’œuvre du prophète Mouhammad, né au 12e jour du calendrier musulman, seront effectués dans une enceinte non loin de la mosquée, en présence du khalife général Serigne Babacar Sy Mansour, peu après la cérémonie officielle prévue cet après-midi. 

Une fidèle comme Seynabou Dione, présente depuis le début de la « Bourda », une séance de récitation de panégyriques sur le prophète clôturée avant-hier après dix jours successifs, est « contente » d’avoir effectué tous les actes de dévotion qu’elle avait prévus là où Pathé Guèye, 40 ans, venu de Kafountine au sud du Sénégal, vit pour « la première fois » la joie d’assister à un Gamou. 

Saluant « le rôle des confréries et des marabouts », il n’a pas manqué de prier lors de ce séjour pour les membres de sa « famille » et surtout pour le maintien de « la paix dans le pays ».

Plusieurs autres pèlerins rencontrés aux abords de la mosquée se disent aussi satisfaits de l’organisation de cette édition du Gamou, une manifestation également organisée dans plusieurs foyers religieux du pays. 

A Tivaouane, la sécurité semble de mise avec une forte présence policière notée. 

D’ailleurs, la police affirme avoir interpellé quelque 70 individus pour diverses infractions (vol, drogue, …) lors d’opérations de sécurisation qu’elle a menées dans le cadre de la célébration de la naissance du prophète de l’islam dans cette ville.

Le district sanitaire prend des dispositions à Kaolack pour le Gamou

Le district sanitaire de Kaolack (centre) annonce avoir aménagé 16 sites dédiés à la prise en charge médicale des fidèles venant prendre part au gamou, Evènement commémorant la naissance du prophète Mouhamad, à l’occasion duquel seront également installés sept postes médicaux avancés et des postes fixes.

Le plus important des 16 sites se trouve dans la cité religieuse de Médina Baye, précise le docteur Niène Seck, médecin-chef du district sanitaire de Kaolack.
Il a informé la presse locale de la mise en place de ce dispositif sanitaire au cours d’une conférence de presse donnée jeudi en prélude à la célébration, dans la nuit de samedi à dimanche, de la naissance du prophète Mouhamad, événement à l’approche duquel la commune de Kaolack est plongée dans une ferveur religieuse.
« Nous avons pris toutes les dispositions nécessaires pour assurer une bonne couverture médicale des différents gamou de la région de Kaolack et la prise en charge des fidèles pour les soins médicaux », a rassuré le médecin-chef du district sanitaire de Kaolack.
Il ajoute qu’une dotation en médicaments d’une valeur de huit millions de francs CFA a été fournie par le ministère de la Santé, qui a également mis à la disposition du district sanitaire un personnel renforcé.
M. Seck a promis de mettre en place des postes médicaux avancés, avec un médecin à la tête de chacun d’eux.
Selon le directeur régional de la Croix-Rouge de Kaolack, Mbagnik Ndiaye, 260 secouristes seront déployés dans la région, dont 105 pour la cité religieuse de Médina Baye.
Il souligne aussi que l’innovation majeure pour ce gamou a été la mise en place d’ambulances avec deux agents de santé chacune, pour assurer les premiers secours.
Le président de la commission santé du gamou de Médina Baye, le docteur Ibrahima Diop, dit être satisfait et rassuré par le dispositif mis en place par le corps médical pour la couverture de la manifestation.
Il a toutefois lancé un appel aux autorités pour la construction d’un deuxième hôpital et l’augmentation des fonds octroyés à la région médicale.
« Kaolack est une zone accidentogène, et il y a 45 gamou dans la région, d’où la nécessité d’avoir un autre hôpital à Kaolack et un budget conséquent pour la région médicale’’, a-t-il plaidé.

Proclamation des lauréats du Prix Chinguitt en Mauritanie

Les noms des lauréats du Prix Chinguitt, le plus prestigieux du genre en Mauritanie, ont été proclamés dans les différentes disciplines concernées, lundi à Nouakchott.Ainsi, le prix des sciences et techniques a été attribué en partage aux chercheurs Mohamed Abdel Wedoud Ould M’hamed et Mohamed Vadel Deida, a indiqué le Conseil du prix Chinguitt dans un communiqué.

Ces derniers ont été primés respectivement pour un travail sur « la préparation et la caractérisation des nanoparticules et l’étude de leur pouvoir d’absorption et application à la production d’eau potable (dépollution, dessalement, etc.) » et un autre sur « la préparation et la caractérisation chimique et physico-chimique de la partie soluble de l’exsudat de commiphora Africana après purification poussée ».

Le communiqué a ajouté que le prix des études islamiques est revenu, en partage également, aux travaux sur « l’approche qui permet d’accéder aux étapes des fondamentaux » du Dr. Mohammed Yahya O. Med Abdallahi Ould Limam et sur « le rôle des Us et Mœurs dans les jugements définis dans le traité de Khalil » du Dr. Mohammed Lemine O Med Mahmoud.

Quant au prix de la littérature et des arts, il a été accordé à une recherche sur « la culture chinguitienne en Afrique de l’Ouest jusqu’au 20e siècle » du Dr Mariem Mint Abdella Bin Babadine.

Le khalife des mourides préconise l’arme pacifique contre les « attaques » à leur voie

Le très attendu discours du khalife général des mourides Serigne Mountakha Mbacké a été principalement axé ce vendredi, à la cérémonie officielle du Magal 2019 célébré la veille, sur le « respect de la foi d’autrui », appelant surtout les disciples de la confrérie à rester pacifiques comme le fut leur guide Cheikh Ahmadou Bamba face aux « attaques ».« Concernant ceux qui attaquent la voie mouride sans cesse, le khalife général des mourides recommande aux disciples de ne guère verser dans la riposte et de répondre par la charité. Il suffira de suive l’exemple de Serigne Touba qui a pardonné à ses ennemis dès son retour d’exil. Dieu est Seul juge », a rapporté le porte-parole Serigne Bassirou Abdou Khadre Mbacké devant l’émetteur de ce message Serigne Mountakha Mbacké.

Ce dernier, vêtu de grand boubou blanc comme son porte-parole, était assis avec plusieurs autorités (religieuses, diplomatiques, politiques), dont le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, sous un grand chapiteau dressé à la résidence Khadimou Rassoul, face à la grande mosquée de Touba.

« Chacun devrait se concentrer sur ses croyances et respecter celles des autres. C’est la clef de la paix », a dit le dignitaire mouride.

Ces derniers mois, la quiétude religieuse du Sénégal a été un peu ébranlée après que l’enchaînement de plusieurs épisodes, comme celui des filles qui ont été renvoyées d’une école privée catholique à cause de leur voile islamique, a créé la polémique.

Sur les réseaux sociaux également, des individus ont remis en cause dernièrement des représentations ou postures qu’affichent souvent certaines confréries qui à leurs yeux éloignent les fidèles de l’orthodoxie islamique.

Par exemple, un célèbre imam a essuyé de nombreuses critiques après avoir fait une publication qui décrie des images de Serigne Touba qui se trouveraient dans le lieu de prière de Massalikoul Jinaan, la nouvelle grande mosquée mouride inaugurée en fin septembre à Dakar.

Un autre enseignant-chercheur dans les sciences islamiques avait à son tour contredit le porte-parole du khalife des mourides, qui disait dans une vidéo que les chefs d’Etat du Sénégal sont élus par le fondateur du mouridisme. Une posture qui avait fortement indigné des disciples mourides à cause du ton employé par cette personne contre Serigne Bassirou Abdou Khadre Mbacké.

Le Sénégal est un pays à 95% de musulmans dont la plupart pratiquent l’islam soufi à travers des confréries comme le mouridisme, dont la conduite de l’aspirant aussi doit reposer sur l’application du « ndigël » ou la consigne du marabout. « Aux mourides, le ndigël est de ne jamais verser dans la riposte face aux attaques », a ainsi  insisté le khalife des mourides.

Par ailleurs, il a aussi demandé aux autres foyers religieux du pays de ne pas laisser la place aux « démons de la division » en vue de réaliser leurs objectifs. Il les demande de « rester davantage  soudés et de ne jamais accepter que  les tentatives de division perpétrées par des forces obscures, à travers les médias, ne réussissent leur forfaiture ».

Avec ces derniers également, Serigne Mountakha Mbacké a appelé « à préserver l’héritage du prophète Mohamed pour que la nouvelle génération incarnée par les jeunes puisse se prémunir des effets néfastes de cette mondialisation ».

Pour lui, cela se fera par la promotion de « l’éducation islamique » et le développement du « culte du travail et le pardon », des qualités qui symbolisent l’essence même du mouridisme.

Le Magal qui commémore le départ en exil au Gabon de Serigne Touba a été marqué dans sa 125e édition par de réels problèmes d’approvisionnement en eau.

Prenant la parole, le ministre Aly Ngouile Ndiaye a presque réitéré les propos du chef de l’Etat lors de sa visite la semaine dernière dans cette ville religieuse du centre, en notant qu’un « audit du réseau hydraulique » allait être réalisé pour le règlement de ce problème.

Au plan sécuritaire du Magal 2019, la police a fait état de 138 interpellations d’individus pour « diverses infractions » (chanvre indien, vérification d’identité, jeux de hasard…) là où les sapeurs-pompiers ont dénombré pour leur part 15 décès sur un total de 519 victimes dues aux accidents de circulation..

La cérémonie officielle du Magal de Touba 2019 a débuté

Journaldusenegal.com avec APS_

La cérémonie officielle de clôture de l’édition 2019 du magal de Touba vient de démarrer en présence du ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, qui conduit la délégation gouvernementale.

Elle comprend notamment les ministres Matar Bâ (Sports), Dame Diop (Emploi, Formation professionnelle et Artisanat), des députés, des membres du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT), du Conseil économique, social et environnemental (CESE).

Plusieurs ambassadeurs accrédités au Sénégal sont également présents à cette cérémonie, dont ceux de l’Algérie, du Burkina, du Cap-Vert, des Comores, de Cuba, du Pakistan, du Maroc, du Soudan, entre autres pays.

La cérémonie a débuté par la prise de parole de Serigne Bassirou Abdou Khadre, chargé de délivrer à l’assistance le message du khalife général des mourides Serigne Mountakha Mbacké.

Dans son message lu par son porte-parole, le khalife général des mourides a remercié les adeptes mourides dont il a salué l’engagement et la mobilisation.

Il a par la même occasion réitéré ses interdits consistant en de nouvelles règles de vie quotidienne édictées pour la commune de Touba, sur le modèle de la « fatwa » de son lointain prédécesseur Serigne Abdoul Ahad Mbacké (1914-1989).

Ces nouvelles règles consistent en six points, dont l’interdiction de vendre et de consommer le tabac, l’alcool et les drogues dans les lieux publics comme privés.
S’y ajoutent de nombreuses autres pratiques décrétées illégales, à savoir la lutte, le football, la musique et les jeux de hasard. De même, la magie, le charlatanisme et la sorcellerie ont été déclarés illégaux à Touba.Le magal de Touba commémore le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du mouridisme, l’une des principales confréries musulmanes sénégalaises.

Le mouridisme, une source d’inspiration soufie devenue transnationale

Le mouridisme ne compte plus ses millions de disciples que chez les Sénégalais ou les Africains subsahariens, il s’est implanté depuis quelques années dans le cœur de certains blancs dont les ancêtres avaient pourtant persécutés Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur de cette importante confrérie soufie de l’Afrique de l’Ouest qui a célébré ce jeudi 17 octobre la 125e édition de son Magal.Le Portugais Ahmed et l’Américain Dylan sont deux blancs mourides venus célébrer le Magal après une conversion qui date de moins de deux ans.

Habillés en « ndjaxass » (tenue multicolore portée par les Baye Fall, branche du mouridisme) et marchant presque pieds nus sous le soleil en direction de la grande mosquée après être sortis du mausolée de Abdou Lahat Mbacké, ils ne veulent nullement être distraits dans leur dévotion bien qu’ils  continuent de siroter leur dose de café Touba.

Ils confient passer « bien » leur Magal et se disent « fiers » d’être musulmans, surtout Dylan qui affirme connaître « plusieurs » de ses compatriotes devenus par la suite « mourides ».

Si ces genres de pèlerins attirent le plus l’attention, leur soumission est pourtant toute naturelle selon la pensée soufiste qui est une démarche spirituelle considérée comme ésotérique au sein de l’islam et dans laquelle les fidèles cherchent à atteindre la fusion avec Dieu.

Le soufisme « c’est d’abord de l’introspection. On ne laisse aucune place à l’ego, le nafs », affirme dans Le Monde Eric Geoffroy, islamologue et spécialiste du soufisme.

Cependant, « il n’y a pas de différence entre soufisme et mouridisme », selon Ousseynou Diattara, secrétaire de la bibliothèque mouride « Daaray Kamil », située en face de la mosquée de Touba.

« Le soufi est même à l’origine du Magal. Parce que Serigne Touba a accepté les épreuves de son Seigneur pour avoir cette victoire » symbolisée par le Magal. Cet événement représente pourtant son départ en exil au Gabon, mais il avait préféré substituer la manifestation de ses souffrances par des scènes de gratitude envers Dieu avant d’appeler ses disciples de l’imiter dans ce sens.

Par ailleurs, Cheikh Ahmadou Bamba détient « la solution  des maux de notre monde » à travers son modèle soufi bâti sur des « enseignements » qui prêchent « l’unité, l’amour et la non violence », estime M. Diattara.

D’ailleurs, note-t-il, une grande partie de ces enseignements (textes, témoignages, panégyriques) sont soigneusement gardés dans cette bibliothèque construite en 1977 par Serigne Abdou Lahad Mbacké » (1914 – 1989). Son objectif était de réaliser le « rêve » de son père qui voulait avoir un endroit où on retrouverait « toutes sortes de sciences utiles », au bénéfice surtout de la jeunesse.

Dans l’une des pièces du bâtiment, les écrits du Cheikh sont repris en français et en arabe et dans une translitération en wolof, à la grande curiosité des nombreux visiteurs.

Si Mandou Diaby, 19 ans, lit un panégyrique affiché ici et consacré aux jeunes, il ne comprend pas cependant le fond du texte en arabe même s’il a récité deux fois le Coran.

Ce n’est pas cependant le cas pour Abdou Dia et Mariama Sadio, deux disciples qui sont attirés par une translittération en wolof et sa traduction française portées sur la vie et l’œuvre soufies de Serigne Touba.

Par ailleurs, Ousseynou Diattara note que le Sénégal peut se satisfaire du travail « ésotérique » réalisé par ses éminents guides religieux qui ont presque tous suivi la voie du soufisme.

Cependant, poursuit-il, la seule menace pour le soufisme sénégalais serait les « forces étrangères qui veulent détruire la paix sociale » qui règne dans ce pays, malgré son état de sous développement et les conflits observés dans certains États  autour de lui.